Bourg-Saint-Maurice |
La ville de Bourg-Saint-Maurice se situe en rive droite de la vallée de l'Isère, là où celle-ci, orientée E-W en amont ("Haute Tarentaise"), fait un coude à 90° pour devenir NE-SW en aval ("Moyenne Tarentaise"). Cette articulation correspond du point de vue géologique au fait que l'Isère, après avoir traversé la Vanoise septentrionale, puis la zone houillère briançonnaise entre Sainte-Foy et Séez, rejoint là le front de cette dernière zone. Elle y bute contre les chaînons plus externes, appartenant essentiellement à la zone valaisanne, qui constituaient à l'évidence une barrière plus résistante puisque son cours suit grossièrement la limite entre ces deux dernières zones jusqu'à Moûtiers.
L'agglomération de bourg-Saint-Maurice elle-même est construite en aval du débouché de la vallée du Torrent des Glaciers, qui descend des Chapieux, sur les cônes de déjections* coalescents des torrents de L'Arbonne, du Nantet et du Charbonnet, qui drainent les pentes orientales du chaînon du Roignais. Ces pentes, d'abord raides s'adoucissent fortement vers le haut en se garnissant d'alpages au niveau du Fort de la Platte et se prolongent en un balcon qui domine le lit du torrent de Charbonnière jusqu'aux Lacs de Forclaz. Ce niveau de replats supporte les pitons rocheux du Roc de l'Enfer et des Deux Antoines, qui représentent l'extrémité sud-orientale de la crête qui descend du Roignais par la Pointe et le Col de Leisette (voir la page "Roc de l'Enfer").
Le trait le plus marquant concernant les pentes qui dominent immédiatement l'agglomération de Bourg-Saint-Maurice est le changement majeur de nature des roches qui s'y produit, selon une ligne qui s'élève vers l'ouest en travers du versant : elle le coupe à partir de l'extrémité septentrionale de cette agglomération pour rejoindre pour rejoindre et suivre le cours supérieur du torrent de l'Arbonne. Cette faille de l'Arbonne limite du côté septentrional le lobe de matériel appartenant sans ambiguïté à la zone houillère briançonnaise qui déborde transitoirement en rive droite de l'Isère entre Bourg-Saint-Maurice et Aime. Son tracé diverge seulement d'une trentaine de degrés de celui du front briançonnais entre Séez et le col du Petit Saint-Bernard (voir la page "Petit Saint-Bernard").
Il s'agit clairement d'un accident plus décrochant que chevauchant car il présente un fort pendage (très supérieur à celui du versant) et coupe en biais, dans le soubassement du replat de La Platte, les bandes rocheuses de nature variée, tectoniquement juxtaposées sur sa lèvre NW, qui affleurent au NE de Séez. Il apparaît en outre qu'à l'ouest du col de l'altiport de Vaugelaz il se poursuit très vraisemblablement par le décrochement de la Roche à Thomas (voir la page "Grand Châtelet")
Concernant les rapports entre cet accident et celui, d'importance plus majeure, qu'est la "faille de la moyenne Tarentaise" on se contentera ici de dire que ce dernier semble se prolonger, depuis Aime jusqu'à Bourg-Saint-Maurice, en suivant la vallée de l'Isère (voir la discussion à la page "Grand Châtelet") : la faille de l'Arbonne représente donc, sans doute, une cassure secondaire,"de Riedel" se connectant sur le décrochement principal au niveau de Séez
La structure du versant de rive gauche du torrent de l'Arbonne, au nord des affleurements houillers de la lèvre sud de la faille de l'Arbonne est assez complexe.
En les parcourant d'est en ouest on rencontre successivement les dispositions structurales suivantes :
a) Au débouché du ravin du Torrent des Glaciers le piton rocheux du village du Châtelard est formé par les calcaires du Lias moyen de l'unité subbriançonnaise du Petit Saint-Bernard, qui affleurent largement en rive gauche ; ils se poursuivent en pied de versant jusqu'au village de la Bourgeat, où ils reposent par l'intermédiaire d'une lame de cargneules sur les couches de l'unité du Versoyen, sous jacente.
b) au dessus du village de la Bourgeat la gorge du torrent du Charbonnet tranche les dalles calcaires de la base du flysch de Tarentaise qui pendent fortement vers l'aval et enserrent une lame de prasinites ("roches vertes") en position de synforme pincée se fermant vers le sud (synclinal de série renversée). Ces couches affleurent de plus en plus largement vers l'amont sur les deux rives du torrent jusqu'à atteindre la crête de Praina en rive gauche et presque le sommet de la butte du Fort de la Platte en rive droite. Sur cette rive elles sont encore coiffées par de petits lambeaux de Lias subbriançonnais avant de disparaître en contrebas des affleurements les plus bas du Houiller de l'unité du Roc de l'Enfer qui s'observent à l'ouest du Fort de La Platte (pour plus de détails, voir la page "Roc de l'Enfer").
c) à l'ouest de la Bourgeat, suivant une ligne qui s'élève jusqu'au Fort de La Platte en passant par le Fort du Truc les affleurements du matériel de la nappe des brèches de Tarentaise disparaît définitivement. Il passe là apparemment un accident orienté NW-SE (la faille orientale de la Platte), qui abaisse ce matériel et à l'ouest duquel se développe une importante masse de gypses et cargneules que les ravins de rive gauche de l'Arbonne dissèquent profondément en dessinant de forts rentrants dans le versant.
d) Les entailles de ces ravins mettent à nu de larges affleurements de calcaires marneux du Lias, à faciès subbriançonnais, qui représentent clairement des panneaux de l'unité du Petit Saint-Bernard : il est vraisemblable que leur disposition apparemment disjointe résulte de l'effilement tectonique de cette dernière unité sous l'effet du jeu coulissant dextre de la faille de l'Arbonne qu'ils jalonnent.
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plus au nord | plus au nord-est |
plus à l'est |
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Grand Châtelet | LOCALITÉS VOISINES | La Rosière ; Petit Saint-Bernard |
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