Hermillon - l'Échaillon |
Immédiatement en aval de Saint-Jean de Maurienne la vallée de l'Arc s'encaisse pour franchir le massif cristallin du Grand Châtelard. La limite orientale du bloc cristallin qui le constitue a l'aspect d'un véritable mur naturel qui domine Hermillon et au sommet duquel sont perchés le village de Châtel et sa Tour de Bérold. Il s'agit de l'abrupt de faille de la faille du Rocheray, qui est malheureusement masqué par une jupe d'éboulis.
Le revers méridional du Rocher de Châtel vu du nord-est, depuis la D77 (en premier plan les maisons du hameau de l'Échaillon de Châtel) Les dalles qui limitent du côté gauche le pied du cristallin de la Tour de Bérold correspondent au miroir de la faille du Rocheray (f.R). On voit bien qu'il prolonge celui du flanc du Rocheray, qui se profile d'enfilade, en arrière-plan. |
Au village du Châtel, c'est-à-dire
sur la crête du bloc du Châtelard, sa couverture jurassique
a été enlevée et le socle dénudé
par l'érosion anté-Nummulitique : il faut aller
vers Montvernier, c'est-à-dire descendre sur la pente occidentale
du bloc pour voir les termes jurassiques se compléter progressivement
de niveaux de plus en plus jeunes (jusqu'au Lias supérieur),
sous la barre des calcaires nummulitiques.
Le petit bloc cristallin de l'Échaillon est un satellite
oriental de celui du Grand Châtelard : il forme avec ce
dernier la seconde marche d'un escalier descendant vers l'est.
Ces deux blocs ont été individualisés lors
de l'expansion jurassique. En effet ils possèdent tous
les deux une voûte garnie de Trias, maintenant doucement
inclinée vers l'ouest, et un abrupt oriental sur lequel
s'appuient directement et stratigraphiquement du Lias moyen à
supérieur (à l'Échaillon) ou du Jurassique
moyen (au Rocheray).
La coupe naturelle de l'ensemble du versant de rive droite de la vallée montre comment se dispose la couverture au dessus de ces blocs de socle.
La rive droite de l'Arc à la hauteur de Saint-Jean de Maurienne vue du sud-ouest, depuis la rive gauche (village du Chosalet). D.uD = surface de discordance du Nummulitique ultradauphinois ;.ØuD = chevauchement de la zone ultradauphinoise ; s.cC = synclinal de la Chal de Chaussy ; D.D = surface de discordance du Nummulitique dauphinois ; s.pa (surligné de rouge) = surface de la pénéplaine anté-triasique. f.R = faille du Rocheray (qui limite du côté oriental le bloc cristallin du Grand Châtelard); f.E = faille de l'Échaillon (sa lèvre nord, correspondant au bloc cristallin soulevé, est garnie d'un placage de brèches du Lias moyen-supérieur (LBr). N.flc = Flysch nummulitique calcaire de la zone dauphinoise et de la partie basse de la succession ultradauphinoise au sud de la cime de Lancheton. Dans ce secteur les deux voûtes des blocs de socle, de même que les strates qui les enveloppent directement, s'enfoncent progressivement vers l'E-NE (vers l'arrière). Mais cela ne se manifeste que peu dans le paysage vu sous cet angle, car la coupe naturelle de la vallée de l'Arc, entre Saint-Jean de Maurienne et Hermillon, est presque N-S, c'est-à-dire peu oblique à l'azimut des couches. Le pendage réel de ces couches est beaucoup plus perceptible en amont de Saint-Jean de Maurienne, où la coupe devient plus E-W (voir la page "Montdenis") |
On y voit que l'organisation tectonique n'est
plus réglée par des failles subverticales comme
celles délimitant ces blocs de socle. On y trouve au contraire
un empilement, selon une disposition subhorizontale, d'unités
qui se sont imbriquées par chevauchement.
Cela se manifeste dans la couverture même du bloc du Grand
Châtelard, où une lame de Trias perce à travers
le Nummulitique au dessus d'Hermillon et surtout où elle
est affectée d'imbrications* aux abords de Montvernier.
Cela s'exprime aussi par le ploiement de la couverture nummulitique
dauphinoise en un pli couché déversé vers
l'ouest, le synclinal de la Chal de Chaussy. Mais cette disposition
est surtout patente en ce qui concerne l'unité tectonique
constituée par la zone ultradauphinoise, qui passe de façon
imperturbable au dessus des accidents du socle en formant, avec
ses couches tertiaires, une dalle monoclinale régulièrement
pentée vers l'est au dessus d'une surface de chevauchement
remarquablement plane.
Ce contraste entre la tectonique du socle et celle de la couverture est visible ici de façon particulièrement frappante. Mais il correspond à un fait général sur toute la longueur des Alpes occidentales françaises. Pour en savoir plus à ce sujet on consultera le schéma correspondant, à la latitude de l'Oisans, et le texte spécialement consacré à la question de la déformation à la limite socle - couverture. |
Par ailleurs, dans la zone ultradauphinoise, en se rapprochant, du nord vers le sud, de la vallée de l'Arc. la surface de transgression du Nummulitique tranche des termes de moins en moins anciens (Lias supérieur, Aalénien puis Bajocien) Aux abords de Grenis (au dessus de Montandré) elle est cependant jalonnée par un chapelet de lames de Trias, ce qui a fait penser aux auteurs de la carte géologique qu'il y avait là un contact tectonique. La présence d'une lame de Lias, nettement intercalée dans les conglomérats nummulitiques (sous le hameau des Fontaines, le long de la route de Montdenis) porte plutôt à penser que ces affleurements représentent, eux aussi, des olistolites* inclus dans la formation conglomératique basale.
aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne
Carte géologique simplifiée des environs
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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Grand Châtelard |
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