vallon des Vachers, crête des Rouchoux |
Le vallon des Vachers, que draine le torrent du Brudour, s'ouvre à la marge occidentale de la crête septentrionale du Grun de Saint-Maurice, qui est, à la latitude des confins du Champsaur et du Beaumont, le chaînon le plus occidental du massif cristallin du Pelvoux et qui sépare le Champsaur du Valjouffrey. Orienté presque N-S, ce vallon s'inscrit dans la bordure sédimentaire du massif cristallin et y est bordé du côté occidental par le chaînon du Laton ; ce dernier, orienté plutôt NE-SW, se connecte du côté nord-est à celui du Grun au niveau du Grand Chapelet et ferme ainsi le vallon du côté septentrional, au col des Vachers, où il communique avec le Beaumont (vallon de Fallavaux).
Au point de vue géologique le versant occidental de la crête qui court vers le nord depuis le Grand Chapelet en direction du sommet des Rougnoux, en fermant du côté oriental le vallon de Fallavaux, prolonge cet ensemble structural jusqu'à ce qu'il y soit interrompu par le passage de faisceau de failles du linéament d'Aspres-lès-Corps.
La crête nord du Grun de Saint-Maurice et la rive gauche du haut vallon du Brudour vus de l'ouest depuis l'arête nord du Laton (sous le ressaut coté 2051. |
On peut dire de le vallon des Vachers est un val*, car il suit à peu de chose près l'axe du synclinal de l'Esparcelet. Toutefois il se rétrécit vers l'amont du fait que la crête du Laton (qui en forme le flanc ouest) a une orientation oblique à celle des structures plissées (NW-SE) de ce secteur. Ce vaste pli N-S possède un cœur de Jurassique moyen et se montre déversé vers l'ouest, à tel titre que les couches sédimentaires de son flanc oriental s'enfoncent en série renversée sous le socle cristallin : le contact entre les deux est purement stratigraphique et correspond seulement au renversement de la surface de la pénéplaine anté-triasique.
Le ravin le plus septentrional de la rive gauche de la vallée du haut Brudour vu du sud, depuis le chemin du col des Vachers La coupe naturelle de ce ravin montre le détail d'une partie de la succession stratigraphique du synclinal de l'Esparcelet : il s'agit du flanc est du pli, dont on voit qu'il tend à se renverser de plus en plus vers le haut du versant. |
Ce grand pli représente assez clairement le prolongement vers le sud du synclinal de Fallavaux, bien qu'il en soit séparé par les failles du linéament d'Aspres-lès-Corps (dont le jeu a abouti à un décalage sénestre). Comme lui, en effet, il admet pour flanc oriental la retombée du bombement cristallin du massif du Pelvoux, laquelle en outre se renverse ici sur sa couverture.
Ce synclinal de l'Esparcelet est en outre parcouru dans le sens de longueur par la grande faille des Préaux, qui est une cassure extensive (à compartiment oriental abaissé) et a donc joué indépendamment de la formation du pli (avant ou après).
On peut envisager que cette cassure constitue de façon plus ou moins exacte le prolongement méridional de la faille d'Hurtières, car son rejet et son orientation sont similaires (toutefois ce n'est là qu'une hypothèse car le tracé de cette dernière cassure est difficile à déterminer dans les pentes où elle aboutit, au pied nord du chaînon du Laton, pour buter contre le linéament d'Aspres-lès-Corps).
Au nord du col des Vachers et du Grand Chapelet la crête septentrionale du Grun reste formée, jusqu'au Petit Chapelet inclus, de migmatites englobant une bande de micaschistes chloriteux, tandis que les termes successifs de la couverture stratigraphique continuent de n'affleurer qu'en contrebas ouest, recouverts en succession inverse par ce chapeau de socle cristallin.
