Les abords du sommet du Grand Som |
A/ La crête sommitale du Grand Som est formée au sud du sommet (arête de la Suiffière) par une dalle d'Urgonien inférieur et a globalement un profil en pupitre qui la fait ressembler à un simple crêt*. Mais cet aspect est trompeur car on constate que la pente qui descend vers l'est depuis le sommet est nettement moins inclinée que les couches et que, d'autre part, celles-ci ne sont pas simplement dégagées en dalles structurales par l'érosion. Au contraire on voit que cette surface du revers est de la crête, quoique relativement plane, recoupe divers accidents tectoniques.
Ce dernier fait, visible sur les clichés qui suivent, suggère qu'il s'agit vraisemblablement là d'un fragment conservé de l'ancienne surface d'aplanissement dont on trouve des témoins en divers points de Chartreuse. |
1 - Les couches sont, en premier lieu, tordues par un synclinal du Grand Som, nettement déversé vers l'ouest puisque son flanc oriental est sub-vertical et dont le coeur héberge seulement un peu de Lumachelle.
Ce pli, assez modeste se greffe en fait sur le flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux à peu de distance de la charnière de ce dernier : il semble donc constituer un repli mineur, qui n'est en outre pas en situation de prolonger le synclinal de la Pinéa, lequel se situe plus à l'ouest de cet anticlinal, et encore moins celui du Néron, encore plus occidental. |
2 - En second lieu les flancs de ce pli sont affectés de deux failles mineures :
- celle affectant le flanc ouest (F1) est de type normal (extensif) et surélève sa lèvre ouest assez pour que le sommet soit formé par les couches supérieures de la masse urgonienne inférieure. Son tracé dans le versant sud du sommet ne se suit vraiment qu'au dessus du sentier qui rejoint la Pas de la Suiffière depuis le Racapé.
Coupe des abords immédiats du sommet du Grand Som F1 est une faille extensive, sans doute anciennes, d'âge aptien. représente la terminaison méridionale du chevauchement du Sangle (voir la page Grand Som nord) |
- celle qui recoupe le flanc oriental ( sur les schémas = Øs sur les clichés) est de type chevauchant : il s'avère qu'elle représente la terminaison vers le sud le chevauchement du Sangle qui se développe plus au nord sur la crête septentrionale du Grand Som : au sud du sommet l'Urgonien (chevauchant), puis la Lumachelle (chevauchée), disparaissent l'un comme l'autre "en l'air", simplement parce qu'ils sont enlevés par l'érosion.
Les pentes situées immédiatement au nord-est du sommet (rocher coté
1976) montrent en outre que les
affleurements de Lumachelle de l'échine terminale sont affectés par une
faille extensive (F2) qui abaisse
son compartiment ouest d'une petite dizaine de mètres. Son azimut identique à celui de F1 et son rejet
de sens opposé portent à penser qu'elle doit représenter une faille
de la famille conjuguée* à cette dernière. Cette
cassure, très mineure, date probablement d'un épisode d'extension
très ancien, d'âge aptien, car son miroir de faille
est enduit d'une brèche à ciment de Lumachelle (elle
s'apparente en cela aux failles du col de Belle fond).
Ces complications de détail sont analysées dans la publication n° 165. |
B/ Le versant ouest
du sommet du Grand Som est doté d'abrupts et de ravins qui en laissent analyser la structure assez en détail.
Le point fondamental de cette structure est que ce versant est traversé par le chevauchement de la Chartreuse orientale dont le tracé descend en biais du nord vers le sud. Ce grand accident s'intercale
là entre deux plis à allure
de crochons, l'anticlinal du Grand Som et le synclinal de Mauvernay,
et a pour effet d'étirer en flanc inverse les couches raccordant ces deux plis : c'est là une disposition qui correspond typiquement au schéma
classique d'un pli-faille*.
Coupe passant par le sommet du Grand Som (figure agrandissable) Interprétation de la photo ci-dessus. Pour plus de détails et pour les explications qu'appelle cette coupe, voir le fascicule n°1 |
A la latitude du col de Mauvernay, l'arête qui descend de l'antécime 1984
donne une coupe naturelle accessible par les prairies. On y voit apparaître
sous le chevauchement de la Chartreuse orientale une lame d'Urgonien,
épaisse de quelques dizaines de mètres, qui s'éloigne de plus en plus vers le sud du pied de la
falaise principale. Il s'agit du flanc oriental du synclinal
de Mauvernay, dont le flanc opposé n'est autre que le flanc oriental de l'anticlinal chartreux médian..
Ce flanc de pli, faiblement renversé, est masqué plus au nord
sous le compartiment chevauchant formant les abrupts supérieurs de la montagne. Mis à nu ici, il s'y révèle biseauté par le chevauchement car on n'y trouve qu'une barre
d'Urgonien supérieur (garnie de Lumachelle à sa base). En outre il se montre
tronçonné par des failles sub-horizontales qui sont
à l'évidence des failles de Riedel* branchées
sous la surface de chevauchement et qui, par leur sens de rejet, contribuent à l'étirement de ce flanc inverse.
Le revers sud du col de Mauvernay, vu du sud, depuis les pentes de rive gauche du ravin du Rialet (alt. 1800). s.M = synclinal de Mauvernay : sa charnière est visible dans le Sénonien ; a.gS = anticlinal du Grand Som : sa charnière est visible dans l'Hauterivien au fond du ravin (emplacement désigné par l'astérisque). Ø3 = chevauchement de la Chartreuse orientale ; R = failles secondaires, "de Riedel"* qui débitent la lame urgonienne du flanc inverse, en déterminant des surplombs sur son versant ouest. ce cliché correspond à peu près au schéma du fascicule n°1C |
Au dessus de la lame urgonienne qui le traverse, le ravin du Rialet met à nu, au pied des abrupts qui tombent du sommet même du Grand Som, les couches de l'Hauterivien. Elles y décrivent une belle charnière anticlinale, qui est celle de l'anticlinal du Grand Som (pli dont la charnière est en fait très rarement observable ailleurs).
|
Carte des alentours du sommet du Grand Som (avec tracés des sentiers) FN = faille extensive ("normale") du sommet = F1 sur la coupe. 2 = chevauchement du Sangle |
|
|
|
couvent de la Chartreuse |
|
col du Cucheron |
|
|
|
|
Grand Som sommet |
|