Aussois amont
Les pentes du versant sud-occidental de la Dent Parrachée

Le versant sud-occidental de la Dent Parrachée s'abaisse en direction du Plan d'Aussois par un système de crêtes pierreuses devenant vers le bas des échines d'alpages. Elles séparent plusieurs vallons dont le principal est le vallon de La Fournache, lequel aboutit au lac de retenue du Plan d'amont. La répartition des affleurements y est compliquée par le fait que les couches sont affectées de plis dont les axes pendent dans le même sens que la pente topographique. Il montre au total un relief mamelonné, où les micaschistes du socle supportent des chapeaux de quartzites triasiques en situation plus ou moins synclinale.
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Les pentes sud-occidentales de la Dent Parrachée (versant des lacs d'Aussois), vues du sud-ouest, depuis le sommet du Rateau d'Aussois (cliché original obligeamment communiqué par M. Luc Gidon. ØgM = surface de chevauchement de la nappe de la Grande Motte.
La couverture siliceuse adhérente au socle cristallin (quartzites plus ou moins purs du Permo-Trias) dessine deux amples replis synclinaux dont l'axe plonge vers le SW, presque parallèlement à la surface topographique du versant, selon l'inclinaison générale de la surface du dôme de socle de Chasseforêt. Vers le bas ces plis sont toutefois tranchés par entaille de la vallée en U au fond de laquelle ont été édifiés des barrages de Plan d'Amont et de Plan d'Aval (ce dernier hors du champ du cliché, plus sur la droite)

Sur le revers est de l'échine de Plan Sec, qui s'élève depuis l'appui du barrage de Plan d'Aval jusqu'aux rochers de Bellecôte, les cargneules de base de la succession calcaire post-werfénienne ("nappe de la Grande Motte") forment un placage plutôt mince enduisant la pente qui descend vers Aussois : en effet on voit, notamment dans les ravines affluentes du ravin de Saint-Pierre, pointer des affleurements du socle cristallin ; le fait que dans le haut de ces pentes, en contrebas sud-occidental du Roc des Corneilles, cet enduit de cargneules repose plus précisément de façon directe sur les micaschistes verts d'Ambin a généralement été interprété comme l'effet d'un rabotage tectonique sous la surface de charriage de la nappe de la Grande Motte (c'est la une interprétation orthodoxe à laquelle on peut envisager d'opposer celle d'un appui sur la paléofaille limite d'un bloc de socle : voir la page "Dent Parrachée" et le schéma de la page de généralités).

Alors que le contact sédimentaire - socle n'est pas observable dans le versant ouest du sommet de la Dent Parrachée (voir la page "Parrachée"), c'est-à-dire au nord de la crête fermant le vallon de la Fournache, on l'observe par contre assez largement dans les pentes son versant sud-ouest, qui dissèquent ce soubassement siliceux en contrebas de l'ensemble calcaire sommital.

Les couches du sommet du socle siliceux révèlent une structure également tourmentée mais assez dysharmonique* par rapport à celle de la succession calcaire de la Grande Motte. En effet on y voit cette dernière se juxtaposer et/ou se superposer aux terrains siliceux enveloppant le socle du Dôme de Chasseforêt de façon globalement accordante, à ceci près que les couches du Trias moyen y sont absentes et que certains autres niveaux s'y biseautent. Le contact entre ces terrains, qui franchit la crête peu à l'ouest du col de la Parrachée est "classiquement" considéré comme étant la surface de chevauchement de la nappe de la Grande Motte ; mais cette manière de voir n'est pas sans poser des questions (voir les commentaires en fin de page).
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Le versant occidental de la Dent Parrachée vu du sud-ouest depuis le point 2645 d'arrivée du télésiège accédant depuis la Fournache à l'épaule de Bellecôte.
s.Ar = synclinal couché de l'Arpont ; s.cP = synclinal du col de la Parrachée ; a.pG = anticlinal de la Pointe Gignoux.
(voir plus loin les détails agrandis).
Les affleurements de dolomies noriennes des Rochers du Grand Stella, qui appartiennent à la succession de la nappe de la Grande Motte, descendent très bas dans le vallon de la Fournache, entre les quartzites du Grand Châtelard et ceux des pentes de Bellecôte (en premier plan à droite). En fait il s'agit peut-être seulement d'un volumineux paquet glissé, provenant des affleurements du versant ouest de la Pointe de Bellecôte : c'est pourquoi on a indiqué ses limites par des tirets alternant avec des points d'interrogation.


