le vallon et les crêtes de Dourmillouse
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la bordure sédimentaire sud-orientale du massif des Écrins
Le vallon de Dourmillouse (parfois orthographié "Dormillouse") correspond au cours supérieur de la Biaysse, affluent de rive droite de la Durance au niveau de La Roche-de-Rame et en amont de Freissinières. L'érosion y a ouvert une boutonnière*
qui fait apparaître le socle cristallin sous la couverture
sédimentaire autochtone du revers oriental du gros dôme structural dont les roches cristallines du cœur forment le massif des Écrins.
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Le vallon de Dourmillouse, vu de l'ouest depuis le Roc Diolion (entre col de Freissinières et Grand Pinier) (cliché original obligeamment communiqué par Mr. D. Cayron)
Cette vue, prise d'amont depuis la crête de partage des eaux avec le bassin du Drac, met bien en évidence l'épaisseur de la succession des Grès du Champsaur. Les couches de base de cette succession nummulitique, formées de calcaires ou de conglomérats suivis de marno-calcaires, déterminent une vire peu inclinée qui ceinture et couronne les escarpements de gneiss mylonitiques (de type Lavey) mis à nu par la bouronnière d'érosion. Le Trias, formé de dolomies recouvertes par des spilites, n'a été respecté par l'érosion anté-nummulitique que dans moitié est de la boutonnière : c'est sur un replat garni par ces dolomies que sont construits les hameaux de Dourmillouse.
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Cette couverture sédimentaire est presque uniquement
formée par l'épaisse série du Nummulitique (en majeure partie formée de flysch gréseux), dont les escarpements ceinturent
le vallon presque de toutes parts et culminent au nord à
la Tête de Soulaure et au sud au Grand Pinier.
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Le vallon de Dourmillouse vu d'enfilade, de l'est, d'avion, depuis l'aplomb de Freyssinières (cliché original obligeamment communiqué par M. Alexandre LAMI).
Tirets rouges = interface
cristallin-sédimentaire (surface de la pénéplaine
anté-triasique) ; tirets jaunes = surface de transgression du Nummulitique. Ncgl+c = couches
de base (conglomérats et calcaires) de la succession nummulitique.
Le Nummulitique repose ici sur une surface d'érosion qui
avait mis a nu le socle cristallin au nord-ouest du hameau de
Dourmillouse, mais respecté de plus en plus épais
de la couverture mésozoïque à l'est : on est
donc ici à la limite proprement dite du massif cristallin
tel qu'il avait émergé avant la transgression nummulitique.
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La bordure orientale de la boutonnière de Dourmillouse : vue d'ensemble depuis les pentes septentrionales du col des Terres Blanches.
Ngi = niveaux inférieurs, alternant schistes et grès ; Ng = niveaux gréseux prédominants ; Ns = niveaux supérieurs à prédominance de schistes ; Nol
= formation olistolitique terminale des grès du Champsaur.
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Ces alternances de bancs de grès et de schistes argileux sont d'autre part affectées par une succession de plis dissymétriques, déversés vers le SW qui se sont formés par froncement à l'occasion de la déformation, par cisaillement progressif (sans décollement) de cette couverture sédimentaire par rapport au socle cristallin.
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La crête et le vallon de Dourmillouse vu du sud, depuis le col des Terres Blanches.
Tirets rouges = interface
cristallin-sédimentaire (surface de la pénéplaine
anté-triasique) ; tirets jaunes = surface de transgression du Nummulitique.
Ncgl+c = couches
de base (conglomérats et calcaires) de la succession nummulitique.
La suite de la succession nummulitique comporte des schistes argileux
à faisceaux de bancs de grès parfois épais
mais s'effilant latéralement, surmontés par une
alternance régulière de bancs de grès et
de schistes (= flysch gréseux). Elle se termine par des
schistes à bancs de grès minces ou absents (= flysch
schisteux).
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Coupe d'ensemble, schématique, le long de
la crête de Dourmillouse
(dessinée à partir du panorama du versant sud de
la vallée du Fournel); extrait de P. Plotto,1977 (retouché)
SB = unités sub-briançonnaises ; f.M = faille de Méollion
voir le schéma
interprétatif de la formation des plis // déformation microtectonique des différents niveaux
de la coupe.
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On les observe surtout sur le versant adret" (rive gauche) de la vallée, dont l'orientation WSW - ENE n'est pas très loin d'une orthogonale à leur orientation axiale. On trouvera, ci-après, deux agrandissements de certains
détails du cliché ci-dessus : ils témoigne de l'accroissement du cisaillement, du SW (1° cliché) en direction du NE (second cliché), qui s'exprime par des plis plus couchés.
D'ailleurs, plus au SW encore, aux abords du col de Freissinières, plusieurs plans axiaux deviennent même presque verticaux (voir la crête Estaris - Martinet à la page "Estaris").
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Deux portions de la partie occidentale de la crête
de Dourmillouse vue du sud, depuis le col des Terres Blanches.
La coupe naturelle du versant montre, pratiquement
en coupe transversale à leur axe, quelques uns des plis
du flysch nummulitique.
paA = plan axial d'un anticlinal ; paS = plan axial
d'un synclinal ; noter la multiplicité de plis de plus
petite longueur d'onde qui complique le dessin du synclinal du
bord gauche du cliché.
Noter que les plans axiaux sont plus couchés (flancs courts
plus éloignés de la verticale) sur le cliché
du bas, qui montre une portion immédiatement plus orientale
de la crête : on observe là le passage progressif
de plis fortement déversés à des plis modérément
couchés.
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D'autre part, si l'on essaye de suivre les faisceaux de bancs gréseux, on s'aperçoit qu'ils se biseautent latéralement et s'effilent au sein des schistes argileux : c'est le résultat de leur processus de formation, par dépôt d'avalanches sous-marines, qui est celui des flyschs.
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La partie septentrionale de la crête des Uvernaus,
au sud de Dourmillouse vue du sud-ouest, depuis le col des Terres Blanches.
La coupe naturelle du versant montre les passages latéraux
par indentations, entre les faciès argilo-schisteux et
les faciès gréseux (flysch)
de la succession nummulitique.
Les triangles rouges indiquent les endroits où les faisceaux
de bancs gréseux se terminent, vers le sud, au sein des
marnes : il s'agit de l'extrémité de turbidites*,
qui provenaient donc d'un secteur plus septentrional. On remarque
que, d'un faisceau au suivant ,on a systématiquement une
rétrogradation du point atteint par les turbidites (ce
qui est un signe de réduction des apports terrigènes
grossiers). Il en résulte que, du nord (gauche) vers le
sud (droite) la limite entre la formation du Flysch du Champsaur
et celle du Flysch schisteux supérieur est de plus en plus
ancienne (c'est un exemple remarquable de "diachronisme"
des formations).
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cartes géologiques à 1/50.000° (*) à consulter : feuilles Orcières
et Guillestre


légende
des couleurs
pour la périphérie sud-est
Carte géologique simplifiée des montagnes du Fournel et de Dourmillouse.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus à l'ouest : Champoléon
plus au sud : Orcières
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