Les Chapieux

le cours supérieur du torrent des Glaciers

Les pentes qui descendent du Col du Bonhomme vers l'est sont celles de la rive droite (septentrionale) du torrent des Glaciers. Les plus élevées ont un relief globalement assez mou et sont garnies d'alpages. Ceci est dû à leur substratum peu résistant, principalement formées par l'épaisse et très monotone série (sans doute replissée) des schistes aaléniens de l'unité de la crête des Gittes, qui garnit plus au sud-ouest les pentes nord-occidentales du Cormet de Roselend. Ces couches occupent notamment une très grande surface en contrebas du refuge de la Croix du Bonhomme, dans l'alpage de la Raja.

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La partie haute du versant oriental du col de la Croix du Bonhomme vu du sud-ouest, depuis le sommet de la Crête des Gittes (c'est-à-dire depuis un point de vue élevé).
u.R = unité de Roselend ; u.G = unité de la crête des Gittes ; u.M = unité de Moûtiers ; u.My = unité de la Pointe de Mya (semelle anté-flysch de la nappe valaisane, ployée en anticlinal et refoulée sur le flysch de son flanc ouest : voir les clichés suivants).
En arrière plan : crêtes de rive gauche du haut Torrent des Glaciers.

Mais plus bas dans le versant (c'est-à-dire du côté du SE) ces terrains sont recouverts en imbrication, principalement le long de l'arête qui descend depuis les Têtes de Fours jusqu'aux Chapieux, par les terrains sédimentaires de la nappe valaisane.

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La vallée amont du Torrent des Glaciers , vue du S-SW depuis la Pointe de la Terrasse. (cliché original obligeamment communiqué par M. M.Cognet).

Ceux-ci sont formés, jusque très haut (point coté 2639 de l'arête SE des Fours), par le flysch de Tarentaise, rapportés à l'unité de Moutiers, et, peu en contre-bas (point 2564), par le Permo-Trias (conglomérats, quartzites et calcaires dolomitiques) du soubassement de ce flysch. Ces dernières couches qui, plus bas, arment la crête rocheuse de la Pointe de Mya et qui descendent jusqu'au village dessinent en fait un anticlinal de Mya qui est sectionné par un chevauchement secondaire (dont on peut hypothétiquement envisager que ce soit celui de la base de l'unité du Roignais).

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La partie basse du versant oriental du col de la Croix du Bonhomme vue du sud, depuis la route D 902, au niveau des chalets de la Fauge.
ØM = chevauchement du flysch de l'unité de Moûtiers ; ØMy = chevauchement de la Pointe de Mya : u.My = l'unité secondaire de la pointe de Mya : elle est formée par les terrains anté-flysch, éventuellement rapportables à l'unité du Roignais ; a.My = anticlinal de Mya ; f.Ch = faille des Chapieux : au niveau de ce village elle juxtapose l'unité du Roignais à celle de Moûtiers.
On est là à la marge occidentale des affleurements de la nappe valaisane : le soubassement du flysch de Tarentaise y est constitué de matériel non océanique qui a, pour l'essentiel, des caractéristiques qui évoquent beaucoup la zone briançonnaise (notamment par son puissant Trias moyen calcaréo-dolomitique).

Dans le détail ces couches valaisannes y sont repliées et imbriquées selon des surfaces tectoniques qui plongent avec des pendages vers l'est de l'ordre de 40°, un peu plus forts que la pente moyenne du versant et nettement plus fort que celui de la surface basale de la nappe valaisane, qui les tranche ainsi en biseau. Cela implique une succession de plusieures étapes de chevauchement.

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Le site des Chapieux vu du sud-ouest, depuis la route D.902 (tournant coté 1621)
u.M = flysch de l'unité de Moutiers ; u.My = unité secondaire de la pointe de Mya, formée par les couches anté-flysch (permien à Trias) de l'unité de Moutiers ; u.R = unité du Roignais ; f.Ch = faille des Chapieux.
La semelle permo-triasique de l'unité de Moûtiers forme la Pointe de Mya (où elle décrit un anticlinal pincé refoulé sur le flysch de son flanc ouest). Dans ses contreforts orientaux elle est affectée d'un repli synclinal très fermé* (pratiquement isoclinal*). Les affleurements inférieurs y sont, de ce fait en série renversée, base à l'est. De l'autre côté (est) du lit du torrent des Glaciers on trouve au contraire des termes plus élevés de la série, disposés à l'endroit : on est là dans la lèvre orientale, abaissée, de la faille des Chapieux.