La surface de contact des terrains de l'ensemble calcaire de la Grande Motte est reployée par un synclinal couché, au coeur duquel sont pincés des terrains de cette succession (notamment le Lias) : il s'agit apparemment du prolongement méridional du synclinal de l'Arpont (voir la page "Chasseforêt"). On ne peut manquer de remarquer que son attitude couchée et basculée vers l'est, est très différente de celle des plis du matériel post-triasique de la nappe dont les plans axiaux sont sub-verticaux (cela porte à envisager une déformation en deux étapes, la seconde n'enroulant pas les plis anciens du matériel de la nappe, qui ont échappé au pincement dans le cœur du synclinal du Châtelard).

D'autre part cette interface socle-nappe, coupe très en oblique les couches de la couverture siliceuse adhérente au socle cristallin, à commencer par les quartzites des arêtes de l'Éché et s'y accompagne d'un crochonnement significatif d'une vergence d'ouest en est. Ce biseautage affecte aussi le matériel carbonaté du cœur du synclinal de l'Arpont puisque, en fond de vallon (flanc normal du synclinal), il va jusqu'à mettre directement en contact les calcaires du Lias avec les schistes violacés permiens "msv" (centre du cliché ci-après) : la signification exacte de ce double biseautage est peu claire ...


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Le versant sud-oriental des arêtes de L'Éché, au SW du col de la Dent Parrachée (détail agrandi du cliché précédent).


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L'extrémité SW des arêtes de L'Éché, au NE du refuge de le Dent Parrachée (vue agrandie de la partie gauche du cliché d'ensemble du versant, plus haut)
Les couches de quartzites dessinent parfaitement la charnière du synclinal de l'Arpont (s.Ar), qui est vue ici presque selon son axe : la perspective accentue sans doute un peu le petit décrochement qui décale en sens dextre la partie inférieure du pli dessinée au Grand Châtelard de la partie supérieure de la charnière formant en arrière-plan le sommet 3172 des arêtes de L'Éché.
On a noté "Ps" la partie inférieure des quartzites, apparemment plus litée, en supposant qu'elle représente l'équivalent latéral de la formation conglomératique permienne que l'on observe à ce niveau plus au NW, du Rateau à la Tête d'Aussois.

À l'est du vallon de la Fournache la crête sud de la Dent Parrachée s'abaisse jusqu'au col de La Faculta avant de reprendre de l'altitude à la Pointe de Bellecôte. Ce petit sommet est le point où se réunissent les arêtes qui accidentent le soubassement méridional de la Dent Parrachée, depuis les pentes tombant vers le SW sur les lacs d'Aussois jusqu'à celles qui descendent vers l'est jusqu'à la vallée de l'Arc aux environs de Sardières (voir la page "Aussois").
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Le versant occidental de la Pointe de Bellecôte, vu du SW depuis le Rateau d'Aussois.
s.pR = synclinal du Pas Rosset ; u.P = unité de la Parrachée ; u.B = unité de Bellecôte ; ØgM = surface de chevauchement de la nappe de la Grande Motte.

Son matériel, essentiellement formé de Lias, le rattache toujours à la nappe de la Grande Motte mais il est séparé celui de l'unité de la Parrachée. En effet il en est séparé par une surface de chevauchement presque horizontale sous lequel il s'engage et que souligne un puissant banc de cargneules. On peut donc considérer qu'il appartient à une unité de Bellecôte résultant du redoublement tectonique du matériel de la nappe de la Grande Motte.
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Le col de la Faculta vu de l'ouest depuis le fond du haut vallon de la Fournache.
Le Lias de l'unité de la Dent Parrachée, formant les escarpements inférieurs de la Pointe de Pas Rosset repose sur l'unité de Bellecôte par l'intermédiaire d'une puissante dalle de cargneules. Sous celle-ci se dessine un crochon de rebroussement synclinal déversé vers la droite qui affecte un banc calcaire intercalé dans des schistes noirs (ces couches sont attribuées au Malm-Éocène par la carte géologique ).

Mais sa structure s'avère complexe et difficile à interpréter car on y voit des replis qui semblent globalement dessiner un synclinal déversé vers l'est et dans le flanc inverse duquel sont impliqués les quartzites du soubassement siliceux.

