Montgirod, Étroit du Sciaix, Pomblière |
En aval du Rocher de Villette
l'Isère voit son lit s'élargir au niveau de Centron,
là où elle traverse les affleurements de gypses
qui bordent la limite occidentale conventionnelle de l'unité valaisanne*
du Roignais (voir discussion à la page 'Villette").
Mais au delà son lit se resserre progressivement, au sein du flysch de Tarentaise rapporté à l'Unité de Moûtiers, entre le hameau du Villaret en rive droite et la butte saillante du Torrond en rive gauche.
Sur la transversale de cette dernière la rivière rencontre alors l'obstacle de la puissante
barre de calcaires massifs d'âge
liasique ("marbre de Villette"), qui descend de Montgirod avec une orientation presque N-S, soit à 40°
de la direction moyenne de son cours en amont, et qu'elle franchit par d'étroites gorges.
1/ Le village de Montgirod est installé en rive droite de l'Isère seulement 1 kilomètre plus au sud que le village de Centron mais 400 mètres plus haut à mi-hauteur des basses pentes qui descendent du Quermoz (voir la page "Quermoz") et où affleurent presque exclusivement les différents termes du flysch de Tarentaise. Il est installé sur un petit replat où affleurent des bancs du flysch calcaire et qui est soutenu par une barre de conglomérats basaux du flysch de Tarentaise. Il s'adosse du côté ouest aux derniers rochers, les plus élevés et les plus septentrionaux, de la barre liasique qui s'élève du sud depuis la gorge de l'Isère.
Le village de Montgirod vu du sud, depuis la route d'Hautecour. |
Les calcaires liasiques des affleurements sur lesquels s'appuie le village pendent vers l'est ; il reposent plus à l'ouest sur des dolomies triasiques auxquelles font suite des cargneules qui viennent enfin en contact tectonique avec du flysch de Tarentaise au niveau du lacet de la route qui domine le village. En outre les termes constitutifs de ce flysch se succèdent base à l'ouest, conformément au fait qu'ils appartiennent au flanc oriental de l'anticlinal de la Roche du Pendant.
Cette disposition suggère que l'on observe là une surface de chevauchement basculée par la formation ultérieure de ce pli. et que cette dernière témoigne de l'imbrication originelle, sur l'unité de Moûtiers proprement dite, d'une "unité de Moûtiers orientale".
Les pentes de rive droite de l'Isère au NW de Montgirod, vues du sud depuis le sommet de Crêt Voland. |
Au nord du village la barre liasique s'effile dans le versant qui devient, de ce fait, pratiquement constitué de haut en bas par du flysch de Tarentaise. Toutefois sur près d'un kilomètre on y peut suivre à flanc un chapelet d'affleurements de gypses et cargneules auxquels sont associés de pointements de ces calcaires. Leur alignement s'élève doucement, grossièrement suivi par le tracé de la la route pastorale du Boson, en passant peu sous le hameau de La Charmette pour rejoindre vers l'altitude de 1600 m le bord sud du ravin du Nant Agot (voir la page "Bagnaz"). Il rejoint là sans ambiguïté le tracé de la faille supérieure du Rocher de Janatan, qui apparaît ainsi devoir être interprétée comme un chevauchement renversé.
On peut remarquer que cette interruption passagère de la barre rocheuse liasique de Janatan se produit, au NE de Montgirod, selon un tracé qui se trouve sensiblement sur l'alignement SW-NE du décrochement du Pradier (voir la page "Moûtiers") : il est donc envisageable qu'elle résulte d'un décalage dextre par cet accident. |
2/ Au niveau du cours de l'Isère la rivière s'engage dans de nouvelles gorges dont le passage le plus étroit et le plus escarpé est constitué par l'Étroit du Sciaix. La route comme la voie ferrée le contournent par une traversée en tunnel, sur la rive septentrionale pour la première et méridionale pour la seconde. En dépit du fort encaissement que le lit de l'Isère subit à la traversée cette barre le chemin que la rivière a dû se tailler en aval de la sortie de l'Étroit du Sciaix proprement dit reste guidé par elle sur trois kilomètres, jusqu'à la latitude de Pomblière. En particulier le tracé de la N.90 suit, au nord comme au sud de Saint-Marcel, un ancien lit de la rivière suspendu au dessus de l'actuel, plus oriental : le premier suit le bord ouest des pitons de calcaires liasiques le second son bord est où ils sont en contact avec la lame de flysch de Tarentaise.
