Mont Charvin : crête et abrupts sud-orientaux |
Le Mont Charvin, qui culmine à 2409 m., est le plus méridional des sommets qui accidentent le long chaînon des Aravis. Ses abrupts orientaux tombent sur un vallonnement d'alpages installés sur les Terres Noires qui aboutit du côté sud au col de l'Arpettaz.
La coupe naturelle donnée par ces abrupts montre la présence d'une cassure dont le tracé court presque horizontalement à flanc de versant jusqu'à franchir la crête juste au nord du sommet de La Goenne. Cela veut dire que la surface de cassure de cette faille de La Goenne a une orientation faiblement oblique à celle de la crête principale du chaînon, c'est-à-dire presque N-S (légèrement NW-SE).
En outre la coupe de ce versant montre clairement un deuxième fait, savoir que le compartiment oriental de cette faille est affecté par un redoublement de la barre tithonique : on peut l'appeler le chevauchement de l'Arpettaz. Depuis le nord on voit que la surface de cassure est pratiquement horizontale et que son tracé se perd vers l'ouest au sein des couches berriasiennes après avoir sectionné la barre tithonique chevauchante qui est tordue en crochon. Il s'agit donc d'une faille compressive à vergence ouest.
Le fait que ce chevauchement semble s'amortir vers le haut sans atteindre le niveau de l'Hauterivien vient sans doute de ce que ce dernier est recoupé plus à l'ouest que la crête (puisque c'est dans cette direction qu'avançait le chevauchement). On peut en tous cas remarquer que cet accident présente
énormément d'analogies avec le chevauchement de
la Pointe Percée - Pointe
d'Areu : on peut le considérer comme un accident homologue, mais plus mineur,
créé comme lui dans la phase de compression précoce qui a
préludé aux plissements.
Vu du sud le sommet du Charvin a, comme du côté septentrional, la forme d'une belle pyramide sculptée dans les calcaires argileux clairs du Sénonien mais montre le soubassement de ces derniers. Il présente en fait une face sud du fait d'un rentrant des abrupts du chaînon qui est déterminé par la cassure E-W (d'ailleurs modeste) du Golet de La Trouye. Cette particularité topographique locale donne une coupe naturelle transversale aux couches qui montre mieux la géométrie et les rapports de la faille de La Goenne et du chevauchement de l'Arpettaz.
La face sud de la pyramide sommitale du Mont Charvin vue du sud-est, depuis les environs d'Ugine. f.gT = faille du Golet de La Trouye ; f.G = faille de la Goenne ; ØAp = chevauchement de l'Arpettaz. |
On y apprécie notamment le pendage vers l'ouest (voisin de 35°) et surtout le caractère extensif de la faille de La Goenne. Elle abaisse en effet sa lèvre occidentale (à laquelle appartient le sommet) jusqu'à mettre dans le prolongement l'une de l'autre la surface de base de l'Urgonien et celle du sommet du Tithonique : le rejet stratigraphique vertical de cette cassure correspond donc à l'épaisseur de la tranche Berriasien-Hauterivien (qui manque, du fait de la faille), c'est-à-dire à plus de 500 m ...
Il n'est peut-être pas inutile de souligner la netteté du caractère extensif de cette faille, car elle a pu être considérée par certains auteurs comme un chevauchement ... |
À partir du sommet, en direction du sud, la montagne du Charvin se prolonge par une très longue crête qui s'abaisse progressivement jusqu'au niveau de la Trouée de Faverges - Ugine. C'est d'ailleurs son aboutissement qui rétrécit cette trouée juste en aval de Marlens (voir les pages "Serraval" et "Ugine").
Les couches sénoniennes qui forment le couronnement de cette crête sud du Charvin appartiennent en fait à une grande dalle rocheuse qui est celle du flanc oriental du synclinal de Serraval et qui pend vers l'ouest avec un pendage vers l'est plutôt fort. Elles continuent sur plus de 3 km à former une crête rocheuse d'abord accidentée par les pointes escarpées des Aiguilles du Mont, dont la mise en saillie est due à deux failles transversales mineures (voir la page "Charvin ouest") . Puis ce chapeau sénonien perd de l'épaisseur jusqu'à la bosse de Probère (cotée 1867), à partir de laquelle la barre urgonienne qui les supporte se dénude en un crêt urgonien qui reste assez longuement couronné par les grès albiens.
Au pied du versant oriental, très abrupt, de cette crête des Aiguilles on perd assez longuement tracé de la faille de la Goenne. Mais il n'est que masqué sous la jupe d'éboulis qui garnit le pied des escarpements hauteriviens, car il réapparaît dans le ravin du Cudraz, peu au dessus du village de Mont-dessus : il met là en contact le Valanginien du pied des escarpements avec les Terres Noires des pentes qui descendent du col de l'Arpettaz, qui appartiennent à sa lèvre orientale.
Le couple de failles de Probère, vu du SE d'avion. f.ext = faille extensive transverse ; d.M = décrochement de Marlens. |
Par ailleurs le suivi attentif de la barre urgonienne révèle, peu au sud des Aiguilles du Mont, dans les secteur de Probère (là où le Sénonien disparaît de la crête), que sa falaise s'interrompt passagèrement. Cela résulte d'un entrecroisement de deux failles qui semble, à première vue, aboutir à surhausser un horst d'Hauterivien. En fait le contexte de la disposition des affleurements du revers de la crête porte à considérer que la faille septentrionale représente l'aboutissement sur cette crête du décrochement dextre de Marlens ; ce dernier, qui détermine l'étroit vallon de Bavay, qui monte depuis Marlens jusqu'au col de Fer, représente en fait l'ultime prolongement du décrochement de Saint-Ruph (voir la page "Serraval"). Quant à la faille méridionale c'est une cassure extensive à lèvre méridionale abaissée mais son orientation paraît, bien que plus transverse que celle de La Goenne, pouvoir la rattacher (comme celles de L'Étale) à la famille de cette dernière.
Coupe transversale au niveau du Mont Charvin
ØUH = surface de chevauchement des unités ultra-helvétiques ; ØAp = chevauchement de l'Arpettaz
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La Tulle (Charvin Ouest) | LOCALITÉS VOISINES | Flumet |
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