Pic de Panestrel |
Le Pic de Panestrel (3254) est, entre la Font-Sancte et le Pic des Houerts, le sommet le plus élevé la ligne de partage des eaux entre Guil et Ubaye. Il y détermine un décalage en baïonnette de son tracé (dans l'ensemble NE-SW et orthogonal aux structures tectoniques) qui prend, depuis ce sommet jusqu'à la pointe d'Escreins, une direction vers le NW conforme à celle des structure. Sur le versant Ubaye ce sommet est à la naissance de la Crête du Sanglier, de même orientation, qui ferme du côté sud le cirque du vallon de Panestrel et qui sépare ce dernier de la profonde entaille du vallon des Houerts.
Les montagnes de la crête de partage des eaux entre Rif Bel et Ubaye, vues du col 3132 au nord de La Mortice. (cliché original obligeamment communiqué par M. G. Deleuil). ØCh = chevauchement de la nappe du Châtelet ; Øsa = chevauchement secondaire occidental ; Øsd = chevauchement secondaire oriental ; f.H = faille des Houerts ; f.t = faille transverse au chaînon de la Mortice - Pic des Houerts (voir la page "Pic des Houerts"). Les couches de la crête de Panestrel sont redressées aux environs de la verticale et exposent ainsi de grandes surfaces de marbre rouge "de Guillestre" du Malm. |
Sur un socle de calcaires et dolomies du Trias moyen le sommet même du Pic de Panestrel est une pyramide sculptée dans le matériel jurassique et crétacé de la nappe de la Font-Sancte (dont ce sont d'ailleurs les affleurements les plus méridionaux). Ces couches s'affrontent dans les pentes nord-occidentales du sommet (Pointe d'Escreins) avec les affleurements de la nappe du Châtelet, qui se rattachent au corps de cette nappe (La Mortice) par l'intermédiaire de la crête du col des Houerts.
Entre la nappe de la Font-Sancte et celle du Châtelet les analogies de constitution stratigraphique sont assez grandes au niveau du Trias et du Jurassique (présence d'un Dogger souvent assez épais), de sorte que ces deux entités avaient été considérées (M. Gidon 1962) comme deux unités d'une même nappe, simplement partitionnée par le jeu de la faille des Houerts. Cette interprétation a été abandonnée au vu des différences de succession qui concernent les termes néo-crétacés et éocènes : les calcschistes du néo-crétacé (marbres en plaquettes) sont en effet très épais dans la nappe de la Font-Sancte, alors qu'ils sont minces, voire absents et remplacés par du flysch noir dans celle du Châtelet. |
Par ailleurs cette succession calcaire de la Font-Sancte débute par des termes du Trias moyen qui reposent sous le Pic de Panestrel sur d'autres immédiatement plus anciens qui affleurent à la Tête du Seingle et qui pourraient donc a priori représenter son substratum siliceux permo-triasique. Mais il y a entre les deux une dysharmonie* structurale tellement importante qu'elle interdit cette interprétation et montre de façon flagrante que cette superposition est en fait le résultat d'un charriage.
Coupe interprétative de l'entaille des gorges de l'Ubaye au niveau de la Font-Sancte Légende stratigraphique comme sur la carte géologique Aiguille-de-Chambeyron au 1/50.000° . Les couleurs, qui permettent de distinguer les unités tectoniques, sont celles du schéma d'interprétation rétro-tectonique. La ligne de tirets tracée à l'extrémité gauche des affleurements de la nappe de la Font Sancte (en bleu) exprime l'interprétation selon laquelle la faille des Houerts se prolongerait vers le haut et déterminerait le rebroussement du synclinal des Aspaturas. |
Les couches qui forment le Pic de Panestrel lui-même sont affectées par deux structures qui interfèrent l'une avec l'autre :
- la faille de Panestrel, cassure extensive NS qui passe à mi hauteur du flanc sud-ouest de la pyramide sommitale. Elle fait partie de la famille des trois failles qui parcourent la nappe de la Font-Sancte du SE au NW.
- le synclinal des Aspaturas, dont le coeur de marbres en plaquettes forme l'essentiel de la pyramide sommitale est le prolongement méridional du pli plus vaste qui affecte les pentes occidentales de la Crête des Veyres (voir la page "Haut Rif Bel"). Il est nettement déversé vers l'est et son flanc occidental est évidé au niveau des schistes argileux du Dogger inférieur en une combe, la Conque de Panestrel, qui court sous les dalles très redressées du Malm qui défendent l'accès au sommet par son versant sud-ouest.
La face nord du Pic de Panestrel, vue du nord-ouest depuis la crête de la Main de Dieu. s.A = synclinal des Aspaturas ; f.P = faille de Panestrel ; ØCh = rétro-chevauchement de la nappe du Châtelet (par le jeu de la faille des Houerts ?) |
Son flanc oriental est en outre affecté d'un repli anticlinal, déversé dans le même sens, dont la charnière affecte la barre du Malm - Dogger au sommet même du pic. Il est remarquable que ce repli n'affecte que le compartiment sud (surélevé) de la faille et n'y existe pas dans le Trias sous-jacent : cela implique une désolidarisation ("dysharmonie* par décollement") au niveau des schistes du Dogger inférieur. Le déversement vers le NE de ce repli suggère également une déformation lors de mouvements "rétroverses", vers le NE.
À son extrémité septentrionale la crête du Pic de Panestrel s'abaisse jusqu'au col 2979, mais sa structure se poursuit en contrebas dans le versant NE de la Pointe d'Escreins. Sous le chapeau dolomies triasiques qui forme l'essentiel de ce sommet les couches jurassiques et néo-crétacées du flanc ouest du synclinal des Aspaturas, renversées et replissées, forment le ressaut saillant de la Barre des Chèvres qui s'abaisse progressivement vers le fond du vallon de la Font-Sancte (voir la page "Haut Rif Bel")
Le rebroussement vers l'est du flanc ouest du pli est assez clairement lié au fait qu'il est coiffé par le Trias dolomitique de la Pointe d'Escreins. Cela suggère fortement qu'il s'agit d'un crochon* qui a été induit par un déplacement de la nappe du Châtelet qui a été refoulée d'ouest en est (donc en "rétro-chevauchement"*) par dessus la nappe de la Font-Sancte.
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Aiguille de Chambeyron
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Vallon Laugier |
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