Chaînon du Rochail et vallée de la Malsanne |
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Le chaînon du Rochail s'intercale
entre la vallée du Vénéon
et le massif du Taillefer. Du point de vue géologique
il représente le prolongement méridional du flanc
ouest du bloc basculé des Grandes
Rousses.
À ce titre il englobe le vallon du Lauvitel
(bien, que ce dernier soit un affluent de rive gauche du Vénéon)
et ne peut être disjoint des vallées de la Lignarre (Ornon) et de la Malsanne (Chantelouve,
Le Périer) qui sont
les deux tronçons successifs de la dépression
du col d'Ornon, où la couverture sédimentaire du flanc occidental du bloc du Rochail affleure largement.
L'origine géologique de cette dépression du col d'Ornon correspond à l'évidement, par l'érosion quaternaire, d'un fossé effondré dissymétrique (hémigraben*) créé, lors de la sédimentation jurassique, par le jeu d'une faille extensive, la "faille du col d'Ornon", dont le rejet dépasse 1500 m. et qui a fonctionné essentiellement au Lias.
C'est l'important abrupt, très continu, du revers oriental du massif du Taillefer - Coiro qui correspond au miroir* de cette paléo-faille majeure.
commentaires anecdotiques sur la mise en évidence, en 1979, du rôle et de l'importance de la faille du col d'Ornon |
Les prolongements du tracé de la faille du col d'Ornon, de part et d'autre du cours des vallées de la dépression
du col d'Ornon mérite quelques remarques :
- Vers le nord la faille du col d'Ornon suit le flanc du massif du Taillefer en s'éloignant
vers l'ouest du cours de la Lignarre, de
sorte qu'elle passe peu à l'ouest d'Oulles. Elle aboutit
ainsi dans la vallée de la Romanche à l'extrémité
nord-orientale du massif du Taillefer, au pied de la Cime de Cornillon. Plus au nord cette faille se poursuit avec les mêmes caractères et constitue la "faille de Belledonne orientale" (voir par exemple la page "Allemont").
- Vers le sud la
faille du col d'Ornon se suit jusqu'à
la latitude du Périer, où elle s'écarte également vers l'ouest du tracé de la vallée de la Malsanne. Mais au-delà,
aux abords du confluent de cette rivière avec celui de
la Bonne, son tracé cesse d'être inscrit de façon visible dans la topographie et, au sein du socle cristallin de sa rive gauche, méridionale les levers de détail (P.Gibergy : carte géologique, feuille La Mure) ne l'y ont pas mise en évidence de façon claire (voir, à ce sujet, la page Entraigues).
Son prolongement direct en Beaumont n'est donc encore qu'une hypothèse (cf publication n° 088). Mais, si on la refuse, l'on doit alors s'interroger sur les raisons énigmatiques de la disparition aussi brutale, à cette latitude, d'une cassure aussi importante ...
Une seconde remarque concerne la place relativement grande qu'occupent les affleurements de terrains sédimentaires entre le fond de vallée de la Malsanne et les crêtes du Rochail, par opposion avec l'extension beaucoup plus réduite des affleurements de ces terrains plus au sud, dans secteur du Valsenestre - Valjouffrey (qui en est pourtant le prolongement structural). Il semble que cette différence soit à mettre sur le compte d'un soulèvement plus important du socle du fond de l'hémi-graben, par le jeu (sans doute d'âge nummulitique) du chevauchement (à vergence nord) des Chétives (voir la page "Chétives").
A/ Du point de vue stratigraphique la couverture du bloc basculé du massif du Rochail est donc constituée, pour l'essentiel, par les affleurements de la dépression du col d'Ornon. Or la constitution de la succession stratigraphique y varie d'ouest en est :
1 - Le long de la rive occidentale du sillon, au pied des abrupts de l'Armet et du Coiro, on observe des dépôts débutant au Lias supérieur, qui s'appuient en onlap contre la paléo-faille du col d'Ornon et dont la constitution révèle leur mise en place par glissements syn-sédimentaires (description aux pages "Le Périer", "Chantelouve" et "Ornon") ;
2 - Si l'on reste en rive orientale des vallées de la Malsanne et de la Lignarre, c'est-à-dire à une assez grande distance des deux bords de la dépression d'Ornon, la série stratigraphique est celle, épaisse et sans lacunes, que l'on observe plus au nord et plus à l'est aux alentours de Bourg-d'Oisans.
