L'aiguille de Quaix |
B / Au nord de Quaix le minuscule piton rocheux de l'Aiguille de Quaix (1143 m.), haut d'une trentaine de mètres se détache sur l'arête sud de la Pinéa, peu avant que celle-ci ne s'abaisse rapidement jusqu'aux gorges aval de la Vence. C'est une simple "butte témoin" d'Urgonien, dont seules les couches tout-à-fait basales subsistent d'ailleurs, qui coiffe de façon simple et normale les couches de l'Hauterivien et des calcaires du Fontanil, faiblement inclinées vers le SW, de la bosse boisée qui la supporte. Ces dernières qui forment en totalité le socle de ce piton représentent affleurements les plus occidentaux du domaine de la Chartreuse orientale à cette latitude.
1/ Le soubassement sud-oriental de l'Aiguille de Quaix est curieusement accidenté par un assez large replat portant les maisons du Mas de Leuilly. Cet accident de terrain correspond certainement au sommet d'un paquet tassé. En effet son rebord extérieur ainsi que son soubassement sont constitués de panneaux rocheux de calcaires du Fontanil qui alternent avec de la blocaille ; en outre ce replat est séparé de ces escarpements de calcaires du Fontanil qui le dominent par une ceinture d'éboulis presque frais qui dessine un croissant de lune : or on voit par places qu'ils ne colmatent encore qu'incomplètement une crevasse qui cerne le replat.
D'autre part l'ensemble de cette butte est relativement isolé et fait saillie par rapport aux pentes plus orientales qui dominent Quaix : c'est que ses couches de calcaires du Fontanil sont surhaussées par rapport à celles identiques formant plus à l'est la falaise de La Raviole par une faille presque N-S. Cette faille suit approximativement, en sous-bois, le thalweg du ruisseau du Coleon ; elle semble être le prolongement méridional de la faille des Prés de Quaix qui suit, plus au NE, le revers oriental de la crête méridionale de la Pinéa (voir la page "Pinéa").
Toutefois, dans l'intervalle, son tracé est décalé vers le SW par le rejet des deux décrochements de la Combe de Léra et des Salanches qui séparent les deux sommets. (voir la page "Pinéa") |
Par ailleurs l'Aiguille de Quaix n'est pas dans une situation tectonique identique à celle de la Pinéa : les lambeaux d'Urgonien qui les forment dont respectivement incliné vers l'ouest pour la première et vers l'est pour la seconde : ils correspondent donc à deux flancs opposés d'un même pli, qui est peut-être le crochon anticlinal qui affecte la lèvre ouest de la faille (?). |
De plus les couches urgoniennes du sommet même de l'Aiguille de Quaix sont relativement abaissées par une faille plus modeste (faille du Bois Ronzier), également orientée NNE-SSW, qui surhausse de nouveau les calcaires du Fontanil des pentes occidentales de l'aiguille : cela a sans doute contribué à préserver l'Urgonien sommital d'une érosion totale.
2/ Dans le soubassement occidental de l'Aiguille de Quaix les couches des calcaires du Fontanil s'infléchissent pour dessiner une charnière anticlinale en genou déversée vers l'ouest que l'on peut appeler anticlinal de Leuilly. Elle est tranchée d'une façon mal visible par la surface chevauchement de la Chartreuse orientale qui amène les couches verticales de son flanc ouest à reposer sur les couches du Tertiaire du synclinal de Proveysieux, rebroussées elles-aussi à la verticale.
On est tenté de penser qu'il s'agit là de deux crochons symétriques induits par le chevauchement. Toutefois il semble bien que c'est le prolongement de cette charnière que l'on retrouve, dans son alignement et avec le même dessin, en rive opposée de la Vence, où elle est dessinée par les couches urgoniennes de l'éperon nord du Néron. Or là elle appartient là au flanc oriental du synclinal du Néron et elle est séparée de la surface du chevauchement par le retour des couches du flanc ouest de ce pli : cela ne permet pas de la considérer comme un crochon de ce chevauchement et encore moins d'y voir la charnière d'un pli-faille (comme l'avaient fait anciennement certains auteurs). |
Enfin on est évidemment tenté de voir, dans les lambeaux urgoniens de l'Aiguille de Quaix et de la Pinéa, le prolongement septentrional du synclinal du Néron, auquel on les a en général assimilé, principalement par mesure de simplification. Mais leur disposition est très différente : ils n'en possèdent pas les forts pendages et sont des replis moins accentués et de moindre taille. De plus la situation de ces replis les conduit à se prolonger, vers le sud, plus à l'est que la lame urgonienne du flanc oriental de ce pli (voir aussi à cet égard la page "Néron") : il s'agit donc d'ondulations plus orientales, affectant la tranche de terrain intercalée entre l'Urgonien du synclinal du Néron et le Tithonique de l'anticlinal de l'Écoutoux.
