La Mourière (extrémité septentrionale du chaînon de la Saume)

la rive gauche de la vallée du Cristillan, en aval de Ceillac

La partie septentrionale du chaînon de la Saume (crête de la Mourière) s'abaisse d'abord doucement, jusqu'au Pas de la Mourière, où elle s'effondre beaucoup plus brutalement car elle est tranchée par la gorge du Cristillan.

Cette crête sépare deux parties de structure générale assez différente qui s'articulent (au moins dans leur soubassement) par une charnière qui prolonge sans ambiguité celle de l'anticlinal amont du Guil (voir la page "gorges du Guil") :
- les pentes du versant occidental de la crête de la Mourière sont formées de couches qui pendent globalement vers l'ouest, où elles rejoignent celles du vallon inférieur des Pelouses ;
- Les pentes du versant oriental de la crête de la Mourière (pentes de rive gauche du vallon du Mélezet) montrent des couches dont le pendage devient de plus en plus vertical, voire renversé, du haut vers le bas. Ces pentes et les vallons transversaux qui les entaillent sont examinés à la page "Lourette"
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Les crêtes du versant septentrional de la Saume vues du nord, depuis le Pic d'Assan (sommet 2609)
Vue globale du versant : seules sont figurées les structures majeures, c'est-à-dire les nappes et les plis qui les reploient (la faille de la Mourière a notamment été délibérément omise).
f.Tr = prolongement vers le sud de la faille de la Traverse du Pic d'Assan : elle sectionne le bord oriental (de gauche) des affleurements de la nappe de la Font-Sancte. Celle-ci y est rebroussée par un synclinal, qui est analysé plus en détail à la page "Lourette" : il est noté s.Pa car c'est le prolongement septentrional très vraisemblable du synclinal de la Partietta (voir les pages "Font-Sancte" et " Heuvières").


a) Le versant ouest de l'arête rocheuse qui descend depuis le Sommet de la Saume jusqu'à l'éperon de la Maurière comporte une partie haute parcourue de vallons modérément inclinés vers le nord et qui ne change guère de caractère jusqu'au vallon d'Andrevez (bas vallon des Pelouses).
Elle appartient (par continuité des affleurements) à la nappe de la Font Sancte et elle montre esssentiellement d'épais marbres en plaquettes reposant sur un barre calcaire jurassique (où se superposent le Malm sur le Dogger) qui affleure souvent en dalles structurales (notamment dans le vallon entre Saume et crête de Pra Francès) ; mais des failles à peu près N-S (prolongements septentrionaux de celles de la Font-Sancte et des Veyres) y déterminent un relief où des vallons N-S, remplis par les marbres en plaquettes, sont séparés par des échines de Malm.

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Le versant septentrional du massif d'Escreins (rive sud du Cristillan) au niveau de l'Ubac de l'Aval, vu d'avion du NW.


À l'E du vallon d'Andrevez, à l'aplomb de la crête d'Andreveysson, cette succession se renverse car les couches sont ployées dans l'axe de cette crête par un grand synclinal déversé vers l'est : par sa situation il correspond clairement au grand synclinal de la Maison-du-Roy (au nord) et des Aspaturas (au sud).


Les Cornes de Chancel vues du nord, depuis la crête d'Andreveysson
On distingue sans peine la charnière synclinale déversée vers l'est (vers la gauche), dans les marbres en plaquettes de l'arête rocheuse.


b) Sensiblement à la latitude de l'éperon de la Maurière ce versant occidental de la montagne est parcouru par une ligne de falaises grossièrement E-W dans lesquelles le Jurassique apparaît en coupe. Elles correspondent à peu près au tracé d'une faille sub-verticale (plutôt inclinée vers le sud), la faille de la Maurière. Cette cassure surélève fortement sa lèvre septentrionale, de sorte que c'est le substatum tectonique de la nappe de la Font Sancte, c'est-à-dire l'unité inférieure du Guil, qui y est porté à l'affleurement.

c) Dans les abrupts de l'éperon rocheux de la Maurière on voit clairement les calcaires et dolomies du Trias moyen dessiner un anticlinal droit, qui y est entaillé en coupe transversale (il est bien visible depuis la route D.60, lorsque l'on débouche au sommet des gorges) : il s'agit de l'anticlinal amont du Guil dont les couches d'âge plus récent ont été enlevées ici par l'érosion, à la voûte du pli.
L'entaille du lit du Cristillan atteint même les quartzites du cœur de ce pli, que la route D.60 traverse sur 500 m avant d'atteindre le pont des chalets de l'Ubac de l'Aval.

À l'ouest du grand ravin qui se jette dans le Cristillan à l'Ubac de l'Aval ce sont les couches du flanc occidental de cet anticlinal, avec un Jurassique peu épais surmonté de marbres en plaquettes et de flysch noir qui forment les échines boisées où s'élève la route forestière d'Andreveysson.

