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Saint-Égrève, Rochers de l'Église |
La localité de Saint-Égrève est installée, en rive droite de l'Isère, sur le grand cône de déjections torrentielles qu'a construit le torrent de la Vence, au débouché des gorges qu'il a entaillées dans le contenu tertiaire du synclinal de Proveysieux, là où ce dernier s'enfonce sous les alluvions de la trouée de l'Isère. Saint-Égrève est le point de départ de la route D.105, qui s'élève en suivant le vallon de Proveysieux jusqu'au col de la Charmette (voir la page "Proveysieux").
Du côté septentrional l'agglomération s'étend vers le nord-est jusqu'au village de La Monta, c'est-à-dire au débouché de la Vence dans la plaine alluviale et au sommet de son cône de déjections : elle s'y s'appuie contre les affleurements de molasse conglomératique du coeur du synclinal.
Les Rochers de l'Église représentent la partie la plus méridionale du long crêt d'Urgonien du flanc ouest du synclinal de Proveysieux, au sud de la large selle du Sappey de Proveysieux (voir les pages "Mont Saint-Martin" et Rochers de Chalves). Leur crête se poursuit jusqu'à la plaine de l'Isère, où le calibrage en U de la vallée, par le passage des glaciers quaternaires, les a tranché en donnant l'éperon de falaises de Rocheplaine qui est utilisé comme école d'escalade (avant l'urbanisation actuelle cette portion de rive droite de la vallée de l'Isère, à l'ouest de La Monta, donnait une bonne coupe naturelle de la succession stratigraphique crétacée).
Le revers oriental de ce crêt correspond, dans sa partie haute, à une grande dalle structurale d'Urgonien ; mais en dessous de l'altitude du replat du Charpenet l'érosion a respecté les couches plus élevées de la succession, qui affleurent en coupe naturelle entre Rocheplaine et La Monta (cette coupe n'est désormais plus guère accessible en raison de la progression de l'urbanisation à son pied).
Le replat du Charpenet coïncide avec une disposition stratigraphique qui mérite d'être notée : on y voit en effet les couches du Sénonien venir en repos direct sur l'Urgonien inférieur. Cette lacune, qui s'accompagne d'une discordance sur quelques centaines de mètres de large, s'observe à l'ouest d'une ligne grossièrement N-S, sur tout le flanc ouest du synclinal de Proveysieux (on l'observe également dans le Vercors occidental). Elle résulte à l'évidence d'une érosion d'âge antérieur au Sénonien (sans doute albienne) et qui a intéressé toute la marge ouest des massifs subalpins septentrionaux.
Le Roc Cornillon est un piton isolé d'Urgonien qui se dresse en bas des pentes, au sud du village du Fontanil, peu au dessus de la plaine alluviale de la cluse de Grenoble. Sa situation, nettement en contrebas de la grande falaise urgonienne qui descend des Rochers de l'Église vers Rocheplaine suggère qu'il puisse s'agir d'un énorme bloc tombé depuis cette falaise .
Ce n'est cependant pas le cas, car il n'émerge pas d'une masse d'éboulis mais repose au contraire sur un socle d'Hauterivien par l'intermédiaire de la succession habituelle des couches de base de l'Urgonien. D'autre part ces couches sont très visiblement ployées en un synclinal et tranchées du côté est par une zone de broyage tectonique. Or la cartographie du secteur montre que cette dernière doit correspondre au passage de la faille de chevauchement de Mont-Saint-Martin. Le Roc Cornillon est donc un synclinal perché en miniature représentant le seul témoin sur cette rive de la vallée du coeur d'un synclinal dont le flanc oriental est rompu par ce chevauchement.
On comprend mieux cette structure dès lors que l'on remarque qu'elle est remarquablement similaire à celle que l'on observe sur l'autre rive de l'Isère à l'ouest de Sassenage (voir la page "Sassenage") : en effet on trouve là, sous le chevauchement de Sassenage et dans le prolongement azimutal exact de l'axe du synclinal du Cornillon, un pli de même forme, le synclinal de Sassenage. La seule différence avec celui du Cornillon est qu'il affecte là les couches du Sénonien, mais ceci est très cohérent avec le fait que l'axe du synclinal plonge vers le sud et que cela fait donc affleurer au niveau de la plaine des terrains de plus en plus récents lorsque l'on se déplace vers le sud (c'est-à-dire vers la rive gauche).
Cette observation est l'une de celles qui portent à conclure que les plis et failles de Chartreuse se poursuivent d'une rive à l'autre de la cluse, sans perturbation notable, et donc que cette vallée n'emprunte pas le tracé d'un accident tectonique (voir la page "cluse de l'Isère"). |
On doit observer en outre que les affleurements d'Urgonien du Roc Cornillon s'interrompent brutalement vers le nord, au petit col du hameau de Cornillon, pour faire place, dans le prolongement de l'axe de son pli, à de l'Hauterivien à pendage vers l'est.
Le plongement axial du pli ne suffit évidemment pas à expliquer cette disposition. Par contre on la comprend aisément dès lors que l'on s'aperçoit que c'est à cet endroit qu'aboutit le tracé de la faille du Fontanil, que l'on suit à flanc de versant au sud de ce village. Le jeu de cet accident, qui est un décrochement dextre, en rend compte par le décalage de l'axe du pli et par l'abaissement des couches de son compartiment ouest par rapport à celles de sa lèvre est, qui découle de leur pendage vers l'est.
Du côté oriental de l'agglomération de Saint-Égrève l'extension de l'urbanisation de la plaine alluviale et du cône se déjections (très plat) de la Vence s'est arrêtée en butant contre les pentes boisées des abrupts du Néron (voir la page "Néron"). Celles-ci sont traversées en oblique par le tracé du chevauchement de la Chartreuse orientale, ce qui traduit le fait que la surface de cet important accident tectonique pend vers le sud. De ce fait il disparaît là, sous les alluvions, au droit du village du Muret (c'est très vraisemblablement lui qui en émerge, sur l'autre rive de la vallée de l'Isère, aux abords de Seyssins).
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