Effectivement au nord de la Vence, l'intervalle entre les charnières du synclinal du Néron d'une part et de l'anticlinal de l'Écoutoux d'autre part perd le caractère de monoclinal fortement penté vers l'ouest qu'il possède à la latitude de Clémencière : il s'y individualise au contraire de molles ondulations présentant notamment une bande presque horizontale qui affleure bien dans la coupe naturelles des falaises de Roches, au fond du vallon du Rivet (voir la page "Pinéa"). Ces ondulations sont apparemment absentes au sud de la Vence mais on peut se demander si cela ne vient pas de ce que l'érosion y a creusé plus profondément, de sorte qu'entre Néron et Rachais elle a enlevé les affleurements de calcaires du Fontanil qu'elles ont peut-être affecté. |
L'Aiguille de Quaix, versant sud-est , vue du sud, depuis l'arête nord du Néron (peu au dessus du lieu-dit "Les Batteries"). s.P = synclinal de Proveysieux ; Ø3 = chevauchement de la Chartreuse orientale; a.L = anticlinal de Leuilly ; f.bR = faille NNE-SSW du Bois Ronzier ; f.pQ = faille N-S des Prés de Quaix ; d.S = décrochement des Salanches. L'astérisque rouge indique la localisation de la carrière de meules (voir en fin de page). La surface de colmatage du sommet des alluvions fluvio-glaciaires d'obturation du vallon de Proveysieux (tirets bleus) est celle dont l'altitude est voisine de 650 m : elle correspond sans doute au stade 3 du retrait glaciaire würmien. |
3/ Les basses pentes du versant ouest de l'Aiguille de Quaix
Le vallonnement que la route D.105 traverse à Pétesset s'élève vers le nord jusqu'au collet de Trépaloup. Il est largement envahi par les éboulis qui garnissent le pied des escarpements du pied ouest de l'Aiguille de Quaix. Il est limité du côté occidental par une échine boisée qui s'abaisse vers le sud depuis le jusqu'au village de Maupertuis : elle est armée par une barre dure, constituée par les couches de base de la Molasse miocène. Le fond du vallon qui longe cette échine plus à l'est, entre Pétesset et le collet de Trépaloup, montre en effet les marnes versicolores, blanches et roses, de l'Oligocène qui s'intercalent normalement entre Sénonien et Miocène (elles affleurent occasionnellement à la faveur de glissements de terrain mais sont le plus souvent cachées par une chape d'éboulis). Les couches y sont redressées par le flanc oriental du synclinal de Proveysieux jusqu'au delà de la verticale (elles pendent à peu près à 75° vers l'est).
Sur
le revers oriental de l'échine de Maupertuis (coin inférieur
droit du cliché ci-dessus), à l'altitude de 780
m, se trouve une ancienne carrière de meules.
(voir sa localisation plus précise sur la seconde photo
de cette page ; elle correspond aux coordonnées Lambert
x = 864,86 ; y = 334,50, lieu-dit Trépaloup, anciennement
désigné comme "montagne du Crédot"). |
On y voit deux meules abandonnées (la meule B apparemment depuis plus longtemps...) Les petites taches blanches sur la tranche de bancs correspondent à des graviers de quartz particulièrement gros, de taille centimétrique. |
A l'est de Pétesset, la route D105a se poursuit horizontalement pour rejoindre le village de Quaix en traversant le flanc de la partie basse de l'échine de Leuilly. Immédiatement à l'est du tournant creux où la route entre en sous-bois (point coté 528 à l'embranchement du chemin de Charrière), elle entaille le flanc de cette échine en montrant des affleurements sains de roche véritablement en place (à la différence de ceux plus orientaux : voir la page "Quaix"). On y voit le contact tectonique des calcaires du Fontanil reposant sur des bancs de Sénonien sub-verticaux : c'est là un des rares points où l'on peut observer dans le fin détail le chevauchement de la Chartreuse orientale.
(le cadre délimite le cliché de détail ci-contre) |
Le chevauchement de la Chartreuse orientale, dans l'entaille de la D105-a, 600 m à l'ouest du chef-lieu de Quaix. figure plus grande, muette, de la vue rapprochée |
La lame de Sénonien qui jalonne la lèvre inférieure de ce chevauchement accroît son épaisseur vers le bas, pour aller former l'essentiel de la grosse barre rocheuse que la Vence franchit par le saut de l'Infernet. Elle appartient au flanc est du synclinal de Proveysieux car la gorge du torrent montre que le Sénonien y est en contact pratiquement stratigraphique avec l'Oligocène du flanc oriental (il n'appartient donc pas à une lame tectoniquement entraînée sous le chevauchement).
légende des couleurs et des figurés N.B. La charnière du synclinal du Néron proprement dit, se situe à l'ouest du sommet de l'Aiguille de Quaix. "sN" désigne l'ensemble des ondulations qui s'intercalent entre ce pli et l'anticlinal de l'Écoutoux. |
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Proveysieux | LOCALITÉS VOISINES | L'Écoutoux |
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Aig. de Quaix |
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