chaînon de Clouzis |
Le chaînon N-S de Clouzis sépare la vallée d'Ailefroide de celle de Chambran et se reccorde du côté septentrional aux crêtes de l'Eychauda par le sommet de la Pointe des Arcas (3479). La profonde coupe naturelle de son versant occidental, qui constitue la rive gauche de la vallée du torrent de Saint-Pierre en amont d'Ailefroide, y met en évidence deux groupes de cassures qui affectent profondément le socle cristallin en même temps qu'elles décalent la surface de la pénéplaine anté-triasique.
- Les plus importantes et les plus visibles, car elles déterminent les profonds ravins du Riou de Dormillouse et du Rif du Fraysse, sont sensiblement orientées NE-SW et elles ont une composante de rejet vertical qui soulève leur lèvre nord-occidentale. Le contexte général montre que la seconde de ces failles a joué tardivement, d'ailleurs en décrochement, lors des déformations post-nummulitiques (voir le schéma explicatif général).
- Celles du deuxième lot, moins marquées dans la topographie, s'y repèrent à ce qu'elles y occasionnent un décalage de l'interface gneiss-granite, laquelle est surélevée dans le compartiment oriental. Leur prolongement méridional, plus bas au sein du granite, s'y repère par les bandes de mylonites* qu'elles ont engendrées, que l'on suit jusqu'au delà de la Tête de la Draye, sur la rive nord-ouest du Rif du Fraysse. Leurs tracés courent N-S à flanc de versant en ne se rapprochant que lentement du fond de la vallée. Ces caractéristiques indiquent qu'il s'agit de failles compressives, de chevauchement.
L'envers de cette coupe naturelle est observable pour sa partie droite à la page "Chambran" (faille du Rif du Fraysse) et pour sa partie centrale aux pages "Eychauda" et "Tabuc". Dans cette dernière page il semble que le chevauchement du Pic du Rif réapparaisse brièvement en rive droite du vallon du Tabuc dans les abrupts nord du Dôme du Monêtier, où il bute contre de la faille de Dormillouse. Au delà, en rive gauche de ce vallon il semble inévitable que les chevauchements de Clouzis se poursuivent par les chevauchements des Têtes de Sainte Marguerite (ceci au prix du décalage dextre qui caractérise le rejet horizontal de la faille de Dormillouse). |
L'analyse des caractères de ces cassures de chevauchement montre qu'elles sont orientées NE-SW, avec un sens de déversement vers le nord-ouest Le fait qu'elles sont tranchées, du côté sud, par la faille du Rif du Fraysse (cassure principale de l'accident d'Ailefroide) porte à y voir des accidents anté-nummulitiques.
Le versant occidental de la crête de Clouzis septentrionale, vu d'avion depuis l'ouest. (cliché original obligeamment communiqué par M. A. PÊCHER). ØR = chevauchement du Pic du Rif ; f.D = faille de Dormillouse. Les demi flèches indiquent le sens de rejet des cassures. Les charnières soulignent le rebroussement des couches, en "crochon"*, induit par le rejet horizontal du chevauchement. "tn" = Terres Noires ; "Jm" = calcaires et schistes du Jurassique moyen (voir la page "Eychauda"). |
La faille du Riou de Dormillouse, qui marque partie septentrionale du chaînon de
Clouzis, est analogue à la faille du Rif du
Fraysse en ceci qu'elle a un très fort pendage vers le sud, qu'elle est
orientée NE-SW et que son rejet consiste en un abaissement d'un
millier de mètres de son compartiment méridional. Cette cassure majeure tranche de façon très claire la surface de chevauchement de l'écaille
du Rif, au col de Séguret Foran : elle est donc, comme
l'accident d'Ailefroide, postérieure
à la formation des écailles anté-nummulitiques. Il est donc à
présumer qu'elle a aussi joué un rôle similaire,
de décrochement dextre, lors des déformations post-nummulitiques.
Elle se poursuit du côté oriental de la crête,
dans les abrupts occidentaux de la crête des Grangettes,
en rive droite du haut vallon du Grand Tabuc
mais son tracé se perd, plus au nord-est, sous les éboulis
du fond de ce vallon, où elle devrait vraisemblablement
suivre à peu près le long du cours inférieur
du Grand Tabuc : il est possible qu'elle y occasionne effectivement
un décalage horizontal dextre du tracé de la surface
de transgression du Nummulitique, puis de la surface de charriage
du sub-briançonnais. Toutefois les éléments
fournis par la cartographie restent à cet égard
ambigüs (cf. carte
géologique au 1/50.000°, feuille Briançon).
L'importance majeure de cette faille se manifeste également par le fait qu'elle se prolonge, semble-t-il, sur la rive opposée de la vallée d'Ailefroide, jusqu'au coeur même du massif des Écrins, en traversant la face nord du chaînon du Pelvoux, pour se raccorder à la faille de Coste Rouge qui limite la face nord des Pics d'Ailefroide (cf. carte géologique au 1/50.000°, feuille Saint-Christophe). |
Le versant occidental du chaînon de Clouzis vu de l'ouest, depuis les pentes orientales du Mont Pelvoux (interprétation du cliché ci-dessus) Ce dessin est extrait de l'ouvrage de Paul Gidon (1954), qui décrivait pour la première fois les cassures du chaînon de Clouzis. Il a été légèrement retouché en ce qui concerne la désignation des chevauchements, car l'écaille des Grangettes y était alors appelée "écaille de l'Eychauda". (il est donné ici à titre anecdotique, pour le plaisir personnel de l'auteur du site Geol-Alp, car c'est un des premiers dessins produits par sa plume, encore balbutiante, qui ait été publié...) |
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Mont Pelvoux |
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Clouzis |
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