** Remarques annexes sur les rapports entre socle siliceux et couverture carbonatée :

Tous les auteurs (Dondey H., etc...) considèrent que la verticalité de la surface qui, aux abords du col de la Parrachée, met en contact les terrains sédimentaires de la Dent Parrachée avec ceux du socle de Chasseforêt, résulte simplement de ce qu'il s'agit du chevauchement de la nappe de la Grande Motte : originellement sub-horizontal, il aurait été basculé à la verticale par le plissement tardif de la "phase 3" (de rétro-déversement*).

Mais cette manière de voir laisse inexpliqués divers aspects de la géométrie observable :
- En premier lieu il est à remarquer qu'aucun témoin de terrains d'âge plus récent que ceux (noriens) de la base de la nappe de la Grande Motte n'est présent sur le socle pour authentifier le charriage par la présence d'une succession anormale (de sorte qu'un contact simplement stratigraphique - et non tectonique - est a priori envisageable).
- D'autre part (et surtout) on voit, tant au nord de La Parrachée (glacier de la Mahure) qu'au sud (Pointe de Bellecôte), que les terrains permo-triasiques adhérents au socle sont sectionnés par ce contact majeur. Cela se manifeste par le fait que, du côté est de la montagne, le mésozoïque de la nappe de la Grande Motte repose directement sur les micaschistes du socle cristallin, au revers oriental de la coupole anticlinale de Chasseforêt. On voit mal comment une mise en place par charriage de l'unité de la Grande Motte aurait pu déterminer cette géométrie. En effet elle implique que le déplacement d'une couverture sédimentaire, décollée sur un niveau de cargneules triasiques, aurait pu occasionner un rabotage tel qu'un prisme de socle ait été sectionné et transporté avec la nappe. En outre il est patent qu'aucun témoin d'une telle "écaille" de socle n'est actuellement connu.
- Enfin les plis qui affectent les couches permo-triasiques de l'éperon rocheux de la Germa, situées du côté ouest du supposé contact de charriage (et notamment la belle charnière synclinale du rocher du Grand Châtelard) ont une attitude bien différente de ceux de la Parrachée, puisque leurs plans axiaux leur sont obliques (orientés NNW-SSE et non NNE-SSW) et sont franchement déversés vers l'est (et non sub-verticaux). De sorte que l'on peut douter que la formation des replis de la Parrachée soit en rapport avec celle des plis du socle.

En définitive il n'est donc pas illégitime de se demander si le contact entre le socle de Chasseforêt et le sédimentaire de la Parrachée ne pourrait pas correspondre à une cassure indépendante des charriages plutôt qu'à une véritable surface de charriage.
Parmi diverses possibilités, on peut en premier lieu penser à une faille extensive postérieure à la mise en place de la nappe, qui aurait été reprise par les plis P3, Mais cette hypothèse s'intègre mal au contexte des données connues, notamment parce que l'on n'a jamais mis en évidence une telle phase d'extension, "intercalaire" par rapport aux étapes de compression.
Une autre hypothèse consiste à y voir une faille ancienne, d'âge triasico-jurassique. On peut en effet envisager de la rattacher au système de fractures extensives qui devait exister, au Jurassique, pour limiter du côté ouest, le bassin de sédimentation des successions de type Grande Motte et le séparer du bloc de socle surélevé de Chasseforêt. Une telle interprétation acquiert une plausibilité certaine si l'on considère que, presque partout ailleurs, l'on rencontre aussi des difficultés pour reconnaître une surface de chevauchement de la nappe de la Grande Motte, particulièrement du fait de l’ambiguïté des rapports entre cette dernière entité et les séries plus réduites, adhérentes au socle qui affleurent à la voûte et à l'ouest des coupoles de socle de Chasseforêt et de la Vanoise septentrionale (voir la page "tectonique de la Vanoise").

 

 

voir la coupe schématique de la marge sud de la Vanoise.

aperçu général sur la Vanoise


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Modane

Carte géologique simplifiée des abords de la Dent Parrachée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
(N.B. : la teinte brun clair, qui est ailleurs celle des "schistes versicolores permiens", correspond ici aux micaschistes paléozoïques supérieurs "msv")
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines > plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges


Fond d'Aussois

Dent Parrachée

Termignon
Pointe de L'Échelle

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Modane

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