La haute vallée de la Romanche : vue d'ensemble |
La vallée supérieure de la Romanche, en amont de Bourg-d'Oisans jusqu'au col du Lautaret, suit grossièrement la limite septentrionale des affleurements du socle cristallin de l'Oisans ; mais son tracé, presque rectiligne d'est en ouest, l'amène à traverser à tour de rôle les divers hémigrabens à remplissage sédimentaire et blocs basculés de socle cristallin qui s'y succèdent en conférant un tracé sinueux à cette limite entre socle cristallin et couverture sédimentaire.
A/ Tectonique alpine du socle cristallin :
Le bloc des Grandes Rousses, qui se prolonge, en Oisans proprement dit, par le groupe du Rochail - Lauvitel est traversé au prix d'une entaille peu profonde, à la faveur d'un ensellement de la voûte du socle cristallin. La surface de la pénéplaine anté-triasique est ainsi visible sur une bonne partie du trajet routier de la N.91, en particulier sous le village d'Auris. Du côté est ce bloc est limité par une cassure bordière que l'on peut appeler faille du Chambon car elle passe exactement au barrage du Chambon : les appuis de ce barrage sont formés par le cristallin du bloc des Grandes Rousses, tandis que la retenue se blottit dans les schistes argileux du fond de l'hémigraben du Ferrand.
Le bloc d'En-Paris
est, par contre, profondément entaillé en gorges
(la "combe de Malaval" dont les abrupts septentrionaux
surplombent de près de 1000 m), dont on sort du côté
amont pour rentrer, à La
Grave, dans l'hémigraben d'Arsine.
Le tracé de l'accident limite est décalé
en baïonnette, par l'important chevauchement de la Meije,
qui le reporte vers l'est, jusqu'à Villar-d'Arène.
Le cours de la Romanche suit, alors en direction du sud, au flanc
ouest de la dépression sédimentaire d'Arsine, le
tracé de cette paléofaille, puis s'engage dans le
socle cristallin de la Meije, où se trouve sa source.
Ce bloc plonge doucement vers le nord et s'enfonce dans cette
direction sous sa couverture, qui forme les crêtes du Pic
du Mas de La Grave. L'ablation de cette couverture sur une assez
large zone, immédiatement au nord du rebord des gorges
de la Romanche a dénudé l'ancienne surface de la
pénéplaine anté-triasique, qui forme ainsi
les éléments de surfaces presque planes (mais dénivelés
par des petites cassures) constituant le plateau d'En-Paris.
Le socle cristallin revient au jour plus à
l'est, dans le massif du Combeynot que la N.91 contourne
par le nord en passant dans sa couverture sédimentaire
au col du Lautaret.
Ce massif correspond à la partie occidentale d'un bloc
jurassique dont on ne connaît pas l'abrupt oriental. En
effet l'érosion et la reprise de sédimentation d'âge
nummulitique font que les terrains de cet âge reposent (en
transgression*) sur le socle cristallin sur tout le versant
est de ce massif.
En fait ce bloc est à la fois basculé vers l'ouest
par dessus le contenu de l'hémigraben d'Arsine (la surface
de la pénéplaine anté-triasique est renversée
sur toute sa bordure ouest) et refoulé en chevauchement
vers le nord par dessus le Jurassique du col du Lautaret. Mais
ce dernier mouvement n'affecte pas les couches nummulitiques qui
affleurent sur le versant est du col, ce qui atteste de ce qu'il
s'agit là d'un chevauchement
anté-nummulitique.
A/ Tectonique de la couverture sédimentaire :
En aval de La Grave l'érosion a déblayé
trop profondément la couverture sédimentaire pour
que l'on puisse en voir autre chose que la partie inférieure
plaquée sur la pente ouest des blocs basculés ou
pincée au fond des hémigrabens. Ce dernier cas est
notamment bien illustré par les environs amont du barrage
du Chambon.
En amont de La Grave,
par contre, depuis le revers nord du plateau d'En-Paris jusqu'au
col du Lautaret les affleurements de couverture sédimentaire
mésozoïque se développent largement en montrant
un empilement de plis couchés et de chevauchements. Il
s'agit là d'un domaine "parautochtone"*
(c'est-à-dire fortement tectonisé mais néanmoins
assez modérément transporté) que l'on rattache
à la zone ultradauphinoise*.
Mais cette zone d'affleurements sédimentaires mésozoïques
s'étrangle vers le sud, à partir du Lautaret,
entre le socle cristallin et le flysch nummulitique autochtone
des Aiguilles d'Arves. Elle ne représente en fait pas autre
chose que la couverture de la partie orientale du massif du Pelvoux,
affectée d'un déplacement relatif vers l'ouest de
ses parties hautes.