En fait les deux tracés ouest et est qui limitent cette barre calcaire sont ici aussi en grande partie tectoniques : ils prolongent la structure que l'on observe plus au NE dans les pentes de Villette : du côté ouest cela se manifeste ici très clairement par des affleurements très discontinus de cargneules (ils jalonnent le chevauchement de l'Unité orientale de Moûtiers). Du côté le contact entre Lias et flysch de Tarentaise semble souvent discordant, ce qui peut indiquer qu'il corresponde à une cassure en tous cas beaucoup plus mineure. |
3/ À la latitude de Pomblière l'effilement progressif de cette barre liasique et surtout de sa bordure de flysch aboutit à sa terminaison en biseau. En fait cela résulte essentiellement de sa troncature du côté est, par la faille de la moyenne Tarentaise (voir la page spéciale consacrée à cet accident). À la bordure ouest des calcaires liasiques et dans leur prolongement se développe alors une bande d'affleurements triasiques (exploités pour leurs quartzites) qui disparaissent quant à eux par un effilement en sens inverse, vers le nord. Comme leurs strates se succèdent dans un ordre stratigraphiquement descendant vers l'ouest ils semblent bien correspondre au soubassement stratigraphique de la barre liasique.
La lame triasique de Pomblière affleure vers le SW pendant plus de 3 kilomètres, en partie masquée sous la Forêt de Moûtiers, avant de se terminer au niveau de Salins, tranchée à son tour en sifflet par la faille de la moyenne Tarentaise (voir la page "Brides"). Particulièrement sur la transversale nord de Moûtiers (Mont Gargan) elle réalise un redoublement de la succession de l'unité de Moûtiers (voir la page "Moûtiers") car elle y est plaquée contre le flanc oriental de l'anticlinal de Hautecour.
En effet ses affleurements triasiques sont séparés de ceux qui arment, en rive droite de l'Isère, la basse crête du Mont Gargan par plusieurs petits affleurements de flysch qui s'alignent en rive droite du lit de l'Isère en contrebas de la crête. Immédiatement plus à l'est, dans le lit de la rivière s'observent au contraire des pointements de Houiller et de Permien qui représentent la base stratigraphique et sans doute tectonique de la lame tectonique de Pomblière. |
En définitive, du fait de sa disposition globalement base à l'ouest, la lame triasique de Pomblière semble bien représenter le substratum stratigraphique originel du Lias du Sciaix, lequel a lui-même avec le flysch de Tarentaise de la rive droite de l'Isère des rapports sans doute originellement stratigraphiques. Par conséquent, ici comme plus au nord, cet ensemble apparaît comme constitué par les constituants d'une unité de Moûtiers orientale, qui se dispose en imbrication du côté est sur celle de Moûtiers proprement dite. D'ailleurs la disposition de sa surface basale, qui biseaute ses termes constitutifs de bas en haut du sud vers le nord affecte assez bien celle d'une rampe de chevauchement. L'attitude actuelle, sub-verticale, de cette surface basale apparaît, bien sûr, comme le résultat de son basculement lors de la formation ultérieure de l'anticlinal d'Hautecour (et peut-être de son éventuel prolongement septentrional l'anticlinal de Portette). Dans cette hypothèse on peut même se demander si, plus au nord, la Roche de Janatan ne correspond pas à un anticlinal rompu qui représenterait en fait le crochon de ce chevauchement au niveau du Lias. Quant au renversement vers l'est de ce dispositif, qui se manifeste à ce niveau, on peut envisager qu'il corresponde à un étranglement transversal plus marqué, occasionné ici, à la lèvre sud du décrochement de la Roche à Thomas, par le rejet dextre de ce dernier. |
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