Petit Saint-Bernard, Lancebranlette |
Le col du Petit Saint-Bernard, ainsi que les vallons qui permettent d'y accéder, sont alignés sur la tracé de la grande dislocation tectonique qui limite du côté ouest la partie du domaine briançonnais rattachable à la Vanoise. Du côté ouest la ligne de crête secondaire qui s'abaisse depuis la crête frontalière des Rousses en direction de Bourg-Saint-Maurice, entre Versoyen et torrent du Reclus, correspond à son tour à peu près la limite orientale de la nappe des brèches de Tarentaise. Entre les les deux s'intercale l'Unité du Petit Saint-Bernard, rattachée au subbriançonnais.
Sur le cliché ci-dessus on voit de façon très probante que la surface ØSB a un pendage presque vertical et qu'elle tranche
presque orthogonalement la succession
du Versoyen (qui est par ailleurs disposée à l'envers). De même la surface f.mT a un tracé très rectiligne qui implique un pendage également proche de la verticale (voir le cliché suivant) et elle tranche en biais le synclinal de Belleface. Ces caractères indiquent que ces deux cassures ne sont probablement
pas des surfaces de chevauchement, mais plutôt des failles sub-verticales (coulissantes ?) qui ont joué postérieurement à la mise en place des unités charriées, en les recoupant (la première semble correspondre sur le versant italien à la faille de la Punta Rossa : voir plus loin dans cette page). |
ØBr = front du houiller briançonnais (= prolongement septentrional de la faille de la moyenne Tarentaise). |
L'unité du Petit Saint-Bernard, se caractérise essentiellement par ses calcaires et calcschistes d'âge liasique à Jurassique moyen. On tend à la rattacher à la zone subbriançonnaise car ses couches évoquent celles de l'unité de la Grande Moendaz. Ses couches sont affectées par un pli couché dont le plan axial moins incliné que le front de la zone briançonnaise de sorte qu'il est tranché par ce dernier vers l'altitude de 1550 (lieudit Plan des Fontaines), tandis que le flanc inverse du pli affleure plus en amont jusqu'au col, où ses couches sont tranchées en sifflet (voir P.Antoine [1971] , fig.67, p.249) : cela confirme qu'il n'y a pas là une simple imbrication de la zone briançonnaise sur l'unité du Petit Saint-Bernard et que ce contact tectonique peut être considéré comme un prolongement septentrional de la faille de la moyenne Tarentaise.
Le col du Petit Saint-Bernard est ouvert exactement à la limite entre les calcschistes argileux du Jurassique, à l'ouest, et les grès et pélites houillères à l'est, à un endroit où ce contact tectonique majeur est jalonné par une bande de cargneules qui se poursuit du côté italien, de façon à peine discontinue et presque rectiligne sur la carte, jusqu'au delà du village de La Thuile. Mais à partir de la latitude de la Tête du Chargeur il met alors en contact direct le houiller briançonnais avec le flysch de Tarentaise (unité du Roignais), les terrains de l'unité du Petit Saint-Bernard n'existant plus entre les deux car les deux accidents qui la délimitent se rejoignent là en un seul : on est là dans une situation symétrique à celle que l'on trouve du côté français au sud-ouest de Bourg-Saint-Maurice (voir la page "Bourg-Saint-Maurice"), ce qui illustre bien le fait que cette unité est un lambeau tectonique pincé en coin s'effilant vers le bas entre ces deux cassures.
Une autre bande de cargneules s'élève à flanc de pente du côté est, au sein des grès et pélites houillères. Elle passe au Lac Longet et se poursuit par les affleurements des Rochers de Touriasse qui sont constitués de calcaires triasiques reposant sur des quartzites werféniens. Cela constitue une succession est typiquement briançonnaise et cela signifie que ces couches sont intercalées le long d'une dislocation qui affecte la zone houillère briançonnaise selon un tracé presque parallèle à son front, c'est-à-dire sans doute le long d'une faille satellite de la cassure principale, qui se perd d'ailleurs en direction du NE.
Cette situation peut évoquer une imbrication satellite d'un chevauchement, mais elle peut tout aussi bien correspondre à une branche de faille subverticale à rejet coulissant. |
Au nord-ouest du col les pentes herbeuses qui s'élèvent, sur le versant italien, depuis le lac Verney en direction de la Punta Rossa et du Colllet des Rousses sont formées par les alternances argilo-calcaires du Lias moyen de l'unité du Petit Saint-Bernard. Mais les affleurements de ces couches ne dépassent guère l'altitude de 2300 m et font place plus haut aux roches de l'unité du Versoyen, qu'elles recouvrent par l'intermédiaire d'une lame de cargneules.
Contrairement à ce qui se passe de l'autre côté de la crête des Rousses on observe ici un contact véritablement chevauchant de l'unité du Petit Saint-Bernard sur l'unité du Versoyen. La faille, beaucoup plus verticale, qui limite ces deux unités sur le versant français se poursuit ici dans le vallon qui limite du côté nord-ouest le sommet arrondi de la Punta Rossa (on peut donc l'appeler "faille de la Punta Rossa").
Le sommet de la Punta Rossa et son sommet jumeau (2616) sont formés par des affleurements, qualifiés de granite sur la carte géologique. En fait ils se sont avérés être une leptynite granitoïde, datée du Permien. Ces affleurements, dont la présence pose problème aux spécialistes de ce secteur, appartiennent sans doute à l'unité du Versoyen.
En effet car ils supportent, apparemment sans contact tectonique, les "roches vertes" de cette unité dans les pentes du point 2616. D'autre part ce "granite" coiffe en chevauchement une épaisse lame de schistes à gros blocs de matériel divers ("mélange" tectono-sédimentaire ?) qui détermine le collet séparant les sommets 2616 et 2657 et se poursuit plus à l'ouest sous l'Aiguille de l'Hermitte. |
Les unités valaisanes du Versoyen et de son revers italien viennent de faire l'objet (en mai 2020) d'une nouvelle étude par G. De BROUCKER, Y. SIMÉON et P.ANTOINE (qui est hébergée dans les documents complémentaires du site geol-alp). Ces auteurs interprétent l'organisation des "roches vertes" du revers italien des crêtes du Versoyen et des sédiments qui les accompagnent comme les reliques de la fermeture d'un "océan valaisan". |
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