Orelle : Mont Bréquin, Pointe Rénod |
La vallée de la Maurienne, entre Saint-Michel et Modane, sépare le domaine de la Vanoise occidentale, au Nord, de celui du Briançonnais septentrional au Sud. Elle se caractérise par son étroiture presque régulière qui se poursuit sur plus de 10 km d'ouest en est. Les pentes de sa rive droite s'élèvent jusqu'à plus de 3000 m en se terminant par les sommets des contreforts méridionaux du massif de Péclet - Polset (Cime de Caron, Pointe du Bouchet). Son versant de rive gauche, plus étroit et plus raide, présente un développement vertical bien moindre puisque ses escarpements culminent aux alentours de 2000 à 2500 m par un fort épaulement (d'origine glaciaire). Ce dernier court depuis les abords du village de Valmeinier à l'ouest jusqu'au lac de retenue de Bissorte à l'est, au pied de l'extrémité septentrionale de la crête des Sarrasins. On peut sans doute expliquer cette dissymétrie par la différence d'insolation qui a entrainé des processus d'érosion différents, notamment au cours du remplissage de la vallée proprement dite par la glaciation wurmienne.
Malgré un dénivelé de plus de 2000 m au nord et d'environ 1500 m au sud ses deux versants ont pour trait commun de n'être constitués, du bas jusque en haut, que par des terrains d'âge paléozoïque et principalement houiller. En fait elle donne une coupe transversale, peu oblique aux structures, de la zone houillère briançonnaise, qu'elle traverse sur toute sa largeur.
Les crêtes de rive droite de la Maurienne en amont de Saint-Michel, vues du sud depuis les pentes de Ratissières (Aiguilles d'Arves). a.P = voûte de l'anticlinal de La Praz ; ? = charnières non observées, mais nécessaires pour comprendre la disposition en série renversée des couches de l'Aiguille de Péclet et de la Pointe de Thorens. "hri" = houiller gréso-conglomératique (stérile) ; "hrs" = houiller schisto-gréseux (productif) ; "hrP" = Permo-houiller conglomératique (les affleurements de Péclet, visibles en arrière-plan, s'enfoncent en direction de l'observateur, sous le houiller productif de la crête des Pointes de Thorens et du Bouchet). |
Cet ensemble schisto-gréseux à conglomératique est subdivisé en trois formations :
- la formation de Courchevel, conglomératique et d'âge stéphano-permien [h5-r des cartes du BRGM], qui est fort peu présente dans l'entaille des versants ;
- le "houiller productif" de la Formation de Tarentaise (datée du Stéphanien inférieur à Westphallien) [h4 de la carte "Modane" et h4-5 de la carte Névache du BRGM] qui constitue toute la crête de partage des eaux et la majeure partie des hautes pentes ;
- le "houiller stérile" des Grès de La Praz qui affleure, entre Orelle et Saint-André, apparemment au cœur d'un ample anticlinal de La Praz déjeté vers l'est. C'est en raison de cette situation, mais sans arguments paléontologiques, que ces couches sont attribué au Namurien - Westphallien) [h de la carte "Modane" et hP de la carte Névache du BRGM].
L'entaille de la vallée permet, d'autre part, de constater le changement de l'attitude tectonique de ces couches, lequel est connu de très longue date sous le nom d'éventail briançonnais. De fait la zone briançonnaise affecte une structure en anticlinorium dont les plis et chevauchements sont déversés vers l'ouest au NW d'une ligne qui coupe la crête et le versant en biais, en passant grossièrement par le Mont Brequin et Orelle, alors qu'ils sont déversés vers l'est du côté oriental de cette ligne (cette dernière est située nettement plus à l'ouest que la voûte de l'anticlinal du Praz, qui appartiendrait à la partie orientale de l'anticlinorium).
La figure ci-dessus montre une conception récente de la structure anciennement qualifiée d'"éventail de plis" ; elle appelle au moins deux commentaires : |
Enfin la partie orientale de la vallée traverse, à l'est de Saint-André, des affleurements de gneiss du Sappey (voir à leur sujet la page "Modane") : Quelle que soit l'interprétation de leur présence, il est à remarquer que ces roches ne sont pas en contact concordant sous les terrains (d'âge houiller) du versant sud-est de la Pointe Rénod : elles en sont en réalité séparées par une "faille de Saint- André" dont le tracé coupe le pied de versant en oblique.