Au total ce matériel valaisan est plaqué en un fort chevron pointant vers le NW à l'assaut du versant (sur les cartes on voit que les couches de ces deux unités dessinent, en franchissant l'arête, un beau chevron* pointant vers le nord-ouest). Le dessin cartographique de ce lambeau tectonique se ferme du côté NE aux abords de Ville-des-Glaciers en se biseautant contre une cassure que suit le lit du torrent et que l'on peut donc apppeler la faille des Chapieux.

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Les crêtes entre le Torrent des Glaciers et la frontière franco-italienne, au sud-est du col de la Seigne, vues de l'ouest, depuis la Tête nord des Fours
Le dessin des replis du grand synclinal du Versoyen qui redouble le flysch de Tarentaise de l'unité du Roignais est symbolique : mais il indique tout de même assez exactement la position des principaux de ses replis.
Les tirets orangés correspondent à la surface de chevauchement de Mya (= base de l'unité du Roignais ?) : elle disparaît au nord (à gauche) de Ville des Glaciers car elle y est sectionnée par la faille des Chapieux (f.Ch)
Ø.M = chevauchement de l'unité de Moûtiers ; u.G = unité des Gittes ; u.Ros. = unité de Roselend.

Au nord-est de Ville des Glaciers la faille des Chapieux semble bien se prolonger jusqu'au col de la Seigne, voire au-delà (bien qu'on l'y ait confondu, jusqu'à maintenant, avec la surface de chevauchement de l'unité du Roignais). En effet dès la ville des Glaciers l'unité du Roignais vient en contact direct avec celle des Gittes puis, à partir des Mottets, cette dernière se termine par biseautage et l'unité du Roignais se juxtapose directement à l'unité de Roselend.


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Coupe schématique de la zone valaisane au nord-ouest de Bourg-Saint-Maurice

faisant la synthèse des dispositions observables entre la combe de la Neuva et le vallon de Charbonnet (au sud -ouest), d'une part et la frontière italienne (au nord-est), d'autre part (coupe supérieure)
s.V = synclinal couché du Versoyen (pli majeur) ; fmT = faille de la moyenne Tarentaise (= front de la zone briançonnaise).
Replis de flanc normal (rives du torrent des Glaciers) : s.Te = synclinal de la Terrasse ; a.sA = anticlinal du Pont Saint-Antoine ; s.cB = synclinal de Crêt Bettex.
Replis de flanc inverse (crête de La Terrasse) : a.T = antiforme de la Terrasse ; s.Tn = synforme de Terrassin ; a.P = antiforme de Praina.
"oph." = ophiolites ("roches vertes") ; "flCb" = calcaires de base du flysch de Tarentaise dans la succession renversée du Versoyen ; "flS" = schistes noirs recouvrant les ophiolites ; "flcg" = conglomérats de base du flysch de Tarentaise dans la succession à l'endroit des unités du Roignais et de Moûtiers.
voir le schéma d'interprétation de la formation de cette structure à la page "Beaufortain oriental".

En définitive le village des Chapieux est situé au point de convergence de deux vallons orientés l'un et l'autre NE-SW, le haut vallon du Torrent des Glaciers au nord et la Combe de la Neuva au sud. Ces deux vallons s'alignent en suivant à peu de chose près le tracé de la faille des Chapieux, qui se suit en effet sans ambiguité au moins jusqu'au col du Grand Fond (voir la page "Cormet de Roselend"). Cette dernière s'avère être une cassure majeure qui a en définitive le rejet d'une faille extensive puisqu'elle abaisse assez fortement (de plusieurs centaines de mètres) la partie de l'unité du Roignais située dans sa lèvre sud-est.

 

 


voir l'aperçu général sur le Beaufortain oriental
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuilles Bourg-Saint-Maurice et Saint-Gervais.

Carte géologique simplifiée du Beaufortain oriental, à l'est des Chapieux
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

vallon de la Gittaz

col du Bonhomme

La Seigne
Cormet de Roselend LOCALITÉS VOISINES Versoyen

Grand Fond

La Terrasse

Bourg-Saint-Maurice
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