col de la Placette, Pommiers |
Le col routier de la Placette fait communiquer la vallée de l'Isère (Voreppe) avec celle du Guiers (Saint-Laurent-du-Pont).
Du côté méridional du col de La Placette le vallon de Pommiers, que draine le ruisseau de la Roizette, sépare le chainon du Ratz de celui de la Grande Sure. C'est presque un vrai val* jurassien car il est entièrement ouvert dans la molasse miocène du cœur du synclinal de Voreppe mais ses deux versants présentent des complications tectoniques.
Le flanc est du synclinal est fortement rompu par le chevauchement de Voreppe qui y fait affleurer en haut des pentes le Jurassique du chaînon de la Sure. D'autre part le versant occidental du vallon voit l'Urgonien du flanc du synclinal dénivelé par une faille oblique au pli qui affaise le fond du synclinal par rapport à l'anticlinal de la montagne de Ratz (voir la page "faille des Balmes").
La rive droite (nord-ouest) du vallon de La Placette, vus du sud, depuis le Rocher de Bellevue (arête sud de l'Aiguille de Chalais). a.Ratz est = charnière orientale de l'anticlinal coffré* du Ratz (= flexure de la Dent de Moirans) ; f.Ba = faille des Balmes ; la surface de transgression* du Miocène sur l'Urgonien est figurée en jaune. Le tracé de la faille des Balmes se perd à la hauteur de Pommiers, sous les alluvions glaciaires qui garnissent le vallon de la Roizette : concernant son prolongement éventuel en direction du NE voir les pages "Ratz sud" et "Trois Fontaines". |
D'autre part cette molasse est ici largement masquée par un placage plus ou moins épais d'alluvions glaciaires. Leur présence témoigne de ce que ce vallon a été aménagé par le passage de glaciers, ce qui explique le profil large et à pentes douces de son fond, qui contraste avec les étroites entailles des ravins qu'y ont creusé ensuite les cours d'eau actuels. De fait lors de la dernière glaciation (celle du Würm) cette largeur du vallon a permis au glacier de l'Isère d'y envoyer une langue diffluente (voir la page "Ratz-Crossey"). À l'époque de son maximum d'épaisseur cette langue remontait jusqu'au col de la Placette (altitude = 580 m), à l'aplomb duquel elle atteignait encore une épaisseur de près de 200 m.
Le versant occidental du col de La Placette, vu de l'est, depuis le rocher de la Draye Blanche (pentes dominant les Trois-Fontaines). Au stade de retrait W1 une langue glaciaire s'engage entre butte 802 (Cossert de Gilles) et 768 (Perrières), pour recouvrir, au delà, les actuelles gorges du Bret (ses écoulements latéraux déterminent le vallon du Cossert de Gilles puis suivent au delà la marge du glacier qui occupe la dépression de Voiron (arrière-plan des gorges du Bret). Au stade W2 la moraine de Layat est encore percée d'une brèche d'où part, du côté ouest (au village du Pellet), un très beau chenal sec qui rejoint les gorges du Bret. Au stade 3 aucune trace morainique n'est conservée : les marges glaciaires étaient parcourues par l'eau de fonte et la surface des langues glaciaires s'était suffisamment abaissée pour que ces eaux ne s'évacuent plus par le seuil de Layat mais soient toutes drainées en direction du nord pour emprunter finalement les gorges du Crossey. |
C'est ce dont témoignent les alignements morainiques qui ont été conservés sur la rive occidentale du col, à la faveur du fait qu'ils ont été déposés sur la voûte peu déclive de la montagne de Ratz. Mais les glaces iséroises ne devaient pas déborder beaucoup au nord du col car elles s'y seraient affrontées avec l'extrémité méridionale de la langue, en provenance du bassin chambérien, qui empruntait la vallée de Saint-Laurent-du-Pont. Les eaux de fonte de ces deux masses de glace et celles provenant du versant est de la vallée devaient donc s'accumuler là dans un lac qui devait d'abord déborder par dessus la voûte de la montagne de Ratz entre le village du Grand Ratz et la butte de la Colombière, puis plus tard occuper la dépression de Saint-Joseph de Rivière et s'évacuer finalement par les gorges du Crossey. (pour ce secteur voir aussi la carte et les commentaires de la page "Ratz").
Par contre, en rive orientale du col, le garnissage morainique s'élève en garnissant la pente quasi continue qui s'élève jusqu'à la crête des Reynauds : Celle-ci, qui court à flanc de vallée à l'altitude de 780, est une belle crête de moraine dont l'altitude est conforme à celle du stade 1 de l'autre rive. En outre elle est liée à un trait de relief très significatif : sur le revers est de cette colline les eaux du ravin de l'Hérétang qui, entre Sure et Lorzier, descendent vers l'ouest dans la direction de Pommiers, se détournent brutalement, au sortir du cirque du Grépy ("Les Trois Fontaines"), pour la contourner et s'écouler presque à 90°, vers le NW, et rejoindre le côté nord du col de la Placette.
Le versant oriental du col de la Placette, vu du nord-ouest depuis les abords du village de Layat. Noter que la barre tithonique est surépaissie par un redoublement tectonique affectant son niveau moyen (voir la page "Lorzier"). |
Il est assez flagrant que cela résulte de ce que le glacier du maximum de Würm avait obturé le débouché ce vallon du Grépy, obligeant ses eaux à se déverser du côté nord du col (vers la vallée de Saint-Laurent-du-Pont), au lieu de s'écouler vers Voreppe : c'est ce trajet, apparemment illogique, qu'elles ont conservé depuis, par le jeu des encaissements successifs du lit du torrent, à chaque baisse du niveau de la glace.
La rive gauche du vallon de La Roisette, vue depuis la route du tourant 482 de la route D.520a montant au col de la Placette. Ø1 = chevauchement de Voreppe. |
Au sud de Pommiers les pentes de rive orientale du vallon sont profondément entaillées par le cours supérieur de La Roize. Ces gorges permettent d'observer les structures du substratum rocheux qui est masqué plus au nord sous les alluvions quaternaires. On en trouvera la description à la page spéciale "Roize".
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(Ratz) |
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