Formes de relief périglaciaire

Cette page veut regrouper quelques exemples, dispersés dans les sections régionales du site, de formes de relief qui se rencontrent à la périphérie des régions englacées et qui sont liées au climat qui y règne.

Ces exemples, simplement classés ici par catégories, sont présentés sans complément explicatif : on trouvera des explications sur ces différents types de reliefs
- à la page Glossaire de Géomorphologie non structurale
- dans le site Les Paysages glaciaires, notamment en consultant les pages "sols polygonaux" et "glaciers rocheux" de ce site.

Sols polygonaux


Sol polygonal : Lacs de Chambeyron (haute Ubaye)


Glaciers rocheux

voir les pages Chambeyron, Font-Sancte, lac Sainte-Anne, etc ...

Le versant nord du chaînon de l'Aiguille de Chambeyron héberge deux petits glaciers de cirque, hélas agonisants. Leurs moraines se sont transformées en glaciers rocheux très spectaculaires qui s'avancent jusqu'au fond du vallon de Marinet.

image sensible au survol et au clic

Le vallon de Marinet , vu du nord-ouest, depuis le Pas de Chillol (légende des commentaires structuraux à la page "Marinet")
On distingue les fronts lobés des deux glaciers rocheux. Celui d'avant-plan (situé le plus au NW) s'avance en recouvrant les pierrailles fines et les limons garnis d'herbe qui sont en train de combler le laquet 2533 et cela provoque le froncement de leur surface en un bourrelet (pointillé émeraude).
C'est une loupe de glace masquée sous la pierraille qui en provoque le glissement (voir le texte ci-après). A sa surface le matériel morainique a glissé (plus au milieu que sur les marges), sur une longueur de 1 kilomètre, entre les deux bourrelets latéraux et a formé, à l'avant, une série d'arcs pseudo-morainiques emboités.

Vue plus rapprochée du front du glacier rocheux

(état en juillet 2009)

L'avancée progressive de l'amas de pierrailles maintient sa marge en perpétuelle instabilité et provoque l'éboulement du raide talus ainsi créé.

Vue très rapprochée de la marge ouest du glacier rocheux

(état en juillet 2009)

Les alluvions fines, originellement étalées par les eaux de l'effluent de fonte, se font recouvrir par les éboulis qui dévalent de la marge du glacier rocheux.
Ce sont évidemment les blocs les plus gros qui se détachent les premiers et vont le plus loin au pied du talus marginal.

(clichés obligeamment communiqués par M. Dominique SOYEZ)


Croquis cartographique des moraines du glacier nord-ouest de Marinet et de leur glacier rocheux (figure extraite de l'article de 1957, sur les formations quaternaires de la Haute Ubaye , légèrement retouchée).

Gl1 = Glaciaire colonisé par la végétation (fin du würmien ?) ; Gl2, Gl3, Glaciaire récent, historique (deux étapes) ; GlA, Rock-glaciers (bourrelets concentriques en tirets) ; la "loupe de glace" indiquée en bas à droite émergeait du matériel morainique à l'époque où ont été faites ces observations (1956).
Am, Moraines de névé ; A, Éboulis ; tq, Quartzites triasiques ; tc, Calcaires triasiques ;
a, Andésites.

cliché de ce glacier rocheux, vu de face, en page Aiguille de Chambeyron

Le texte ci-après, dû à MM Pierre Coste et Michèle Evin, est paru p.91-92, dans le fascicule "ALPES Haute Ubaye - Parc national du Mercantour : Balades et randonnées", publié en 1990 par l'Association pour le développement de la randonnée en Haute-Provence 42 Bd Victor Hugo, 04000 Digne-les-Bains :

Les glaciers rocheux du Marinet, situés vers 2600m au pied nord des aiguilles du Chambeyron, sont-il encore actifs? L'énorme masse de blocaille détachée des parois continue­t-elle à se déplacer vers l'aval, millimètre par millimètre, grâce à un coeur de glace et de sable gelés enfouis sous les blocs depuis des millénaires ?
Une enquête scientifique dirigée par la géomorphologue Michèle Evin cherche à répondre à cette question. En 1986, elle a mis en évidence que le noyau gelé, indispensable au phénomène, existe bien.
Ces glaciers rocheux (on peut en voir aussi au nord de la Font Sancte) ont besoin pour être actifs de hauts vallons d'exposition nord ou nord-est. Les versants qui les encadrent ou les dominent doivent être suffisamment raides, et constitués de roches susceptibles de se débiter en blocs sous l'action du gel et du dégel (calcaire dolomitique, calcschistes...). La masse de pierraille, qui n'a cessé d'être réalimentée année après année, a enseveli et isolé une couche plus ancienne, où les blocs et les noyaux de glace massive sont enrobés de boue gelée. Cette langue, épaisse d'une quarantaine de mètres de matériel gelé protégés par deux mètres de blocaille, peut être constituée en partie par le matériel rocheux et des noyaux de glace résiduelle laissés par l'ancien glacier "vrai" installé là voici quelque 10 000 ans (Dryas récent). Elle stocke le froid qu'elle a accumulé après la fusion des grands glaciers würmiens, lors des récurrences froides plus récentes où le climat de Haute Ubaye était rude (-4° à -6°C de température moyenne annuelle de l'air) mais sec.
Coupé de ses racines par un grand pan de débris dégelés dans la partie médiane de la langue, le glacier rocheux de Marinet-1 (à l'ouest) n'est plus alimenté en glace. Son front est immobilisé; seul subsiste, à l'aval le noyau gelé hérité.
Tant que la température moyenne annuelle de l'air s'est main­tenue aux environ de -2 °C, les condi­tions requises pour la survie de cette couche gelée, appelée "perge'lisol" par les géomorphologues, ont permis l'activité et le lent déplacement vers l'aval du glacier rocheux. Or il faut actuellement monter vers 2850 m en Ubaye pour trouver de telles conditions, soient quelque 300m plus haut que les fronts des glaciers rocheux de Marinet.
On peut situer la dernière grande période d'activité de ces glaciers rocheux vers -4000 ans (Subboréal) et supposer que la mise en place de la forme a débuté voici 9 ou 10 000 ans (fin du Dryas récent -Préboréal).
Le glacier rocheux de Marinet-1 (à l'ouest) a une forme en langue et des bourrelets arqués et concentriques significatifs. II a avancé plus vite au milieu que les bords, plongeant d'une quinzaine de mètres sous les argiles qui tapissent le fond du petit lac aux eaux laiteuses.
Celui de Marinet-2 (à l'est) est venu s'encastrer dans des dépôts lacustres qui le précèdent, à l'aval, rebroussant les argiles d'un lac désormais comblé.
Dans les conditions actuelles, la glace interne fond lentement. Elle peut mettre des siècles à fondre, jusqu'à ce que les masses pierreuses s'affaissent et se stabilisent au fond des cirques, conservant toutefois leur aspect de langue.

 


glossaire géomorphologique

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