Montagne du Semnoz, val de Leschaux |
La montagne du Semnoz, qui culmine à 1699 m au Crêt de Châtillon, est un typique mont* jurassien, formé par la carapace urgonienne d'un anticlinal dont la voûte plonge doucement à la fois vers le sud et vers le nord depuis le point culminant (ce dernier correspond donc à une culmination d'axe de ce pli).
Le versant occidental du Semnoz et l'entrée aval de la cluse de Bange, vus du sud-ouest, depuis Les monts, près de Chainaz (sillon molassique en rive sud du Chéran) a.S = anticlinal du Semnoz (noter son plongement axial vers le sud) ; d.Ch = décrochement de Châtillon ; ØB = chevauchement frontal des Bauges (totalement hypothétique, voire improbable, à partir de Gruffy et plus au nord). Pour plus de détails sur les Tours Saint-Jacques et le pont de l'Abîme voir la page "Bange-cluse" |
Son flanc occidental s'enfonce apparemment sous les molasses tertiaires du sillon périalpin, mais la frange d'éboulis qui garnit son pied y masque sans doute le prolongement du chevauchement frontal des Bauges.
De fait
aux abords méridionaux d'Annecy,
entre Quintal et Vovray, une entaille d'érosion éventre
ce versant ouest du chaînon du Semnoz et le sculpte en un crêt. Elle est assez profonde pour y atteindre le niveau des
calcaires du Fontanil et montre (notamment dans les grandes
carrières de Vovray) que ceux-ci avancent en chevauchement,
en déterminant un crochon synclinal d'Urgonien, sur le
petit mont secondaire de la Montagne de Vieugy (où l'Urgonien
dessine un anticlinal).
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Cette cassure s'embranche toutefois en biais sur le versant de la montagne, de sorte qu'elle peut n'être qu'un accident secondaire, comparable à ceux que l'on observe plus au sud à la latitude de Cusy (voir la page Cluse de Bange) : on pourrait alors voir dans l'anticlinal de Vieugy un prolongement de celui du Revard et dans la faille de Vovray un équivalent de celle du Trousset.
Du côté sud le chaînon du Semnoz est limité, par
la cluse de Bange, où il
est tranché orthogonalement par le Chéran. Cette
cluse* très exemplaire donne une coupe naturelle suffisamment
profonde pour montrer, à son débouché aval,
que le flanc ouest de l'anticlinal du Semnoz est rompu par le
chevauchement "frontal" des Bauges.
Cet accident majeur cesse définitivement d'être visible,
plus au nord, dans le flanc ouest de la montagne. Il y disparaît
en effet très vite sous les formations quaternaires. De
ce fait on en perd la trace bien avant d'atteindre la latitude
d'Annecy et surtout l'on ignore s'il se poursuit ou s'il s'amortit
progressivement dans cette direction.
Le Semnoz (partie méridionale) et l'entrée amont de la cluse de Bange vus du sud, depuis la fruitière de Lescheraines. |
Coupe de la rive droite de la cluse de Bange L'orientation choisie est conforme à la vue que l'on a depuis la rive gauche (route D.911) Ø = chevauchement frontal des Bauges ; s. apl. = surface d'aplanissement qui a sectionné la voûte de l'anticlinal. |
Entre la cluse de Bange et le Crêt de Châtillon, la voûte urgonienne de l'anticlinal du Semnoz a été supprimée par l'érosion, de sorte que, comme au Revard, le rebord de falaises qui domine l'avant-pays est constitué à cette latitude par les calcaires du Fontanil, tandis que la partie sommitale voit se développer un système de combes monoclinales (à dessin d'ailleurs assez indécis), ouvertes dans l'Hauterivien. C'est un exemple du phénomène d'aplanissement des monts et crêts qui affecte nombre de chaînons occidentaux des massifs subalpins septentrionaux. (voir la page "aplanissement")
image sensible au survol et au clic Les signes de pendage soulignent le fait que les pentes
boisées orientales de la montagne sont formées par
des dalles structurales* d'Urgonien, qui s'enfoncent sous les
molasses oligocènes du flanc ouest du synclinal de Leschaux.
Ces dalles ne se poursuivent pas jusqu'à la crête
sommitale, du fait que l'érosion a aplani celle-ci en la
décapant de son Urgonien : le rebord supérieur des
dalles urgoniennes dessine des chevrons topographiques* à
la limite entre le plateau sommital, aplani
à une époque ancienne, et les versants dégagés
en suivant mieux les surfaces de strates par l'érosion
"normale" ultérieure. |
Dans cette partie médiane de la montagne son versant oriental tombe sur le large val du Col de Leschaux. Ce très large sillon, longitudinal par rapport aux plis, met en communication deux dépressions l'une et l'autre au contraire transversales aux plis, la cuvette du lac d'Annecy et la vallée du Chéran.
Le synclinal de Leschaux est rempli de terrains nummulitiques, essentiellement oligocènes, à faciès de Molasse Rouge. Il est très dissymétrique, tant du point de vue structural qu'en ce qui concerne la constitution stratigraphique de ses flancs :
- Son flanc ouest, constitué par le flanc oriental de l'anticlinal du Semnoz, est très modérément incliné ; la Molasse Rouge y repose sur une série crétacée stratigraphiquement réduite, parfois directement sur l'Urgonien par l'intermédiaire d'un niveau d'érosion continentale (minces dépôts fluvio-lacustres éocènes). Le Sénonien est plus ou moins profondément, voire totalement, enlevé par l'érosion anté-Nummulitique (c'est directement sous le Nummulitique qu'affleure sur l'Urgonien, au pont d'Entrèves la succession comportant des couches fossilifères de l'Albien.
- Son flanc oriental est au contraire subvertical, voire renversé, et rompu par un faisceau de cassures chevauchantes à vergence ouest qui peut être qualifié globalement de chevauchement du Roc des Boeufs. (voir la page "Entrevernes") La série stratigraphique est moins lacuneuse et débute avec des calcaires à Nummulites passant à des marnes et à du flysch comme dans les chaînons plus orientaux. Au niveau du Néocomien la succession visible se limite à l'Hauterivien qui affleure à l'est du chevauchement, au coeur de l'anticlinal de La Motte.
Coupe très simplifiée des Bauges occidentales en rive nord du Chéran Ø3 = chevauchement frontal des Bauges ; ØM = chevauchement du Margériaz. |
Au nord du Crêt de Châtillon, la voûte urgonienne de l'anticlinal du Semnoz se reconstitue, à la faveur de son abaissement par le décrochement de Châtillon. Mais à partir de là son axe plonge vers le nord et elle s'abaisse progressivement, jusqu'à finalement disparaître en s'enfonçant sous le Tertiaire du sillon molassique péri-alpin et sous les alluvions quaternaires dans les quartiers méridionaux d'Annecy.
Cette vôute s'accidente toutefois, au sud d'Annecy, du chevauchement de Vovray qui la sépare du pointement anticlinal de Vieugy (voir plus haut) et qui représente peut-être l'extrémité septentrionale visible du chevauchement frontal des Bauges. Quoi qu'il en soit tous ces accidents s'enfoncent vers le nord, comme l'anticlinal du Semnoz, sous le Tertiaire au NW du Lac d'Annecy. De ce fait le chevauchement "frontal" des Bauges, au cas où il se poursuivrait vers le nord au delà d'Annecy, devrait alors passer au sein des molasses du sillon périalpin (il est en particulier exclu qu'il puisse se raccorder au chevauchement du Veyrier). |
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(Rumilly, Alby) | LOCALITÉS VOISINES | Entrevernes |
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