L'explication qui est maintenant le plus admise pour expliquer ces affleurements de roches métamorphiques, d'âge relativement ancien, est qu'elles auraient été mises en place dans cette position par le chevauchement d'une nappe de socle cristallin : elle aurait initialement été charriées d'est en ouest sur le Permo-houiller de Vanoise occidentale, puis la surface de ce charriage aurait finalement été renversée ici vers l'est par l'anticlinal de La Praz. |
L'importance du hiatus introduit par la coupure due à vallée de l'Arc ne devrait pas masquer le fait que la confrontation de données fournies par les deux versants de la vallée pose un certain nombre de questions.
A/ Un premier fait marquant, qui n'a pourtant jamais été relevé par les auteurs, est le manque de cohérence structurale entre l'interprétation de la coupe de la vallée de l'Arc et celle que l'on observe du côté septentrional de la crête de partage des eaux entre Isère et Arc, aux abords de la station de Val Thorens (voir ci-dessus, ainsi qu'à la page Péclet - Polset). Cette coupe septentrionale montre en effet que le matériel gréso-conglomératique attribué au permo-houiller, qui forme les sommets de Péclet et de Polset, y disparaît en s'enfonçant vers le sud sous le houiller productif de la Pointe de Thorens ; ceci est interprété en considérant que toutes ces couches y sont en succession renversée. Pourtant, du côté méridional de la crête de partage des eaux, cette formation gréso-conglomératique ne réapparaît à aucune altitude, au flanc de la profonde entaille du versant mauriennais. Par contre on y voit le houiller productif reposer sur les Grès de La Praz, ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle ces derniers sont considérés comme son soubassement stratigraphique. Le changement de polarité de la succession qu'implique cette attribution devrait donc se manifester par l'existence d'un synclinal couché raccordant les couches de la partie supérieure du versant, à polarités inverses, à celles plus basses, à polarités normales (voir le premier cliché de la présente page). On ne dispose pourtant d'aucun indice d'une telle structure. D'autre part l'interface entre ces deux formations décrit une voûte antiforme (celle de l'anticlinal de La Praz) dont le dessin semble similaire à celui de l'antiforme du Permo-houiller renversé de Péclet ; de plus sa situation altitudinaire rend géométriquement plausible qu'elle puisse en représenter le prolongement. Si l'on considère l'absence de datation des Grès de La Praz et la variabilité des faciès dans de telles formations détritiques on est donc porté à se demander si ces grès ne pourraient pas représenter la réapparition de la formation qui constitue la crête de Péclet ou si, à l'opposé, l'attribution de cette dernière au Permo-houiller est réellement fondée. (voir à ce propos l'incohérence des sens de pendages de ses affleurements les plus septentrionaux, à la page "Méribel") ... |
B/ La deuxième question concerne l'accident des Drayères, longue cassure définie du côté sud aux environs des sources de la Clarée (voir la page "Muandes"). Selon la carte Névache son tracé vers le nord depuis son lieu éponyme, serait le plus souvent rectiligne et orienté SW-NE jusqu'à la latitude du lac de Bissorte. Mais à cet endroit il subirait une déviation brutale car, contre toute vraisemblance géométrique, la carte lui assigne là un prolongement vers l'E-SE, c'est-à-dire dévié à angle droit. D'autre part
le tracé qu'elle propose, au sud-est de la Roche Fleurie puis au revers est de la crête des Sarrasins, est peu clairement dessiné ; il s'interpréte en tous cas plus aisément comme celui d'une des imbrications qui affectent ce versant (voir la page "Sarrasins").
Or à cet endroit aboutit en fond de vallée un accident dont le tracé SW-NE a une direction tout-à-fait convenable pour prolonger celui des Drayères. Il s'agit de
la faille de Saint-André, qui limite du côté NW les affleurements de gneiss du Sapey, ainsi que ceux des conglomérats permo-houillers qui les chapeautent avec un faible pendage vers l'ouest. Bien qu'il ne soit pas indiqué sur la feuille Névache au 1/50.000° la rectilinéarité du tracé par lequel elle y coupe le contact entre ces deux formations superposées témoigne clairement que son pendage est au contraire proche de la verticale. |
C/ Un dernier problème est relatif à la grande faille de Gébroulaz, qui se suit depuis le nord depuis Courchevel jusqu'au Col de Gébroulaz. Mais on perd sa trace au sud des glaciers de Chavière, ce qui est étonnant, compte tenu de son importance plus au nord. |
aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne
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Pas du Roc, Saint-Michel |
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