Sornin, Charande, Croix Perrin |
Le Val d'Autrans est séparé de celui de Villard-de-Lans par une longue échine que la route franchit au col de la Croix-Perrin et qui s'élève doucement vers le nord par les pentes de la forêt de Guiney. C'est un mont* jurassien typique, formé par l'anticlinal de Sornin, dont l'axe plonge, comme la voûte de la montagne, vers le sud.
Du côté sud l'anticlinal de Sornin se poursuit bien au sud de la latitude de Lans car sa voûte y est encore dessinée au sud de Bouilly par les calcaires à silex du Sénonien supérieur, dont les strates descendent doucement vers le sud. Mais au sud-est de ce village ces couches s'abaissent jusqu'au niveau fond alluvial du val de Lans, sous lesquelles elles disparaissent.
D'autre part à la latitude du col ce pli est relayé du côté ouest par l'anticlinal des Jarrands (voir la page "Villard-de-Lans"), qui prend naissance à l'ouest du col de la Croix Perrin et dont la voûte s'élève au contraire vers le sud. La route qui franchit le col de la Croix Perrin suit presque, au nord-ouest du col, l'ondulation synclinale qui sépare ces deux plis : en fait elle la traverse selon un biseau aigu en même temps que cette dernière s'atténue vers le nord.
En fait la voûte anticlinale dessinée par les couches sénoniennes s'avère presque plate et seulement doucement pentée vers le sud sur plus de 1 km au nord comme au sud du col de sa traversée par la D.106, ce qui traduit le fait que l'on se trouve plus l'extrados d'un pli de forme "coffrée" et confère à ses affleurements une largeur de plus en plus forte vers le nord.
Du côté nord du col cette voûte s'élève vers le nord et elle le fait plus rapidement que la ligne de crête de l'échine montagneuse, comme le montre l'évolution de son relief. En effet l'érosion mord dans la carapace calcaire sénonienne et y perce les calcaires à silex vers 1e point coté 1591, mettant à nu les couches plus basses des Lauzes.
Le versant oriental de l'échine montagneuse de Sornin, au sud de Charande, vu de l'est depuis les pentes du Moucherotte. Vers le sud (vers la gauche), la voûte urgonienne de l'anticlinal de Sornin, limitée du côté oriental par la flexure antiforme de Noyarey (fl.N) s'enfonce sous son enveloppe de marno-calcaires (Séi), de Lauzes (SéL) et de calcaires à silex (SéC) du Sénonien. Il est flanqué, dans les pentes qui descendent vers les gorges du Furon, par la flexure synforme des Engenières fl.E, qui représente la charnière occidentale du synclinal de Villard-de-Lans. Les gorges elles-mêmes percent la carapace des calcaires sénoniens au niveau du fond plat de ce pli coffré (voir la page"Sassenage"). |
À la latitude du Pas de Bellecombe c'est même la totalité du Sénonien qui est percée de part et d'autre de la crête : à l'ouest par une boutonnière laissant voir l'Urgonien (voir la page "Autrans") et à l'est par une combe secondaire, parallèle à la crête, au cœur de laquelle apparaît l'Urgonien dénudé qui y dessine l'ébauche d'un mont dérivé*).
Il est à remarquer que ces deux entailles se situent non pas à la voûte de l'anticlinal coffré de Sornin mais à l'endroit où se dessinent les flexures antiformes la raccordant à ses flancs : cela indique que l'érosion n'y a pas été dirigée par le dessin des strates mais plutôt selon les deux pentes divergentes d'un toit. |
Le versant oriental du chaînon de Sornin vu du SE depuis les hautes pentes du Moucherotte. Légende des notations comme au cliché précédent. |
Enfin au nord du Pas de l'Ours les affleurements de calcaires du Sénonien se rétrécissent juqu'à ne plus être présents qu'au sommet de Charande où leurs "lauzes" forment une butte témoin relativement remarquable par sa forme en promontoire vers le nord.
La combe de La Molière, vue du SE. |
L'Urgonien de la voûte du pli est finalement mis à nu sur la crête au nord de ce sommet, là où aboutit la route touristique desservant les alpages de La Molière. Ses couches pratiquement horizontales forment la partie boisée du plateau de Sornin, mais elles y sont entaillées par une ravine sèche, profonde de 200 m qui s'ouvre vers le nord dans les falaises de la vallée de l'Isère (voir le cliché en fin de page). Elle entaille tout l'Urgonien supérieur et même les couches à Orbitolines et c'est seulement au fond de cette dernière (donc au toit de la masse inférieure urgonienne) que s'ouvre le Gouffre Berger.
Dans le versant est du chaînon le Sénonien supérieur calcaire réapparait en contrebas de la combe suspendue de la Molière, à la faveur de la flexure synforme des Engenières par laquelle ses couches se raccordent à celles du fond plat du Val de Lans (clichés ci-dessus). On reconnait là le dispostif en genou des flancs des plis coffrés dont on voit qu'il caractérise le flanc oriental de l'anticlinal de Sornin.
