Le vallon d'Orgeval |
Le vallon d'Orgeval, assez large et garni d'alpages en son fond, est plus ou moins suspendu entre les étroits ravins boisés des vallées supérieures du Chéran au sud et de Saint-Ruph au nord. Il correspond pour l'essentiel à une combe monoclinale* ouverte dans les calcaires argileux de l'Hauterivien, entre la crête de Chaurionde à l'est (formée par le Valanginien-Berriasien de l'anticlinal d'Orisan) et à l'ouest les contreforts rocheux orientaux du chaînon de l'Arcalod (surtout formé par l'Urgonien et le Sénonien du synclinal du Pécloz). Cette combe présente donc la particularité d'être ouverte dans une succession de couches renversée. Au coeur du vallon ces couches n'affleurent guère qu'aux abords de chalets car elles sont ailleurs assez largement masquées par des épandages ébouleux provenant de ses deux versants.
image sensible au survol et au clic |
La structure de son versant oriental est très simple puisqu'elle correspond au cœur de l'anticlinal d'Orisan (voir la page "Chaurionde"). Ce dernier étant pratiquement couché vers l'ouest les couches hauteriviennes inférieures qui affleurent en rive gauche du vallon ont un pendage est très modéré.
Par contre dans le versant ouest du vallon leur pendage approche de la verticale, car on s'y trouve au voisinage de la charnière du pli. Ce versant révèle en outre, dans les couches supérieures à l'Hauterivien, un certain nombre de complications dont certaines sont peu aisées à interpréter.
Ces complications se développent dans le versant rocheux de la crête d'Urgonien qui court depuis l'Arcalod jusque aux abords septentrionaux du Mont de la Coche. (voir la page "Mont de la Coche"). On peut en analyser le dispositif en le décrivant du nord vers le sud ; on observe alors successivement les faits suivants :
-1. A la latitude du sommet de l'Arcalod les dalles de l'Urgonien supérieur qui en descendent, sont séparées par une bande d'affleurements sénoniens du piton rocheux 1873, formé d'urgonien. Cette bande de Sénonien, qui descend en s'épanouissant dans le versant nord (vallon de Bonverdan), représente le flanc oriental du synclinal du Pécloz ; mais la partie occidentale du cœur sénonien de ce pli manque parce qu'il est tranché par le décrochement de Sainte-Reine que l'on voit couper en biais le pied des dalles urgoniennes. Cette cassure se poursuit ensuite, loin au delà dans le versant nord du col d'Orgeval, pour se raccorder, au décrochement de Saint-Ruph (voir les pages "Arcalod" et "Seythenex") .
Le vallonnement qui descend au sud du piton 1873 vers le chalet d'Orgeval est déterminé par le passage de deux failles orientales sans doute satellites de ce décrochement (cassures annexes un peu moins méridiennes, du type de Riedel*) : la plus orientale fait buter le Sénonien du fond de vallon contre le prolongement de l'Urgonien du flanc oriental, décalé dans le sens dextre, qui forme le piton, plus méridional, de Banc Ferrand. Toutes deux s'engagent vers le sud pour déterminer le passage de prairies entre le piton 1873 d'Orgeval et celui 1819 du Banc Ferrand.
Ces deux pitons d'Urgonien jalonnent une bande verticale et même légèrement renversée vers l'ouest qui représente donc le flanc oriental du synclinal du Pécloz. Mais cette lame fait place rapidement, du côté est, à l'Hauterivien du col et des chalets d'Orgeval et se montre donc trop mince (moins de 100 m) pour représenter la totalité de la barre urgonienne. Le fait qu'elle est fait amputée de toute une partie de celle-ci est attibuable au passage d'une cassure peu oblique aux couches, presque N-S, la faille du vallon d'Orgeval, à laquelle se connectent à angle aigu les décrochements d'Orgeval.
-2. Au niveau du piton de Banc Ferrand ce sont les calcaires nummulitiques du cœur du synclinal qui sont mis en contact avec les dalles urgoniennes de son flanc occidental, par l'intermédiaire du décrochement de Sainte-Reine : ce dernier suit le pied de ces dalles pour rejoindre la crête principale du chaînon au nord du sommet de La Coche.
