Montagne du Niélard |
La montagne du Niélard est le premier relief saillant qui accidente la crête qui descend du Cheval Noir en direction de Moûtiers. Cette crête, qui constitue la ligne de partage des eaux entre la vallée de Celliers (Eau Rousse) au NW et celui du Doron de Belleville au SE a un peu le profil dissymétrique d'un crêt* car du côté NW elle domine par des falaises les pistes de la station de ski de Valmorel et des Avanchers tandis que son revers méridional plonge par de raides pentes vers le lit du le Doron.
Les pentes du Niélard tombent plus précisément sur l'extrême cours aval du Nant Brun, juste en amont de son confluent avec le Doron à Saint-Jean de Belleville.
La partie supérieure, rocheuse, de la montagne du Niélard s'intercale sur cette crête entre les deux ensembles montagneux du Cheval Noir et de Crève-Tête, qui se rattachent l'un comme l'autre au domaine ultradauphinois, notamment parce que leurs successions stratigraphiques se terminent par une épaisse formation détritique d'âge Nummulitique. Pourtant elle montre une constitution très différente.
En effet le Nummulitique n'y occupe qu'une place restreinte, sous forme de petits chapeaux (buttes-témoin*) dont le plus important est celui de La Mouettaz (point coté 2475).
D'autre part les abrupts qui ceinturent sa partie sommitale sont essentiellement formés de calcaires liasiques spathiques à entroques, bélemnites, et huitres souvent silicifiés ; ils passent vers le haut à des calcaires récifaux et se terminent par des niveaux de brèches calcaires évoquant celles du Quermoz ou du Télégraphe (on les a rapportées, pour cela, au Jurassique supérieur).
Cette succession jurassique est donc formée de dépôts de hauts-fonds, dont l'épaisseur a été réduite par le jeu de condensations et de lacunes et de dislocation en brèches. À cet égard elle n'est pas sans évoquer certaines autres séries stratigraphiques connues plus au nord dans le domaine valaisan* du Beaufortain oriental (anciennement nommé zone "des brèches de Tarentaise") mais ne s'identifie cependant à aucune d'elles.
Ces divers traits ont valu à l'unité tectonique
du Niélard d'être considérée comme
une "digitation" indépendante, dont le rattachement
aux domaines ultradauphinois, valaisan ou subbriançonnais
a été discuté sur les bases ci-après : |
L'unité du Niélard repose en fait, en chapeau, par l'intermédiaire de gypses et/ou de cargneules triasiques, sur les unités ultradauphinoises du Cheval Noir et de Crève Tête, de sorte que, géométriquement, c'est donc pratiquement une klippe*.
Toutefois :
a) son chevauchement tranche en biseau le flysch du Cheval Noir,
terrain qui manque totalement sous la klippe à son bord
nord-ouest, au pied de la Pointe du Grand Niélard (2544),
avant de réappparaître (s'il s'agit bien des mêmes couches)
à Crève Tête. La klippe est donc logée
dans une véritable entaille tectonique qui a dénudé
localement de son flysch tertiaire l'unité ultradauphinoise
sous-jacente, selon la géométrie d'un coup de gouge
porté transversalement à cette unité.
b) il est remarquable que l'unité du Niélard est limitée du côté sud-est par la cassure qui constitue le front tectonique du domaine subbriançonnais Or celle-ci sectionne franchement la surface de chevauchement de l'unité du Niélard, qui est moins fortement pentée vers l'est que lui : cette cassure représente en fait de l'extrémité méridionale de la faille de la moyenne Tarentaise (voir la page spécialement consacrée à cet accident).
En définitive l'unité du Niélard
s'avère donc être un élément aussi
énigmatique quant à sa position structurale exacte que
quant à son origine paléogéographique précise ...
aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne
|
|
|
Cheval Noir |
|
|
|
|
|
|
Niélard |
|