La bordure occidentale du Plateau d'En-Paris |
pentes d'alpages en rive gauche (orientale) de la basse vallée du Ferrand
Du côté occidental les alpages du plateau d'En-Paris s'abaissent jusqu'au thalweg du Ferrand par une succession de molles
croupes entaillées de ravines où se développe
la succession qui va du Lias inférieur (relativement
peu épais) au Bajocien. L'épaisseur apparente de ces couches s'y montre accrue par des répétitions résultant de leur plissement.
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Le versant de rive gauche du bas vallon du Ferrand, vu de l'ouest depuis la Croix de Cassini.
f.C = faille du Chambon ; f.Pn = faille des Prés nouveaux.
L'échine herbeuse qui court de la Côte Essuite à la Surre Saroi cache la dépression du plan du Rif Tort, ainsi que la butte de socle cristallin du plateau d'En-Paris, qui en ferme l'extrémité sud : seul dépasse le tout sommet de ce dernier.
Noter les splendides "V topographiques*" que décrivent les contours stratigraphiques à la traversée des talwegs, notamment en aval de Besse.
N.B. : On a désigné par "Aal inf" les calcaires argileux gris en bancs métriques qui arment le crêt qui s'élève depuis Besse jusqu'au col Saint-Sébastien (ils y sont disposés à l'envers avec un pendage de l'ordre de 70°). En effet ils possèdent tout-à-fait le faciés bien connu plus au sud (depuis le Beaumont jusqu'à Digne) comme typique de la base de l'Aalénien : c'est sans doute dans leurs niveaux basaux (de passage aux calcschistes toarciens) qu'ont été récoltées les formes du genre Dumortieria qui ont fait rapporter ici ce niveau calcaire au Toarcien sommital, noté "l8" sur la carte au 1/50.000°.
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La vue ci-dessus montre le rubanement des contours du versant de rive gauche de la vallée du Ferrand, qui résulte de ce que son entaille est sensiblement de même orientation que celle des couches. Le ravin de Besse (cliché ci-dessous) coupe au contraire ces dernières de façon presque perpendiculaire.
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Les ravins des alpages de Besse, vus du sud depuis le col de la Maison Coing (route pastorale d'En Paris).
Les torrents affluents de rive gauche du Ferrand, qui drainent les alpages de Besse, donnent une coupe transversale de l'ancien hémigraben du Ferrand, à la faveur de laquelle sont mis en évidence les replis et redoublements qui affectent son contenu.
f.C = faille du Chambon ; f.Pn = faille des Prés nouveaux ; ØuD = surface de chevauchement de la zone ultradauphinoise ; "Aal inf" = calcaires gris de l'Aalénien inférieur ; "To inf" = calcaires roux du Toarcien inférieur.
Les deux charnières anticlinales du col Nazié et de la Quarlie sont réellement observables ; elles semblent représenter le prolongement vers le nord de l'anticlinal de la Grande Clapière (voir cliché suivant). Par contre il est moins évident que la bande de Toarcien du versant ouest du col Nazié représente un repli synclinal pincé (ce que laisse penser la carte géologique La Grave).
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La coupe de la gorge de la Romanche, en rive septentrionale de la retenue du
Chambon, donne de ce versant une coupe naturelle, également perpendiculaire aux couches, qui permet d'en analyser la structure. Cette dernière est
caractérisée par la présence d'un faisceau
de plis pris en pincement entre la faille du Chambon à
l'ouest et une autre grande cassure, verticale et de rejet opposé,
que l'on peut appeler faille de La Pisse car elle est suivie
par le ruisseau et la cascade de ce nom.
Cette cassure est d'âge jurassique car sa lèvre
supérieure (orientale) montre une série liasique
réduite au niveau du Lias calcaire, ainsi qu'une lacune
du Toarcien. Son tracé se perd vers le nord sous la couverture
sédimentaire de l'hémigraben, qui la cachète
; vers le sud on la suit, par le haut vallon de la Selle et la
Tête de la Toura, jusqu'à Saint-Christophe-en-Oisans. |
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Les hautes pentes de rive droite de la Romanche en amont du Chambon vues du sud-ouest, depuis l'échine des Clots, au sud-est de
Cuculet (vue prise presque dans l'axe des plis).
f.P = faille de La Pisse ; a.gC = anticlinal de la Grande Clapière.
