Chambéry (nord de la ville) |
La ville de Chambéry se trouve à l'extrémité du large val très ouvert qui héberge le Lac du Bourget, là où se rejoignent les collines qui descendent des Bauges au NE et de la Chartreuse au SW. Le centre-ville de la cité est plus précisément édifié dans un étroit couloir à fond plat, orienté NE-SW, au pied sud de la colline de Lémenc (sur laquelle s'appuyait la ville ancienne). Cette colline est un mont dérivé, armé par la voûte de Tithonique de l'anticlinal de Lémenc.
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Les pentes septentrionales de l'agglomération chambérienne, vues de l'est depuis les prairies de Bellevarde, au dessus de Challes.
a.L = anticlinal de Lémenc ; d.C = décrochement de Chambéry ; ØV = chevauchement de Vérel.
Au nord immédiat de Chambéry la voûte de cet anticlinal de Lémenc, large et très ouverte*, se développe jusqu'à la Croix de Saint-Concors (509 m), point au nord duquel elle subit une inversion du relief car elle est crevée par l'érosion en un petit hémicycle ouvert en direction de La Croix Rouge. A cette latitude la retombée occidentale de cette charnière se montre tranchée, au pied des escarpements, par le chevauchement frontal des Bauges.
Ce chevauchement était observable dans l'entrée d'une carrière (maintenant abandonnée) située 100 m au nord du carrefour coté 363 sur la D.211 qui s'embranche sur la D.991 vers le nord au lieudit Côte Rousse : il s'y manifeste en effet en occasionnant, dans les couches du Tithonique, un crochon anticlinal fortement déversé vers l'ouest. |
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L'agglomération chambérienne (partie septentrionale) et l'extrémité sud des Bauges, vues de l'ouest depuis le Col de l'Épine.
ØB = chevauchement frontal des Bauges ; a.L = anticlinal de Lémenc ; d.Ch = décrochement de la cluse de Chambéry
Plus au nord, dès le sommet des Monts (558 m), l'érosion n'a respecté de cet anticlinal que la partie orientale de sa voûte et son flanc est, lesquels sont d'ailleurs tranchés, à peine 1 km au nord du sommet, par la petite cluse de Saint-Saturnin ; celle-ci est déterminée par un petit décrochement dextre orienté E-W dont on n'observe aucun prolongement à l'est mais qui semble, à l'ouest, décaler la ligne du front des Bauges .
Au nord de Saint-Saturnin, seul subsiste de l'anticlinal de Lémenc son flanc oriental, qui forme une corniche tithonique continue dominant la dépression qui s'allonge en pied de montagne en direction d'Aix-les-Bains. Partout les éboulis qui en descendent et qui s'avancent sur le remplissage d'alluvions fluvio-glaciaires masquent le contact apparemment direct, des couches jurassiques sur les molasses miocènes du sillon périalpin qui correspond là au chevauchement frontal des Bauges. Toutefois on voit s'y intercaler uene lame tectonique intermédiaire, qui s'effile prabablement vers le sud, lorsque l'on parvient au pied ouest du Revard (voir la page "Revard ouest"). |
Ce mini-chaînon des Monts,
le plus occidental du massif des Bauges, est bordé à l'est par
la combe monoclinale de Vérel qui est ouverte dans les marno-calcaires berriasiens mais largement garnie d'alluvions glaciaires. Cette combe, comme le crêt tithonique qui la borde à l'ouest, s'élève vers le nord, jusqu'à
Pragondran, où elle s'efface en se fondant dans les pentes occidentales du chaînon du Nivolet - Revard.
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Au sud de la ville, l'anticlinal de Lémenc trouve son prolongement quasi évident dans l'un des plis de l'extrémité nord de la Chartreuse, l'anticlinal de Montagnole. Par rapport au système de plis de la Chartreuse l'anticlinal de Montagnole se rattache à l'anticlinal le plus oriental, l'anticlinal de Perquelin. Mais il ne le prolonge véritablement car il prend naissance au nord du Granier et ne correspond qu'à un repli de son flanc oriental (voir la page "Montagnole").
En ce qui concerne le chevauchement frontal des Bauges son tracé est tel qu'il ne peut que représenter le prolongement septentrional du chevauchement de la Chartreuse orientale. L'évidente prolongation mutuelle de ces deux couples de structures illustre bien la continuité tectonique de la Chartreuse et des Bauges ; à une réserve toutefois, savoir que c'est la seule partie extrême orientale de la Chartreuse qui se poursuit par la seule partie extrême occidentale des Bauges (que constitue le chaînon du Nivolet - Revard).