Au pied de ce revers oriental le torrent du Furon a crevé la carapace des calcaires à silex du Sénonien du bord ouest du large synclinal de Villard-de-Lans, ouvrant ainsi des gorges encadrées de falaises abruptes dont un bref tronçon (à la latitude du Bec de l'Aigle) semble correspondre au prolongement le plus méridional du décrochement des Bruziers (voir la page "Moucherotte").
Plus en aval, aux approches d'Engins (plus précisément autour du village des Jaux), la vallée s'ouvre, à la faveur du fait qu'elle y est creusée dans les niveaux marno-calcaires du Sénonien inférieur du fond du synclinal. C'est au village d'Engins qu'elle en atteint le soubassement de Lumachelle puis d'Urgonien. Mais, en aval de ce village elle n'entaille que très faiblement les couches supérieures de ce dernier dans lesquelle s'inscrit le lit du Furon (cette partie terminale de la vallée du Furon est décrite à la page "Sassenage").
Au NW d'Engins la crête qui se profile en rive gauche de la vallée cache le ravin du gouffre Berger et correspond à la partie le plus orientale du plateau de Sornin, où le pendage commence à s'infléchir vers l'est. Elle est coiffée par l'ilot déboisé des prairies de Sornin qui correspond à une butte-témoin "surbaissée" formée par le seul Sénonien inférieur. Ses couches coiffent en fait la partie ouest de la flexure de Noyarey, que l'Urgonien dessine à la Dent du Loup et qui est suffisamment accusée pour que le Sénonien plonge en bas de versant pour y former le chevron rocheux de la Grande Rivoire (voir la page "Sassenage").
Le chaînon se termine du côté septentrional nord les falaises de La Sure où l'Urgonien est tranché par l'entaille de la Trouée de l'Isère et où le dessin en pli coffré de son flanc oriental est splendidement mis en évidence.
Au niveau de son entaille par la plaine de l'Isère l'anticlinal de Sornin ne montre que sa partie orientale, car son flanc ouest n'est coupé par le rebord des falaises urgoniennes que plus au NW, au delà de la Buffe, dans le rentrant de Montaud.
Le rebord septentrional du Vercors, au dessus de Noyarey, vu du nord-est, depuis les Bannettes (Chartreuse). a.S = voûte, presque plate, de l'anticlinal de Sornin (son Urgonien est affecté par une petite faille compressive, caractérisée comme telle par son angle aigu avec les couches) ; fl.N = flexure antiforme de Noyarey, qui raccorde la voûte et le flanc oriental du pli ; ØB = chevauchement de la Bournay ; f.V = faille de Voreppe. Cette coupe naturelle n'est pas orthogonale à l'axe du pli mais lui est oblique d'environ 45° : il en résulte en particulier que la largeur de la voûte coffrée de l'anticlinal de Sornin est exagérée par allongement horizontal et que la perspective rend son flanc ouest est invisible. On perçoit que ce pli ne se prolonge pas vers le nord (vers la droite) puisque son cœur bute, entre Montaud et Veurey, contre le chevauchement de Voreppe, qui le tranche en biais. |
Le flanc oriental de l'anticlinal de Sornin au niveau de la cluse de l'Isère, vu depuis la plaine alluviale, près du hameau de la Vanne (Noyarey) selon une direction N20°, c'est-à-dire pratiquement dans son axe,. fl.E et fl.N désignent respectivement les plans axiaux des flexures des Engenières (synforme)et de Noyarey (antiforme). En fait les axes de ces deux plis sont légèrement pentés vers l'arrière (vers le sud), en contradiction avec l'impression erronée d'ensellement que peut donner, l'abaissement de la ligne de falaise (voir la page "cluse de l'Isère"). Le cliché date d'une époque (1968) où les carrières de Pra Paris n'avaient pas encore entaillé à l'air libre les basses pentes de Engenières (à l'extrême gauche du cliché). |
La coupe naturelle du rebord des falaises urgoniennes, oblique, montre que la voûte du pli, très plate et très peu inclinée vers l'est, est séparée du fond du synclinal de villard-de-Lans, également plat et peu incliné, par un panneau basculé, limité par deux flexures : c'est là une géométrie très caractéristique d'un pli coffré*.
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La coupe ci-après orientée différemment (ouest-est) et surtout orientée perpendiculairement à l'axe des plis et notamment à l'anticlinal de Sornin, en montre la forme exacte avec ses deux flancs.
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vues d'ensemble sur la rive gauche de l'Isère |
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Carte géologique très simplifiée de la partie nord-orientale du Vercors.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
publicationn° 074
légende
des couleurs
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