Montagne de Pramecou
crêtes entre Lac de Tignes et sources du Doron de Champagny

Les Rochers de Pramecou et de la crête des Vés forment un petit chaînon, sinueux et émetteur de crêtes secondaires, qui se détache de la Grande Motte vers le nord pour aboutir au col du Palet. Ces crêtes représentent l'extrémité septentrionale des affleurements de la nappe de la Grande Motte, que ceinturent du côté septentrional ceux de la "nappe des gypses" du secteur du lac de Tignes.

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Le versant ouest de la Grande Motte et des Rochers de Pramecou (sources nord-orientales du Doron de Champagny), vu de l'ouest, depuis le chalet des Gardes (rebord sud-oriental du plateau des Barmés)
Les rapports des replis de Pramecou avec la masse liasique du cœur de l'unité de la Grande Motte sont schématisés par le dessin d'une charnière reployée : cela fait bien apparaître que ces replis sont ceux de la charnière anticlinale par laquelle l'unité de la Grande Motte se renverse sur le socle de sa bordure NW (elle en est séparée par une étroite charnière synclinale qui prolonge celle du col de la Grande Casse voir la page "Grande Casse").
(se reporter au cliché suivant pour les détails de la partie gauche de ce paysage).
On a noté "all. gl." les alluvions récentes, datant du petit âge glaciaire (crêtes morainiques soulignées de bleu clair).


L'extrémité supérieure de ce chaînon, autour du Dôme de Pramecou, c'est-à-dire à l'ouest du glacier qui descend de la Grande Motte est aplanie et seulement mamelonnée. Elle est essentiellement formée par des dalles peu inclinées de calcaires marbreux massifs du Malm entre lesquelles s'insèrent des placages marbres chloriteux du Crétacé supérieur-Éocène. Ce relief est dû à ce que le glacier y a raboté un systéme de couches presque horizontales.

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L'extrémité méridionale des Rochers de Pramecou vue du sud-est, depuis la gare d'arrivée du funiculaire de la Grande Motte (cote 3032).
Les bandes plus sombres correspondent aux cœurs, coupés en biais, des plis couchés aplatis qui affectent la partie supérieure du matériel de la nappe de la Grande Motte.
Il s'agit de plis "de phase 2", originellement déversés vers le nord, qui sont reployés en déversement vers le sud-est par le synclinal ("de phase 3") dans lequel se loge le glacier ouest de la Grande Motte

En fait il s'agit des flancs de plis couchés "isoclinaux" (c'est-à-dire à flancs presque parallèles) dont les plans axiaux sont presque horizontaux : les cœurs de ces plis (liasiques pour les anticlinaux et crétacés pour les synclinaux) sont si aplatis qu'ils y apparaissent sous l'aspect de rubanements au flanc des falaises qui la ceinturent.

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Les cimes de la partie méridionale des Rochers de Pramecou : vue plongeante, du sud, depuis le sommet du téléphérique de la Grande Motte (cote 3450).
Sous cet angle on voit clairement deux cœurs de plis, qui se ferment par pincement (à l'emplacement indiqué par le symbole d'une charnière). Dans la partie droite du cliché on distingue même la charnière de l'anticlinal inférieur (à coeur liasique), dont le Malm est dégagé en surface structurale au Dôme de Pramecou (voir cliché suivant) : elle est vue presque selon son axe,.


On perçoit mieux l'existence et le dessin de ces plis en scrutant les abrupts qui ceinurent le plateau du Dôme, notamment à son éperon SW qui tombe sur le vallon de Prémou.

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L'extrémité méridionale de la crête de Pramecou (détails) vue de l'ouest, depuis le plan des Glières (sources du Doron de Champagny)
La falaise de l'éperon ouest du Dôme de Pramecou (point 2965) donne une coupe des charnières des plis : elle montre qu'ils sont ici incontestablement déversés vers le sud-est. Mais cela résulte de ce qu'ils ont été renversés vers l'est par le plissement de la phase 3 (voir le cliché suivant).
L'anticlinal supérieur de ce cliché correspond à l'anticlinal inférieur du cliché précédent.

Ce sont là en définitive que des complications de détail qui affectent la voûte et la retombée nord du gros bombement anticlinal complexe de l'unité de la Grande Motte (voir leur place relative sur le cliché de haut de page)..


Deux coupes N-S de la crête de Pramecou, d'après Deville, 1987 (retouché).
La coupe supérieure correspond assez bien à la partie supérieure de l'empilement, visible sur les clichés ci-dessus.
La coupe inférieure correspond à la coupe naturelle de la crête des Vés, analysée sur les clichés suivants. Il est important de noter que, en pied de succession, la barre de Malm qui y est figurée comme renversée n'existe ni sur le terrain ni sur la carte géologique !


Le versant occidental de la Crête des Vés offre une coupe naturelle qui montre le dispositif plus profond des affleurements les plus nord-occidentaux de la nappe de la Grande Motte. On y observe que les replis isoclinaux (phase 2 de la déformation) y sont enroulés par un grand pli (de phase 3) "rétrodéversé" vers le SE dont la charnière s'enroule à l'aplomb ouest de la cime cotée 2888.

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Le sommet et l'éperon occidental (2715) de la Crête des Vés, vus de l'ouest depuis le refuge de La Glière (cliché original obligeamment communiqué par M. H. Widmer) .
p.3 = charnière (de "phase 3") rétrodéversée vers le sud ; a.2 et s.2 : plis à flancs isoclinaux, anticlinaux et synclinaux (de "phase 2").

