Saint-Pierre-d'Entremont |
Ce village, chef-lieu de la Chartreuse septentrionale, se trouve au carrefour de la cluse* du Guiers Vif et du sillon de la Chartreuse orientale (qui est constitué ici par la vallée du Cozon au nord et celle de l'Herbetan au sud). Il se situe au sein de l'ensemble structural de la Chartreuse orientale, où il est logé au coeur du synclinal du Sappey, plus précisément sur les couches de passage entre les marno-calcaires du Berriasien et les marnes de Narbonne (mais ces dernières n'affleurent pas au village même).
Les pentes inférieures de la dépression de Saint-Pierre-d'Entremont sont en effet tapissées par des alluvions fluvio-glaciaires, à cailloutis et à gros blocs (parfois avec lits sableux ou limoneux), qui affleurent en divers point dans les entailles de route ou de torrents.
On note que ces alluvions contiennent des éléments "exotiques", de provenance extérieure au massif chartreux, mais qu'elles ne dessinent nulle part de crêtes morainiques. La raison en est qu'à l'époque du maximum d'extension du glacier d'âge wurmien (qui a transporté ces matériaux) les trois vallées situées en amont de Saint-Pierre-d'Entremont (Cozon, Guiers Vif et Herbétan) devaient constituer une dépression lacustre qui était obturée par la glace qui occupait la vallée du Guiers à l'aval de Saint-Pierre-d'Entremont. Les produits, proprement morainiques, de la fonte de la glace s'y répandaient dans l'eau et se mêlaient plus ou moins à ceux provenant des ruissellements de pentes et à ceux amenés par les eaux de fonte issues de la langue glaciaire qui occupait la dépression d'Entremont-le-Vieux (cette dernière y parvenait, grâce à une diffluence* du glacier isérois, par dessus le col du Granier). |
Le village est dominé au nord-ouest par les abrupts urgoniens de la Roche Veyrand, qui appartiennent à la Chartreuse médiane. Mais ses pentes septentrionales en sont séparées par une faille NE-SW, le décrochement de l'Alpette. Le tracé de celui-ci, qui passe à mi-pente (lieu-dit "Sous La Roche"), est souligné par le contraste des abrupts supérieurs avec les pentes de prairies installées en contrebas : celle-ci sont en effet constituées par des couches marno-calcaires berriasiennes qui y sont surélevées par le chevauchement de la Chartreuse orientale.
Croquis tectonique perspectif du secteur de Saint-Pierre-d'Entremont - La Fracette AE = anticlinal de l'Écoutoux ; Ss = synclinal du Sappey ; AP = anticlinal de Perquelin ; DA = décrochement de l'Alpette ; Ø3 = chevauchement de la Chartreuse orientale. Sur ce schéma on a délibérément omis de représenter les multiples accidents secondaires, pour ne donner qu'une vue simplifiée des traits majeurs de la structure. |
En fait l'accident majeur du décrochement de l'Alpette est accompagné par toute une gerbe de cassures satellites qui se branchent à tour de rôle, du côté nord-ouest, sur la cassure principale (conformément au schéma de Riedel). Elles s'engagent dans les couches du flanc oriental de l'anticlinal de la Chartreuse médiane et s'y amortissent progressivement, plus ou moins loin vers l'ouest (mais on ne les observe pas au delà du rebord urgonien du crêt de la Roche Veyrand).
Dans ce faisceau de cassures deux sont particulièrement importantes car elles se prolongent jusqu'à affecter loin vers le SW le domaine de la Chartreuse médiane (voir la page "La Ruchère"). La plus septentrionale est le prolongement direct de la faille de l'Alpette : on la suit jusqu'au hameau des Reverdys à La Ruchère ; l'autre, plus méridionale de 600 m, est la faille du Pas Dinay, qui se prolonge quant à elle jusqu'aux prairies de Riondette, au sud de La Ruchère.
Ces observations sont significatives pour qui cherche à comprendre le fonctionnement des décrochements de Chartreuse. En effet on voit sur cet exemple, qui est celui du décrochement majeur le plus septentrional du massif, que ce décrochement de l'Alpette : Cela veut dire que l'effort qui a créé ces accidents a été appliqué à partir du bord oriental du massif et que son effet a été absorbé vers l'ouest avant le bord opposé du massif : ce dernier point implique qu'il a dû s'y traduire par une torsion d'ensemble de sens horaire. Cette déformation, progressive et sans rupture des couches, est observable : elle correspond clairement au pivotement qui a été permis par le rejet, croissant du nord vers le sud, du chevauchement de la Chartreuse occidentale (faille de Voreppe) (voir à ce sujet la page "Chartreuse : voisinage"). |
Carte structurale des pentes de rive droite du Cozon entre Saint-Pierre-d'Entremont et la Roche Veyrand. Le détail des affleurements n'est pas représenté, afin de mieux faire ressortir la disposition cartographique des principaux accidents. A titre de repères permettant d'apprécier le décalage introduit par chacune des fractures on a marqué d'un figuré grisé soutenu le niveau des couches à Orbitolines et d'un grisé plus léger l'ensemble des couches ("L+S") plus récentes que le sommet de l'Urgonien. Enfin la lame d'Urgonien broyé (Ub) marquant le flanc inverse étiré du pli-faille frontal de la Chartreuse orientale est figurée par un grisé très sombre. On remarquera la manière dont les failles de décrochement secondaires apparaissent à tour de rôle d'est en ouest, en se branchant sur la faille principale d.A. Cette dernière finit par se subdiviser à son tour en 2 branches (d.A1 et d.A2), là où l'essentiel du déplacement se trouve transféré, en utilisant sans doute en grande partie la surface même de chevauchement (Ø3), à la faille du Pas Dinay (d.D), qui devient à ce niveau la faille de décrochement principale. DP = branche de décrochement du Pin ; d.R3 , d.R2 et d.R1 = les trois branches de décrochement de Sous La Roche. |
La vallée du Guiers Vif en aval de Saint-Pierre-d'Entremont coupe tranversalement
les lignes structurales. La route D520c, qui suit sa rive gauche en encorbellement, offre une coupe naturelle que le versant opposé ne permet pas d'observer en raison des alluvions qui la masquent : elle est étudiée à la page "Petit Frou".
|
|
|
Petit Frou | LOCALITÉS VOISINES | Pinet-Alpette |
|
|
|
|
Saint-Pierre d'Entremont |
|