En effet l'anticlinal de Perquelin est dans la partie méridionale du massif l'anticlinal le plus oriental du massif de la Chartreuse et sa voûte se suit, du sud vers le nord sur toute la longueur du massif de la Chartreuse, pour aboutir au col du Midi (séparant le Mont Pellaz du sommet de la Drière : voir la page "Pellaz-Joigny"). Il est tranché dans le versant nord de ce col par le chevauchement de la Chartreuse orientale, de sorte que c'est au flanc oriental de ce pli qu'appartiennent les affleurements berriasiens de la butte de Saint-Cassin (qui sont les plus nord-occidentaux de l'ensemble chevauchant de la Chartreuse orientale). Or, à la latitude de Grenoble l'anticlinal de Perquelin est séparé du chevauchement de la Chartreuse orientale par un succession de trois plis. Du sud au nord de la Chartreuse ceux-ci sont successivement coupés en biseau par ce chevauchement, dont le tracé est orienté plus NE-SW que l'axe de ces plis : de ce fait, à la latitude de Chambéry c'est au tour flanc oriental de l'anticlinal de Perquelin, d'être tranché par le chevauchement de la Chartreuse orientale. L'obliquité de ce chevauchement par rapport à la direction des axes de plis est susceptible de deux explications, qui ne sont d'ailleurs pas exclusives l'une de l'autre : soit le chevauchement a tranché les plis après leur formation soit ces plis se greffent "en échelons" sur son flanc oriental (auquel cas l'orientation de l'angle aigu entre faille et pli indique un cisaillement dans le sens dextre). En fait on peut envisager que cette disposition résulte du sectionnement tardif, en biais de plis plus anciens (voir la page "Rapports Chartreuse-Bauges") . |
L'étroit couloir de la vallée de la Leysse, qu'occupe le centre-ville, tranche transversalement la voûte de l'anticlinal de Lémenc : c'est donc une cluse. Elle a été aménagée au Quaternaire par le passage des glaces qui diffluaient depuis la vallée de l'Isère (combe de Savoie et Grésivaudan), qui ne l'ont élargie qu'au dessus des voûtes anticlinales tithoniques. Puis, après la fonte du glacier, son fond a été rempli par un colmatage d'alluvions fluvio-lacustres marécageuses, prolongeant vers le sud celles de l'extrémité méridionale du Lac du Bourget (voir la page "Lac du Bourget") .
Chambéry, au débouché nord-ouest de la trouée des Marches , vu du sud, depuis le sommet nord du Granier ØB = chevauchement frontal des Bauges (= chevauchement de la Chartreuse occidentale) ; ØV = chevauchement de Vérel ; d.Ch = décrochement de Chambéry ; d.D = décrochement de la Doria; d.pF = décrochement du Pas de la Fosse ; s.ChO = synclinal chartreux oriental ; a.Bo = anticlinal de la Boisserette, de la Roche de Barby et du Peney ; les deux charnières dessinées plus à gauche sont successivement celle de l'anticlinal de Barberaz puis celle de l'anticlinal de Montagnole. Ce cliché montre comment la cluse de la ville de Chambéry tranche l'extrémité du chaînon du Revard et raccorde la dépression du sillon molassique périalpin avec la trouée des Marches, qui s'ouvre vers le sud à partir de La Ravoire. Toutes les pentes boisées de premier plan sont des dalles structurales de Berriasien moyen à supérieur qui pendent vers la droite pour s'enfoncer sous les alluvions quaternaires de la Trouée des Marches (voir la page "Montagnole"). Elles représentent le flanc ouest du grand synclinal chartreux oriental. |
La localisation de la cluse de Chambéry paraît être en rapport
avec un modeste ensellement qu'y subit la voûte de l'anticlinal de
Lémenc-Montagnole (il s'agit du trans-synclinal
"de la Doria"), encore que la remontée d'axe
soit très peu marquée au sud de la cluse : en effet, en dépit
de la faible déclivité topographique, le
Tithonique disparaît très vite sous le Berriasien
à l'est de Chambéry, et y forme la colline de
Barberaz (qui appartient au flanc ouest du synclinal chartreux oriental
comme le reste des pentes occidentales de la trouée des Marches).
En fait le tracé NE-SW de la cluse de Chambéry semble avoir été déterminé surtout par le passage d'une cassure dextre orientée NE-SW, le décrochement de Chambéry.
Celui-ci représente à peu de choses près le prolongement vers le SW du décrochement de la Doria, car les tracés de ces deux failles sont parallèles, simplement décalés par un tronçon oblique, la faille du vallon de Chesses, qui doit les raccorder selon un tracé en baïonnette (voir commentaires plus détaillés à la page "Nivolet"). L'existence d'un décrochement sous la cluse de Chambéry est par ailleurs attestée par le décalage dextre, d'environ 1 kilomètre, qu'y subissent les tracés, l'un et l'autre presque N-S, des deux chevauchements qui y aboutissent, savoir à l'est celui de l'anticlinal de Barberaz ( que doit prolonger le chevauchement de Vérel-Pragondran), et à l'ouest celui de la Chartreuse orientale (qui se prolonge à l'évidence par le chevauchement frontal des Bauges). Cette orientation NE-SW du décrochement de Chambéry suggère en outre que, à la sortie ouest de la cluse, il se dirige en direction aproximative de Vimines, en passant vers Jacob et peu au nord de Saint-Cassin, dont la butte est formée par les affleurements les plus nord-occidentaux du matériel de la Chartreuse orientale : or ces derniers apparaissent effectivement plutôt décalés vers l'ouest par rapport au prolongement du tracé du chevauchement frontal des Bauges (voir cliché à la page "Chambéry sud") . L'interprétation selon laquelle cette cassure aurait joué un rôle directeur lors de l'ouverture de la cluse fournit en tous cas une explication du fait que cette cluse soit orientée là presque à 90° par rapport à l'azimut moyen de la trouée des Marches (lequel fait communiquer la dépression du Grésivaudan avec celle du lac du Bourget), ce qui confère à ce grand couloir transversal son bizarre tracé en baïonnette. |
Depuis la ville de Chambéry on voit presque partout sa montagne emblématique, le Nivolet, qui donne l'impression de la dominer.
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(L'Épine) |
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