Le fond du vallon de Fallavaux et le versant ouest du Laton (en avant-plan) vu d'avion, du sud, depuis l'aplomb de la Roche Rattier. f.AW = faille occidentale d'Aspres ; f.AE = faille orientale d'Aspres (en abordant la crête de partage des eaux avec le Valjouffrey le linéament d'Aspres se simplifie car il ne consiste plus qu'en une seule cassure, notée f.A). Dans le versant ouest du Laton le Jurassique moyen du cœur du synclinal de Fallavaux (s.F) est tranché transversalement par la faille occidentale d'Aspres ; mais en bordure ouest de cette dernière s'intercale une bande de terrains liasiques d'interprétation incertaine, qui représente sans doute un alignement d'olistolites. (le revers nord-oriental de cette crête est représenté à la page "Bas Valjouffrey" ; on trouvera plus de détails sur les pentes de premier plan à la page "Laton"). |
Peu au nord du Petit Chapelet ces affleurements de couverture affleurent brièvement jusqu'à la crête. Mais ils sont interrompus, immédiatement au nord de la Tête du Gris, par la faille principale du faisceau de cassures du linéament d'Aspres : les couches du Lias moyen butent là contre des micaschistes chloriteux qui représentent la base de la succession du compartiment opposé mais qui se disposent d'ailleurs en une bande d'orientation différente, NE-SE, presque parallèlement à la faille.
À partir de ce point le tracé du linéament d'Aspres descend sur le versant est pour traverser le thalweg de la Bonne au village des Faures. Au delà il se poursuit, bien au delà du cours de la Bonne, par le versant ouest du Pic de Valsenestre puis par le col de la Muzelle, jusqu'au revers oriental du massif des Grandes Rousses.
La crête des Rouchoux vue du sud, depuis l'arête nord du Laton. f.A = failles du linéament d'Aspres ; chl.sc = socle cristallin (chlorito-schistes*) ; all.gl. = alluvions glaciaires (lambeaux résiduels d'un colmatage des fonds de vallon). --- Noter, dans les pentes occidentales de la Croix de Rougny (bord gauche du cliché), l'extrême amincissement que subissent les couches du Domérien et surtout du Toarcien (comparer avec leur épaisseur dans la partie droite du cliché). Ce phénomène résulte du repos en onlap* des couches jurassiques sur la pente orientale de l'ancien hémigraben de Fallavaux et prolonge vers le sud ce qui se passe au Chamoux, (voir la page "La Salette"). --- Dans le versant sud de la Croix de Rougny la barre de spilites* triasiques (tSp) est décalée par une faille à rejet extensif (lèvre orientale abaissée), qui ne semble pas affecter les niveaux plus élevés du Lias et dont la surface de cassure est actuellement sub-horizontale : ces traits portent à conclure qu'il s'agit d'une faille syn-sédimentaire qui a fonctionné au Lias inférieur et a ensuite été basculée vers la gauche, en même temps que les couches, lors du plissement. (le revers nord-oriental de cette crête est représenté à la page "Bas Valjouffrey") |
Entre la Tête du Gris et la Croix de Rougny la crête fournit une coupe stratigraphique où les couches ont un attitude différente de celle du compartiment méridional du linéament car elles ne sont plus renversées et dessinent plutôt le flanc ouest d'un anticlinal à cœur de socle cristallin. On peut y observer au col des Prés Clos, ouvert dans les couches triasiques, le contact, purement stratigraphique, entre les calcaires du Jurassique inférieur de la Croix de Rougny et leur substratum de roches siliceuses.
Ce dernier se singularise en outre quelque peu car on y trouve, entre Trias et socle cristallin, une assez puissante série de bancs de grès et conglomérats rouges du Permien. Ils forment la bosse du sommet des Rouchoux et, sur le revers oriental de ce sommet, passent de façon transitionnelle aux grès gris du Houiller (qui reposent à leur tour sur les schistes cristallins au col de la Donne).
voir l'aperçu général
sur la géologie du Beaumont
Pour plus de détails consulter la publication n° 088
extrait de la publication n° 070 / figure agrandissable
Carte géologique simplifiée du Beaumont
sud-oriental
Carte géologique simplifiée du Beaumont Le secteur concerné par la présente page se trouve à l'extrémité inférieure de la moitié droite de la carte. |
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Le Laton |
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