Roc du Pinet, Plateau de l'Alpette |
Le Roc du Pinet, 1867 m, est le promontoire septentrional des falaises qui limitent du côté occidental le plateau de l'Alpette, lequel est le second tronçon, en partant du nord, des plateaux suspendus des Hauts de Chartreuse. Ce sommet est un crêt très typique, qui correspond au flanc ouest du synclinal chartreux oriental. Son extrémité septentrionale est tranchée transversalement par la muraille de calcaires urgoniens qui ferme du côté sud le cirque de La Plagne (cette falaise représente une part importante du fond de tableau du village d'Entremont-le-Vieux).
Le revers de ce crêt pend doucement en direction des vallonnements du coeur du synclinal oriental chartreux ; il est en outre accidenté d'une faille extensive verticale, d'orientation N-S, la faille du Roc de Fitta. Aux abords est du sommet de ce nom cette cassure se montre cachetée par la Lumachelle : elle représente vraisemblablement le prolongement septentrional de la faille de la Gorgette (voir la page "Dent de Crolles nord"), même si son rejet est ici de moindre importance.
Le rebord nord-occidental du plateau de l'Alpette, vu du nord-est depuis le sommet sud du Granier s.O = synclinal oriental ; f.rF = faille de la Roche de Fitta. |
Deux coupes de part et d'autre du vallonnement que suit le sentier d'accès, depuis les alpages de l'Alpette jusqu'au plateau sommital du Pinet (voir la carte de localisation, plus loin dans la présente page) ; ce vallonnement suit lui même une faille NE-SW à très faible rejet, mais l'érosion a agit un peu différemment entre sa rive S-SE et sa rive N-NW. f.rF = faille de la Roche de Fitta, abaissant le plateau inférieur (à gauche) par rapport à sa partie supérieure. |
Du côté sud le plateau de l'Alpette, représenté par la large cuvette urgonienne à urgonien dénudé du Habert de Saint-Vincent, se termine par une ligne d'abrupts, orientés NE-SW, qui dominent le vallon du Pratcel : ce dernier, qui culmine au col de l'Alpe, est un large couloir de faille occupé pour l'essentiel par un panneau effondré, rempli de Sénonien (voir la page "col de l'Alpe").
L'extrémité méridionale de son crêt occidental forme le petit sommet dela Roche de Fitta, 1737 m, dont les falaises occidentales sont couronnées par la vire du sangle de Fouda Blanc (qui correspond aux couches à Orbitolines). Son versant méridional, moins abrupt, correspond à la partie le plus aval du vallon du Pratcel, lequel est ouvert transversalement au synclinal oriental en suivant le tracé du décrochement du col de l'Alpe.
Le plateau de l'Alpette proprement dit, qui porte les haberts (= chalets d'alpage) de Saint-Vincent au sud et de Barraux au nord, se développe au coeur, largement ouvert, du synclinal chartreux oriental. Plus encore que dans le tronçon (plus méridional) de l'Aup du Seuil c'est là que le décapage de la dalle de l'Urgonien a le mieux abouti à lui conférer un relief de val jurassien conforme à sa structure tectonique (ce qui est communément appelé un "synclinal perché").
Néanmoins, l'axe du pli plongeant vers le nord, l'érosion a laissé subsister au fond de ce val d'assez larges affleurements de terrains plus récents : il s'agit d'abord de Lumachelle, décapée à son tour sur une partie des pentes sud-orientales du plateau (Chalets de l'Alpe), dont les affleurements, bien que minces s'élèvent ainsi jusqu'au point culminant de son rebord est, la Croix de l'Alpe.