Cette coupe naturelle de l'hémigraben du Ferrand,
au bord occidental du plateau d'En-Paris, permet de constater
le même assemblage de déformations que dans les autres
dépressions sédimentaires de l'Oisans. On y observe
en effet des plis serrés à plans axiaux subverticaux
(partie basse de la coupe), qui sont tordus par un cisaillement
vers l'ouest de leurs parties hautes (ici au dessus d'une ligne
joignant l'Alp-du-Pin au Clot du Pertuis).
Noter le caractère dysharmonique* de l'anticlinal de la Grande Clapière, par rapport à la surface de la pénéplaine anté-triasique (en rouge) qui dessine un simple pli en genou.
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Interprétation tectonique du versant de rive gauche de la vallée du Ferrand,
à partir des données de la carte géologique,
feuille La Grave, retouchées d'après les observations de M. GIDON.
Deux coupes se complétant, la supérieure au nord de Besse et l'inférieure au niveau de l'entaille naturelle de La Romanche.
Elles montrent, du bas vers le haut, la torsion des prolongements dans la couverture des failles verticales du socle (qui sont rabattues vers l'ouest) et le rabattement vers l'ouest des plans axiaux des plis. Cette géométrie atteste d'un déplacement différentiel de la couverture vers l'ouest par rapport au socle.
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La faille des Prés Nouveaux (= CC sur le schéma structural de la
feuille La Grave) est la structure la plus haute qui accidente le versant de rive gauche du Ferrand.
Elle a un faible pendage ce qui suggèrerait un chevauchement, mais elle fait reposer l'Aalénien sur du Lias calcaire (ce qui traduit au contraire un rejet extensif). .
L'explication de ce paradoxe est que
cette faille, originellement extensive, a été déformée en un "faux chevauchement"
par un déplacement vers l'ouest affectant la couverture du plateau d'En-Paris, décollée et cisaillée dans sa masse. Cet accident atypique est donc le résultat
d'un écrêtage du sommet du bloc cristallin d'En-Paris
par le cisaillement tangentiel qui affecte l'ensemble de la couverture au dessus du socle (voir fig. 3 du schéma ci-dessous).
C'est donc là un exemple très illustratif de ce phénomène général, qui est
analysé dans l'article sur la déformation des massifs cristallins externes.
En fait elle s'avère être le prolongement, dans la couverture sédimentaire, des failles extensives qui affectent la voûte du bloc d'En Paris : l'Aalénien
y repose en effet sur des copeaux de Lias calcaire et de Trias qui se raccordent à la série liasique très réduite qui garnit le sommet et le revers oriental de ce bloc (voir la page "En-Paris est")
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Les basses pentes de rive droite de la Romanche en amont du Chambon vues du sud, d'avion depuis l'aplomb de la Belle Étoile.
f.C= faille du Chambon ; a.gC = anticlinal de la Grande Clapière ; f.P = faille de La Pisse ; f.Pn = faille des Prés Nouveaux.
Cette vue, prise de plus haut, montre mieux les rapports avec les secteurs voisins, mais elle est plus oblique à l'axe des structures, sauf en ce qui concerne la faille de La Pisse ; noter la torsion de la surface de cassure de cette faille, résultat probable d'un "emboutissage de ses deux lèvres lors des serrages tardifs.
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La disposition des couches entre le vallon Ferrand et le plateau d'En-Paris répond clairement
au schéma général d'une déformation
compressive qui a agi en cumulant deux processus :
-
un écrasement de la couverture sédimentaire remplissant l'hémigraben,
entre deux mors constitués par les blocs de socle encadrant
ce dernier ;
-
un
cisaillement des
parties hautes de cette couverture, ainsi éjectée, qui est alors entrainée vers le nord-ouest par rapport à son socle
cristallin.
version plus grande de cette image
Schéma interprétatif général
de la déformation des hémigrabens des massifs cristallins
externes
spécialement inspiré par les exemples des "synclinaux"
de Bourg-d'Oisans, de la Muzelle, de la Vaurze et de Morges (l'orientation
est celle de ces deux derniers ; ici la coupe devrait être
orientée W-
E).
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aperçu sur la vallée de
la Haute Romanche
aperçu général sur le massif
des Écrins // aperçu général sur le massif
des Grandes Rousses
cartes géologiques à
1/50.000° (*) à consulter : feuille La Grave
Carte géologique simplifiée du versant septentrional de la Romanche en aval de La Grave
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
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