La cartographie suggère fortement que le cœur de ce pli est constitué par les dolomies noriennes qui pointent sous les épandages quaternaires du large replat du Grand Plan. Rien ne justifie en effet de les en séparer par un contact de charriage comme cela a été fait sur la feuille Tignes au 1/50.000°.

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La partie septentrionale de la crête de Pramecou vue de l'ouest, depuis le sommet de la Becquetta (flanc oriental du Grand Bec)
(suite vers la gauche du paysage précédent, ici plus agrandi et vu de plus haut)
f.cP = faille du Col du Palet ; ØgM = surface de contact entre le matériel de l'unité de la Grande Motte et celui attribuable à la nappe des Gypses (ce dernier théoriquement chevauchant, semble au contraire s'engager sous le précédent ...).
Dans le versant ouest de la crête des Vés, on distingue deux sortes de plis : p.2 = des plis couchés isoclinaux* ("de phase 2") ; p.3 = un grand pli qui enroule les précédents.

Plus au NW, en rive droite du vallon du Grand Plan jusqu'aux Barmés c'est uniquement du matériel cargneulique, attribuable à la nappe des gypses (en raison de sa symétrie avec celui du versant opposé du col du Palet), qui affleure sous la couverture d'alluvions glaciaires anciennes. Ses affleurements dessinent un rentrant vers l'amont dans le vallon du Doron de Prémou et viennent en contact direct avec le Lias en rive gauche de ce vallon : cette géométrie suggère, là encore, que ces gypses et cargneules ne coiffent pas la nappe de la Grande Motte mais sont recouverts par elle (et donc qu'ils peuvent tout aussi bien provenir de son soubassement stratigraphique).

L'attribution à la nappe de La Grande Motte de tout le matériel affleurant au SE de la faille du Col du Palet (y compris probablement celui rapporté "classiquement" à la nappe des Gypses) suggère une explication locale pour la formation et les caractéristiques du pli "P3" de l'extrémité méridionale de la la Crête des Vés.

On peut en effet envisager que le déversement de ce pli vers le sud, traduise un froncement induit par un serrage postérieur au jeu en soulèvement de la lèvre septentrionale de la faille du Col du Palet. En effet cette lèvre, constituée le matériel calcaire du Vallaisonnay a dû être refoulée vers le SE par les mouvements tardifs dans ce sens qui ont affecté le socle du Pourri et les nappes de schistes lustrés de la Sassière : ils s'y expriment d'ailleurs par la formation du gros anticlinal en genou de Laisonnay que dessine la surface de ce socle dans la coupe du Doron de Champagny (voir la page "Vallaisonnay"). De ce fait ce bloc du Vallaisonnay a dû repousser devant lui (vers le SE) le matériel de la nappe de la Grande Motte : c'est ce qui y a occasionné le bourrelet bordier, construit aux dépens de son soubassement triasique plastique, qui marque, là comme à Tignes, la limite d'extension actuelle de la nappe de la Grande Motte (et qui a pû, plus accessoirement, repousser sur son dos un peu de matériel cargneulique).

A son extrémité septentrionale la crête de Pramecou se termine par l'Aiguille Noire de Pramecou (mal nommée, sans doute à la suite d'une confusion, car sa teinte est plutôt claire !). Ses abrupts de calcaires massifs du Malm dominent de façon frappante la large bande de cargneules et de gypses triasiques qui court du col du Palet au col de la Croix des Frettes puis s'étale, sur le versant ouest, presque jusqu'au bas du vallon de la Glière (voir aussi la page "Vallaisonnay").

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L'aiguille Noire de Pramecou, versant est, vue du Pâquis.
ØgM = chevauchement de la nappe de la Grande Motte sur la nappe des gypses (n.G). Ces rapports, objectivement observables, sont contraires au sens relatif généralement admis).

Sur le versant opposé du col du Palet, dans les pentes descendant en direction de Val Claret, la situation dominante des couches de la nappe de la Grande Motte par rapport au prolongement de ces gypses et cargneules est encore plus frappante (voir la page "Tignes").

On constate donc, du côté est comme du côté ouest de la montagne, que le matériel de la nappe des gypses s'enfonce systématiquement sous la nappe de la Grande Motte : Cette conclusion est contraire à une interprétation largement répandue qui considérait ce matériel comme associé aux nappes de schistes lustrés en tant que coussinet basal de leur chevauchement.

Toutefois un lambeau de cargneules est conservé en klippe sur les terrains de la nappe de la Grande Motte, entre la crête de Pramecou et le sommet des Rochers de la Grande Balme : sa présence s'ajoute aux relations localement observables au col de la Leisse pour étayer l'interprétation alternative selon laquelle la nappe de la Grande Motte serait recouverte par la nappe des gypses dans l'empilement des unités charriées.

aperçu général sur la Vanoise
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Tignes


Carte géologique simplifiée des abords de la Grande Motte

redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074.

 N.B. : Sur cette coupure de la carte on n'a représenté la surface du charriage de la nappe de la Grande Motte par un trait gras que sur ses limites nord et est. En effet du côté ouest cette surface devrait théoriquement limiter le domaine où affleure du Lias se rattachant à la nappe de celui où les couches sédimentaires reposent sur le socle cristallin. Mais nulle par il ne semble possible de reconnaître, entre ces deux domaines, une limite qui corresponde à une surface de charriage avérée.

plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines > plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges


Vallaisonnay

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Tignes le Lac
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