(figure extraite de la publication n° 105, par J.C. Barféty et M. Gidon)
3 - En s'éloignant du fond du sillon vers l'est, c'est-à-dire en se rapprochant de la crête du chaînon du Rochail, on trouve des témoins de cette couverture jusqu'au voisinage de la crête du bloc de socle : elle y affleure même assez largement à son extrémité septentrionale, à la montagne du Grand Renaud. Deux faits la singularisent :
1° - Cette couverture sédimentaire présente là des variations de faciès, accompagnées d'importantes réductions d'épaisseur (voire de lacunes) que l'on attribue au soulèvement relatif induit par les mouvements tectoniques d'âge jurassique. Il s'agit avant tout de l'apparition de faciès de hauts fonds témoignant de l'agitation des eaux :
a) Les calcaires du Paletas (Oxfordien) sont plutôt massifs et deviennent noduleux aux marges de la formation.
b)
Les calcaires du Petit
Renaud (Bajocien - Carixien) sont en général noduleux et présentent des
zones plus ou moins riches en encrines.
Ces deux formations sont
des équivalents latéraux des formations plus marneuses
des parties plus profondes de l'hémigraben, notamment des
Terres Noires, avec lesquelles la cartographie et des observations locales montrent qu'il y a passage latéral par indentations de ces faciès globalement contemporains.
2° - On y observe d'autre part la présence de dispositions
géométriques qui témoignent d'un basculement
vers l'ouest des fonds marins pendant la sédimentation (voir les illustrations photographiques regroupées à la page "Rochail : géométrie stratigraphiques") :.
Elles sont essentiellement représentées par des discordances en onlap*, dont l'effet est de réduire
l'épaisseur de la succession vers l'est, par le jeu de
lacunes de plus en plus longues. C'est ainsi que les calcaires
du Malm reposent progressivement sur des terrains de plus en plus
anciens : Dogger, puis Lias au nord du vallon de Confolens : Lias
inférieur, puis Trias et même socle cristallin au
sud, dans le vallon d'Alvey, en Valsenestre.
Il faut préciser que la crête de bloc basculé sur laquelle s'appuient en discordance les formations sédimentaires n'est pas véritablement celle du bloc des Grandes Rousses mais celle d'un bloc basculé secondaire, que l'on peut appeler "bloc des Clottous", qui accidente son flanc ouest : il y délimite un hémigraben secondaire, celui de Villard-Reymond et du Lac du Vallon.
Ces deux traits font que la couverture sédimentaire du bloc cristallin du Rochail illustre de façon assez exemplaire le rôle et l'influence de la paléotectonique jurassique.
On a sélectionné et regroupé ici quelques exemples spectaculaires et significatifs de ces géométries sédimentaires, qui sont disséminés dans les autres pages concernant ce massif.
image sensible au survol et au clic
Bord septentrional des prairies de la Vivolle (versant nord des Clottous)
vu du nord, depuis le sentier du Lac du Vallon (l'est est à
gauche).
On a là un bel exemple de discordance de ravinement* : L'Hettangien calcaire n'est
conservé ("en flaque") que dans une dépression
d'érosion qui recoupe plusieurs coulées de spilites
superposées. Ses bancs reposent avec discordance* angulaire
(en onlap*) sur les deux bords de la "paléo-ravine"
(noter que l'on ne peut considérer ces onlaps comme dus au jeu de failles en raison de l'absence de toute cassure affectant les coulées
de spilites sous-jacentes).
Abrupts de rive nord du ravin de Guiou (versant ouest des Rochers de la Grande Église) Discordance interne dans les calcaires du Jurassique supérieur
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B/ Du point de vue tectonique le remplissage sédimentaire de l'hémigraben du col d'Ornon est affecté par trois types d'accidents qui correspondent à trois étapes successives de déformation :
- des cassures extensives d'âge jurassique,
orientées grossièrement N-S. L'une d'entre elles,
particulièrement importante, découpe dans le flanc
ouest du bloc des Grandes Rousses un bloc basculé secondaire,
que l'on peut appeler "bloc des Clottous", et y délimite
un hémigraben secondaire de Villard-Reymond et du
Lac du Vallon.
