Le Mont Rachais |
Le petit chaînon du Rachais est le plus méridional du massif de la Chartreuse : il se termine vers le sud à Grenoble à s'abaissant jusqu'au niveau de la plaine de l'Isère par l'intermédiaire du Mont Jalla et de La Bastille. Vers le nord il se raccorderait aux chaînons plus septentrionaux de l'Écoutoux et du Saint-Eynard s'il n'en était pas séparé par le col de Vence. C'est un crêt* qui regarde vers l'est, comme beaucoup de ceux de la bordure orientale du massif (et comme celui du Néron, qui lui est parallèle) ; mais il est assez émoussé et en outre la dissymétrie de pente de ses deux versants, habituelle dans ce type de relief, est ici très atténuée par le fait que les couches de son revers (versant occidental) sont dotées d'un fort pendage vers l'ouest.
image sensible au survol et au clic |
Ce crêt est constitué par la succession de couches du Jurassique supérieur du flanc occidental de l'anticlinal de l'Écoutoux ; il est, plus précisément, armé par les calcaires du Tithonique qui affleurent presque tout du long de sa ligne de crête.
Mais son escarpement oriental est peu marqué car les bancs les plus massifs du Tithonique supérieur n'affleurent en général que dans le versant ouest, sans parvenir à atteindre la crête, et seuls les bancs du Tithonique inférieur arment le haut du versant oriental. Cela vient de ce que, sur la transversale à cette crête, le Tithonique de la charnière du pli et du haut de son flanc occidental ont été totalement enlevés par l'érosion (l'axe de l'anticlinal passe plus à l'est, à peu près par Corenc et Montfleury, comme l'indique la coupe simplifiée ci-dessus).
On peut penser que cet écrêtement résulte d'un rabotage par les glaciers quaternaires, car ceux-ci devaient passer par dessus sa crête avant le Würm et ne devaient qu'à peine la laisser dépasser lors du maximum de cette dernière glaciation. En effet la partie septentrionale de la crête, presque aplanie entre le point 1029 et la bosse rocheuse de Quichat au NW du col de Vence, est assez largement garnie d'alluvions glaciaires (qui y ont permis le développement de prairies).
Le processus d'érosion aboutissant à une échine sub-horizontale serait sans doute celui proposé dans son site par Claude Beaudevin pour la formation des "épaules glaciaires".
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Cette vue montre d'enfilade la succession des couches du flanc
ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux, en amont de la Bastille, et les deux
cassures qui les décalent.
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Le versant oriental de la montagne donne une coupe naturelle qui est parallèle (et non orthogonale) à la direction des couches. Elle montre néanmoins que la succession du flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux est accidentée de deux failles de chevauchement.
Ces cassures sont beaucoup mieux analysables aux environs du Mont Jalla. Ce dernier est un simple replat (coté 620 m.) sur l'échine qui monte de la Bastille au Rachais. Il porte des installations (maintenant ruinées) qui permettaient l'évacuation vers le bas de la pierre à ciment "de la Porte de France", exploitée à ce niveau en galeries au flanc ouest de la montagne. Cette plateforme supérieure du Jalla est maintenant occupée par le "Mémorial des Troupes alpines".
La route forestière du Jalla s'élève, depuis la plateforme de la Bastille à côté du "restaurant du Père Gras", jusqu'à son premier lacet, dans les calcaires en petits bancs alternés de lits marneux du Kimméridgien. Les deux lacets suivants recoupent les couches à bancs calcaires plus épais du Kimméridgien supérieur, puis les gros bancs du Tithonique inférieur, redoublés par le chevauchement du Jalla au dernier lacet. Depuis son sommet un ancien chemin d'exploitation mène au village de Mas Cachet. Il rejoint d'abord, par 500 mètres de trajet horizontal et en partie en encorbellement, l'entrée d'anciennes exploitations où l'on voit les calcaires à ciment naturel du Berriasien basal reposer sur le "hard-ground" du sommet du Tithonique. Le chemin qui s'élève en direction du Mont Rachais, depuis le large col boisé du Jalla, décrit d'abord une succession de lacets qui s'inscrivent essentiellement dans les calcaires en petits lits (souvent de moins de 10 centimètres d'épaisseur) du Tithonique moyen. Il laisse sur sa droite les gros bancs du Tithonique inférieur qui forment le rognon du Bec du Corbeau. Il franchit ces derniers au replat d'altitude 750 et s'élève ensuite dans les bancs du Kimméridgien supérieur qui sont là redressés à la verticale (voire légèrement renversés vers l'ouest) : ce mouvement des couches correspond au crochon induit par le chevauchement du Rachais qui traverse l'échine (mais y est masqué par des éboulis) vers l'altitude de 820. |
Un examen relativement fouillé de cette partie de la montagne a mis en évidence (cf publication n°094) des détails structuraux qui, pour être mineurs se sont néanmoins révélés importants à prendre en compte pour reconstituer la succession des évènements tectoniques qui sont intervenus dans l'édification du massif de la Chartreuse : cette reconstitution est présentée en fin de page.
Le ressaut rocheux qui domine les pentes situées à l'ouest de la plateforme de La Bastille montre, avec une belle clarté (due à ce que sa coupe naturelle est presque orthogonale aux couches), le passage d'une faille qui recoupe les couches du Tithonique avec une faible obliquité (c'est-à-dire selon une valeur angulaire typique des failles compressives).
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Elle provoque un redoublement des couches et présente en outre des crochons qui indiquent qu'il s'agit bien d'un accident compressif à vergence* ouest.
Toutefois avec ce pendage, orienté vers l'ouest, on s'attendrait "normalement" à une vergence "remontant la pente" donc vers l'est, ce qui est en désaccord avec le sens de mouvement indiqué par les crochons.
En fait cette géométrie est aisément expliquable si l'on admet qu'il s'agit d'une faille de chevauchement qui a été basculée postérieurement à son fonctionnement : de plus un tel basculement est aisément attribuable à un effet du plissement qui a basculé dans le même sens les couches du flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux.
Les failles du Jalla sont des failles de chevauchement,
à vergence ouest, qui ont été basculées
par la formation de l'anticlinal de l'Écoutoux. |
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Détails et commentaires sur la structure de ce secteur ont fait l'objet de la publication n°094.
Concernant les failles antérieures au plissement en Chartreuse voir, en page "Chartreuse orientale", l'aperçu
général sur cette question.
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Rachais |
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