Crève-Tête |
Depuis le sommet du Cheval Noir se détache un long chaînon qui s'avance en promontoire vers le nord-est, en direction de la vallée de l'Isère, en constituant la crête de partage des eaux entre la vallée de Celliers (Eau Rousse) et celle du Doron de Belleville. Avant de s'abaisser jusqu'aux dernières échines boisées où a été aménagée la retenue suspendue (entièrement artificielle) de la Coche, il forme une dernière culmination avec la montagne de Crève-Tête (2341 m).
Le sommet de Crève-Tête est l'extrémité méridionale d'un crêt* bien caractérisé par sa dissymétrie, qui regarde du côté ouest vers la station de Valmorel et dont le revers oriental plonge vers la partie aval de la vallée du Doron de Belleville (il en forme les pentes de rive gauche en aval de Villarly).
L'arête de ce crêt doit son relief relativement acéré à ce qu'elle est armée par une puissante formation de conglomérats, d'âge mal déterminé (qui sont rapportés sans précision au Crétacé supérieur (?) - Nummulitique). Ils pendent vers l'E-SE et reposent du côté ouest, comme ceux de la zone ultradauphinoise, sur une semelle de matériel permo-houiller qui s'est avérée, en plusieurs points, être en réalité une brèche d'âge indéterminé ("Permien reconstitué").
Cette constitution porte à y voir le prolongement le plus septentrional de la nappe ultradauphinoise des Aiguilles d'Arves, même si l'isolement tectonique et morphologique de cet ensemble ont conduit à l'en détacher sous le nom d'unité de Crève-Tête.
La crête de Crève-Tête, devant le Beaufortain oriental et la basse Tarentaise vue d'enfilade du sud, depuis le sommet du Cheval Noir. ØUD = chevauchement principal de la zone ultradauphinoise ; ØI = chevauchement de l'écaille intercalaire entre la zone dauphinoise et la zone ultradauphinoise ; ØN = chevauchement de la klippe* du Niélard. BrP = brèches à matériel de schistes permiens (et calcschistes à microbrèches [Dogger ?] qui les surmontent. au col du Gollet). En arrière-plan on a grossièrement indiqué la limite orientale de la zone dauphinoise, dans le secteur où la zone ultradauphinoise disparaît et se trouve relayée par la zone valaisane. |
De fait, l'unité de Crève-Tête
repose, dans les pentes boisées du versant ouest, sur une
bande d'affleurements de Lias qui représente le prolongement
septentrional de l'unité intercalaire que l'on suit sous
le chevauchement de la zone ultradauphinoise depuis la localité de Montpascal, en Maurienne.
Plus bas, dans les pentes des deux rives de la vallée de
Valmorel - Les Avanchers, le Jurassique moyen affleure largement,
comme à Saint-François - Longchamp. Il y montre de
façon similaire des bandes synclinales de Bajocien argilo-calcaire
intercalées dans les schistes aaléniens.
Par contre, bien que cette crête se poursuive jusqu'à la vallée de l'Isère, ce n'est pas le matériel de l'unité de Crève-Tête qui y détermine, en amont d'Aigueblanche, le défilé des "Échelles d'Hannibal". En effet dans la forêt des Pontets, au nord du col de la Coche les affleurements des brèches de Crève Tête s'effilent vers le nord, avant d'atteindre la vallée, coupés en biseau par la surface tectonique (chevauchement supposé) qui la sépare de l'unité valaisane du Quermoz : seuls les affleurements de cette dernière se poursuivent sur la rive droite de l'Isère (voir la page "Moûtiers").
Au sein du chapelet d'unités qui s'intercalent entre le domaine dauphinois à l'ouest et le domaine briançonnais à l'est, les deux unités de Crève-Tête et du Quermoz se relaient parfaitement du point de vue géométrique, en se biseautant mutuellement et en se plaçant dans le prolongement l'une de l'autre, comme si elles n'étaient séparées par aucun accident majeur. D'ailleurs, dans le secteur du barrage de la Coche, où est censé passer l'accident N-S qui les sépare, le tracé qu'en propose la carte géologique évoque plus, sur le terrain, un faisceau de failles subverticales relativement secondaires qu'une imbrication majeure (comme ce devrait être le cas s'il séparait vraiment deux unités étrangères l'une à l'autre). Pourtant c'est bien entre ces deux unités que l'on est amené à placer la frontière majeure qui fait passer, du sud vers le nord de l'arc alpin,
du domaine ultradauphinois au domaine valaisan, lesquels s'opposent fortement par leurs successions stratigraphiques
: On peut donc s'interroger sur la signification exacte des rapports entre ces deux unités, et plus largement sur celle du passage du domaine ultradauphinois au domaine valaisan (qu'elles représentent dans ce secteur-clé) : leur juxtaposition y est-elle le résultat des déplacements importants liés à la tectonique compressive alpine (interprétation "classique") ou ne serait-elle pas plus originelle, découlant de la paléo-tectonique antérieure au Nummulitique : n'est-ce pas cette dernière, en effet, que l'on doit considérer comme responsable des profondes érosions et de l'abondance des brèches qui caractérisent l'un et l'autre de ces domaines ? ... |
aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne
Carte géologique simplifiée des abords de Crève-Tête
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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Lauzière : Grand Pic |
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