Le plateau de l'Alpette, vu du NE, d'avion. Ce tronçon du grand synclinal oriental (s.O), qui se poursuit vers le sud jusqu'à la Dent de Crolles, est tranché et décalé (aussi bien dans le sens vertical qu'horizontal) par les deux failles de décrochement qui délimitent le plateau déprimé de l'Alpette : le décrochement du col de l'Alpe (d.CA) le surhausse par rapport à la partie plus méridionale du synclinal ; au contraire il est abaissé, vis-à-vis du plateau du Granier, par le décrochement de l'Alpette (d.A). Le décalage horizontal dû à ces failles (demi flèches) est plus facile à apprécier sur une vue prise dans l'axe du synclinal. La gouttière synclinale que dessine l'Urgonien du synclinal oriental (s.O) est inclinée vers l'avant droit (c'est-à-dire vers le nord). C'est ce qui explique la présence, à droite du centre du cliché, des prairies de l'Alpette, installées sur le Sénonien du coeur de ce pli (voir le cliché suivant). En avant droit la dalle urgonienne du Granier, inclinée vers le Grésivaudan correspond au seul flanc ouest du synclinal (le flanc oriental ayant été enlevé par l'érosion qui a creusé le Grésivaudan). |
Du côté nord, à la faveur de l'abaissement de l'axe du pli dans cette direction, les marno-calcaires clairs du Sénonien se trouvent conservés dans le coeur du synclinal oriental, entre le col de l'Alpette à l'ouest et la porte de l'Alpette à l'est. Ces alpages du plateau septentrional se terminent abruptement car ils sont dominés par les falaises méridionales du Granier qui sont déterminées par le décrochement de l'Alpette (voir la page "col de l'Alpette").
Au coeur du plateau de l'Alpette s'ouvrent trois dépressions en cuvettes, dont la plus importante abrite les ruines de l'ancien habert de Barraux. Ces dépressions, de dimensions pluri-hectométriques, sont fermées de tous côtés par des affleurements de Lumachelle. Elles font penser à des dolines ; toutefois cette interprétation est infirmée par le fait que leur fond n'est pas comblé de résidus de dissolution, mais constitué par la dalle sommitale de l'Urgonien, dégagée sur une large surface plane et percée de petits avens. Ces dépressions, qui méritent donc seulement le nom de boutonnières d'érosion, auraient été aménagées par dissolution sous couverture neigeuse aux époques de glaciation.
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Le fond de ces dépressions montre une dalle d'Urgonien dénudée, ce qui pose le problème du processus d'érosion qui les
a créées : on peut difficilement penser que l'ablation
de la Lumachelle en creux et l'évacuation des débris
en résultant aient pu être le fait d'un creusement
torrentiel dont les écoulements auraient été
absorbés par les avens qui percent en deux points le plancher
d'Urgonien des deux plus grandes de ces dépressions. Les
débits que cela suppose ne sont pas réalisés
à l'époque actuelle et l'on voit mal comment ils
auraient pu l'être par le passé, compte tenu du faible
bassin versant. |
La structure tectonique de détail, telle que la révèle la cartographie précise de la répartition
des affleurements du plateau, se caractérise en outre par le fait que la dalle
urgonienne y est hachée de failles mineures :
1 - la plupart sont des décrochements mineurs, rapportables aux
deux familles connues en Chartreuse, mais surtout à la
famille NE-SW, dextre.
2 - certaines, orientées presque N-S, ont des rejets de
failles normales. Elles sont analogues à celles du secteur de Bellefond et, comme elles, se montrent
cachetées* par les couches de la Lumachelle et datent donc d'une extension de cet âge.
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Carte géologique détaillée du
plateau de l'Alpette
Les astérisques 1 (Croix de l'Alpette), 2 et 3 (ouest du chalet de l'Alpe) désignent les emplacements où l'on peut observer le cachetage* de failles N-S par les couches de la Lumachelle. Les points 2 et 3 jalonnent la faille de la Roche de Fitta (qui représente sans doute le prolongement de la faille de la Gorgette de la Dent de Crolles).
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Le sommet du Pinet est un remarquable point de vue sur l'ensemble de la dépresion des Entremonts, c'est-à-dire sur les vallées du Cozon au nord et de l'Herbétan au sud (voir ci-après).
Panorama en direction de l'ouest, du sud au nord, depuis le sommet du Pinet. Les annotations géologiques se limitent aux 3 accidents majeurs suivants : a.P = anticlinal de Perquelin ; Ø3 = surface de chevauchement de la Chartreuse orientale sur la Chartreuse médiane ; d.A = décrochement de l'Alpette. |
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Entremont-le-Vieux. | LOCALITÉS VOISINES | Grésivaudan |
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Pinet |
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