Dans les pentes qui tombent, plus au sud, depuis la petite dépression fermée (doline) de Tré-le-Mollard vers le vallon d'Orgeval on découvre que la structure de la partie orientale du synclinal du Pécloz présente des complications supplémentaires. On en trouvera ci-après la description et une tentative d'interprétation.
En premier lieu, du côté nord, la dalle urgonienne du piton de Banc Ferrand, renversée mais fortement pentée, qui se termine vers le sud, par effilement, dans les alpages d'Orgeval, à soubassement hauterivien. Elle s'avère être plaquée contre des couches hauteriviennes affleurant en contrebas sud par l'intermédiaire d'une faille également inclinée vers l'est, mais moins fortement que les couches, que l'on peut l'appeler faille de Banc Ferrand. Or ces couches hauteriviennes de la lèvre inférieure de la faille de Banc Ferrand représentent la base stratigraphique de la barre urgonienne, de même disposition, qui supporte le Mont de la Coche : ces deux successions, de même polarité, appartiennent l'une et l'autre au flanc oriental, un peu renversé, du synclinal du Pécloz : on observe donc là un redoublement de celui-ci qui est a priori énigmatique puisque la tranche supérieur est abaissée par rapport à l'inférieure.
D'autre part, du côté sud, les dalles urgoniennes des falaises que couronne le cône sénonien du Mont de la Coche sont séparées de ce dernier par le prolongement de faille du Mont de La Coche (voir la page "Mont de La Coche"), qui traverse le versant à flanc de pente en descendant doucement vers le nord. On y observe en effet que la surface de faille tranche presque orthogonalement les bancs de l'Urgonien sous-jacent et pend modérément (env. 40°) vers l'intérieur de la montagne. Les couches du Sénonien qui reposent sur cette surface de cassure lui sont d'abord presque parallèles puis se montrent, plus haut, énergiquement plissotées.
Le tracé de la faille du Mont de La Coche, quant à lui, se poursuit depuis ce sommet vers le nord, jusqu'au delà du creux de Tré le Mollard, au flanc sud de l'Aiguille du Banc Ferrand, où il bute finalement contre la faille de Banc Ferrand : ceci montre que ce dernier accident a joué plus récemment, en la recoupant.
Ces deux groupes d'observations sont à la base du schéma explicatif ci-après. Toutefois ce dernier ne rend pas compte des rapports précis entre les couches sénoniennes et celles de l'Urgonien de la lèvre inférieure de la faille du Mont de La Coche : ce sujet est examiné à la page "Mont de La Coche".
Nota : on observe au Pécloz, une disposition similaire de faille extensive basculée (mais à un moindre degré qu'ici) dans le flanc est du même synclinal (qui n'y est pas renversé mais seulement vertical) Quoi qu'il en soit l'interprétation proposée ici s'accorde avec les levés de la feuille Albertville au 1/50.000°, même si le tracé des accidents, tel qu'il est présenté ici, s'écarte assez de celui (erroné) adopté sur cette feuille dans le revers est du Mont de la Coche. D'autre part cette interprétation est sensiblement différente de celle adoptée dans mon article de 1996 (n°181), fig. 8, où les couches sénoniennes du sommet de la Coche avaient été attribuées par erreur à de l'Hauterivien (leur faciès évoque en effet ce dernier et elles reposent directement sur de l'Urgonien renversé ...). |
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Carte géologique schématique du chaînon de l'Arcalod et de ses alentours redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074 d.V = décrochement du Vélan ; d.C = décrochement du Curtillet ; f.A = faille d'Arcalod ; d.SR = décrochement de Sainte-Reine ; f.V = faille du Vargnoz ; f.S = failles de la Sambuy ; f.mC = faille du Mont de la Coche. légende des couleurs (nouvelle fenêtre) |
Aperçu global sur les Bauges orientales |
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légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 07
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