La Roize |
La Roize est le seul torrent qui, en contrebas ouest de la crête des Rochers de Lorzier et de Chalves, draine le versant de la rive gauche (orientale) du vallon de Pommiers - La Placette. En aval de Pommiers, où il reçoit son affluent la Roisette, son cours tourne de 90° et suit le fond de ce vallon pour déboucher à Voreppe dans la plaine de l'Isère.
C'est un torrent qui présente des caractéristiques tout à fait exemplaires, en ceci que son cours est formé des trois parties classiques qui sont, de l'amont vers l'aval : entonnoir de réception, chenal d'écoulement et cône de déjections (ce dernier étant maintenant le support de l'agglomération de Voreppe).
image sensible au survol et au clic Le cours de la Roize en amont de son confluent avec la Roizette, vu de l'ouest, depuis la montagne de Ratz (belvédère de Roche Brune)
Au bord inférieur droit du cliché le cours de la Roize se coude à 90° et suit alors à peu près l'axe du synclinal jusqu'à Voreppe. Les astérisques localisent les emplacements des clichés suivants |
Si l'on remonte le cours de la Roize en amont de Voreppe et de la plaine de l'Isère celui-ci s'engage tout de suite dans la partie aval du chenal d'écoulement qui correspond aux étroits de Malossane. Dans cette partie, d'abord orientée S-N, le lit du torrent suit d'abord sensiblement la limite entre molasse et son substratum urgonien, en dénudant ce dernier.
C'est la dénudation de cette dalle structurale qui avait mis à nu, à Malossane, l'entrée d'anciens gouffres karstiques remplis de sables réfractaires éocènes. Leur contenu a été vidé par les exploitation du début du XX° siècle. |
Plus haut le thalweg devient SW-NE et s'écarte donc vers l'est de cette surface de l'Urgonien : il s'inscrit alors dans la molasse miocène qu'il entaille d'ailleurs de moins en moins profondément (cela vient de ce que l'axe du pli ne s'élève pas vers le nord, à la différence de ce que fait le fond de thalweg). On atteint alors, 2 km en amont du débouché des gorges à Voreppe, le coude brutal du confluent de la Roizonne, où le tracé du lit de la Roize s'écarte franchement du fond du vallon de Pommiers pour devenir W-E. À partir de là jusqu'à ses sources le tracé du torrent donne une coupe naturelle perpendiculaire à l'axe des plis de la région (synclinal de Voreppe).
La portion inférieure de la gorge de cette partie du chenal d'écoulement, profonde et peu accessible, est entaillée dans les conglomérats molassiques du flanc oriental du synclinal de Voreppe. Ce flanc du pli n'y montre dans l'ensemble qu'un basculement vers l'ouest très faible (voire nul), mais les lits de conglomérats y sont néanmoins assez fortement pentés vers l'ouest par endroits. Cela provient de ce qu'ils étaient déjà inclinés, dès leur dépôt. De fait leur disposition géométrique témoigne sans équivoque de ce que les matériaux se sont accumulés là, par couches concentriques, sur le talus de la zone périphétique d'un delta (couches "prodeltaïques" = "fore-set").
pour
un commentaire plus étoffé de cette figure et pour
une explication des processus ayant déterminé cette
disposition des couches on se reportera à la page "Miocène"
de la section "Avant Pays". Pour plus d'informations sur le contexte sédimentaire de ces dépôts voir l'article "sillon périalpin" du glossaire |
La surface du chevauchement de Voreppe est observable en remontant une cinquantaine de mètres dans le lit du torrent (vers le cote 672) en amont de sa traversée par le chemin qui mène en rive sud depuis les hameaux des Clos et de Préfanton. On y voit dans le lit du torrent le contact tectonique, peu incliné vers l'intérieur de la montagne, qui fait reposer les couches jurassiques (calcaires séquaniens) sur celles du Tertiaire (conglomérats miocènes).
Ce contact est d'ailleurs agrémenté de figures micro-tectoniques significatives (cliché ci-après)
La partie haute de la gorge est traversée, à partir de la cabane forestière du terminus de la route qui monte depuis Chalais, par une piste forestière qui court presque en courbe de niveau et reçoit énormément d'éboulis (circulation dangereuse en période d'alternances gel-dégel). Elle suit le pied des escarpements supportant la falaise des calcaires du Fontanil d'Hurtières et y montre les alternances de niveaux marneux du membre de Sautaret de la formation du Chevalon (Berriasien inférieur).
La fin de son tracé pour rejoindre le fond de ravin de Charminelle lui fait traverser en oblique descendant les couches de la barre tithonique : on voit alors que ces couches reposent sur des marnes de Sautaret formant le soubassement de cette barre : il y a là un redoublement de succession dont la position conduit à penser qu'il représente le prolongement septentrional de la faille de Mont-Saint-Martin.
On peu aussi observer cette faille de Mont-Saint-Martin si l'on emprunte, depuis cette même cabane forestière un sentier mène à Charminelle en descendant dans le fond de la gorge. Pour rejoindre le lit du torrent ce dernier suit, presque horizontalement sur 50 m, la surface de friction du chevauchement qui fait reposer presque parallèlement les bancs du Tithonique sur ceux du Berriasien (ce qui correspond donc à un glissement couches sur couches).
Mais on voit, plus en amont dans la pente de rive gauche, que cette surface de chevauchement plate n'est qu'un accident local du tracé d'une cassure ailleurs fortement pentée et très oblique aux couches. Cette analyse est suggestive pour comprendre
ce que l'on observe moins clairement, plus au sud, au Pas
de l'Ane, où le pendage de la surface de cassure semble également très redressé. |
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(Ratz sud) | LOCALITÉS VOISINES | Charminelle, Lorzier |
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