- des cassures de chevauchement à vergence nord,
attribuées à une déformation anté-nummulitique.
Les plus importantes s'observent sur le versant oriental du Grand
Renaud, au sud de Villard-Notre-Dame. Il est vraisemblable que
c'est à cette étape de déformation qu'il
faut attribuer la formation du gros bombement de socle du chaînon
de l'Arcanier, qui
forme la frontière méridionale de ce secteur en
fermant la dépression du col d'Ornon.
- un faisceau de plis à axes proches de N-S (mais
tournant à NW-SE vers le sud) et à plans axiaux
presque verticaux, serrés en accordéon, qui résultent
du serrage post-nummulitique du contenu de l'hémigraben
contre la faille du col d'Ornon. Ces plis deviennent moins serrés
vers le sud, aux approches du flanc nord du chaînon de l'Arcanier, ce qui témoigne
de l'antériorité probable de la formation de ce
bombement du socle cristallin et de la résistance que sa
présence à dû opposer au raccourcissement
E-W. Par contre le pli le plus important et le plus oriental du
faisceau, le synclinal du Lac Labarre est particulièrement
pincé (avec un flanc ouest qui tend à chevaucher
vers l'est sur son coeur) à la latitude où il traverse
cette dorsale.
On peut remarquer que, d'une façon générale,
la direction d'axe des plis est assez oblique à celle du
tracé de la faille du col d'Ornon (moins méridienne,
divergente vers le sud par rapport à lui), de telle sorte
que ce sont des plis de plus en plus orientaux qui, du sud vers
le nord, viennent à tour de rôle se biseauter
finalement contre elle.
De plus on constate que les axes de ces plis tendent à
se tordre dans le sens horaire, à l'approche de la cassure,
pour devenir plus parallèles à son miroir.
En fait cette obliquité et cette torsion des plis s'observent
sur toute la longueur de la faille du col d'Ornon, ainsi que,
plus au nord, le long de son prolongement septentrional à
la bordure orientale de la chaîne de Belledonne. Elle semble
traduire l'intervention d'une déformation en cisaillement
dextre, soit lors du plissement, soit après celui-ci, en
tous cas d'une obliquité de la direction de raccourcissement
liée au plissement par rapport aux limites des anciens
blocs de socle formés au Jurassique.
Pour terminer on trouvera, ci-après, deux schémas concernant l'ensemble de ce secteur :
(figures extraites de la publication n° 105, par J.C. Barféty et M. Gidon)
Pour plus de détails se reporter aux feuilles VIZILLE et LA MURE de la carte géologique au 1/50.000° CC = Chevauchement du ravin de la Chave CR = Chevauchement du Rochail; CV = Chevauchement de Valsenestre; FLV = failles du lac du Vallon; FV = faille du Vet. |
(numérotées du nord-ouest au sud-est) dans le versant occidental de la partie méridionale du chaînon du Rochail. C.V. = chevauchement de Valsenestre ; F.LV = faille du lac du Vallon (faille extensive NS, d'âge jurassique) ; f.N = faille du Neyrard (satellite de la précédente) ; FPR = faille de Pisse Rousse (faille extensive NS, vraisemblablement d'âge jurassique) ; s.P = synclinal du Paletas ; s.LL = synclinal du Lac Labarre ; a.T = anticlinal des Terrasses ; ØS = chevauchement de La Selle ; ØC = chevauchement des Chétives. |
1 / En ce qui concerne les crêtes du chaînon du Rochail lui-même on peut y distinguer plusieurs tronçons qui sont, du nord au sud :
2 / Quant à la bordure ouest du chaînon elle est décrite par les pages suivantes :
- vallée de la Lignarre
(Ornon, Oulles)
- vallée amont de la Malsanne
(Chantelouve)
- vallée aval de la Malsanne : Le Périer
- Montagne des Clottous
- Montagne des Chétives