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Le chaînon de la Saume et la rive gauche du Cristillan vus du nord depuis les pentes occidentales des Pics d'Assan (les crêtes septentrionales de la Saume sont vues d'enfilade).
Sous cet angle on se trouve dans l'axe de l'anticlinal amont du Guil, dont on voit bien qu'il enroule toutes les nappes superposées et qu'il est plutôt déversé vers l'est (vers la gauche).
U.INF = unité inférieure du Guil (autochtone relatif de l'empilement des nappes) ; n.FS = nappe de la Font-Sancte ; n.A = nappe d'Assan ; n.CL = nappe de la Clapière.
f.FS = faille (longitudinale) de la Font-Sancte ; f.M = faille (transversale) de la Mourière : son compartiment méridional (en arrière-plan) est fortement abaissé, ramenant le Jurassique au niveau de la base des calcaires triasiques de l'avant-plan ;
f.Tr = faille de la Traverse. Cet accident sépare la nappe d'Assan de la nappe de la Font-Sancte ; mais ce n'est sans doute pas une surface de charriage : en effet il se place dans le prolongement de la cassure de ce nom du versant nord de la gorge du Cristillan et biseaute, de la même façon qu'elle, les couches de ces deux nappes.


La crête de la Saume s'abaisse assez régulièrement jusqu'à la Mourière et cette disposition topographique ne fait que suivre le plongement général des couches vers le nord. Celles-ci sont formées d'un placage de marbres en plaquettes recouvrant une barre jurassique remarquablement puissante (Malm et Dogger réunis y atteignent par places plus de 200 m d'épaisseur) ; elles sont également affectées par un ploiement anticlinal qui se place à peu près dans le prolongement de celui qui affecte le Trias de La Maurière.

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L'extrémité septentrionale du chaînon de la Saume vue du nord-est, depuis le col de Bramousse
f.P = faille des Pelouses ; f.M = faille de la Mourière (f.MN = branche nord, f.MS = branche sud) ; f.t1, f.t2, f.t3, = failles transverses secondaires de l'arête Saume - Mourière.
a.EG = anticlinal amont (oriental) du Guil (noter le pendage vers le nord de son axe) ; f.Tr = faille de la Traverse (ici entre nappe d'Assan et nappe de la Font-Sancte).
u.inf. = unité inférieure du Guil ; n.FS = nappe de la Font-Sancte ; n.A = nappe d'Assan ; n.Cl = nappe de la Clapière ; u.cC = unité des calcschistes de Ceillac-Chiapera.
Pour interpréter cette image on peut s'aider de la coupe de fin de page.


La crête de la Mourière est en outre coupée de failles transversales extensives dont le compartiment méridional est systématiquement abaissé. Ces failles sont en fait des cassures mineures de la même famille que la grande faille de la Mourière ; cette dernière est d'ailleurs, en réalité, formée de deux branches parallèles distantes de 200 m. (c'est sa branche septentrionale qui est suivie par le GR dans sa portion où il franchit le Pas de la Mourière).

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L'extrémité septentrionale de la crête de la Mourière vu du nord-est, depuis les pentes du col de Bramousse : analyse plus détaillée.
(sur cet agrandissement de la vue précédente on a délibérément voilé l'arrière-plan, constitué par les crêtes du Pic d'Escreins).
f.M = faille de la Mourière (f.MN = branche nord, f.MS = branche sud) ; f.t1 = faille transverse secondaire de la crête de la Mourière. f.Tr = faille de la Traverse ; a.EG = anticlinal amont (oriental) du Guil.
u.iG = unité inférieure du Guil ; n.FS = nappe de la Font-Sancte ; n.A = nappe d'Assan.


Le rejet de cette cassure consiste donc en un fort abaissement de son compartiment méridional, accompagné sans doute d'une composante (plus modeste) de coulissement : il est très analogue à celui de la faille des Pelouses, dont le tracé est également proche de E-W.

 La faille de la Mourière et la faille des Pelouses, ainsi que les failles plus mineures de la crête de la Mourière, représentent donc des accidents tardifs, postérieurs à l'enroulement rétrodéversé de la pile des nappes : ces cassures traduisent l'intervention relativement récente d'une extension pratiquement N-S au sein du domaine briançonnais.
Par ailleurs on peut envisager que la faille de la Mourière ait pu déterminer originellement l'emplacement du cours du Cristillan en aval de Ceillac, même si ce cours passe maintenant bien plus au nord que le tracé de la faille (cela peut résulter du classique phénomène de "dérive" du tracé du cours d'eau).

Le bas versant nord-oriental de la Saume devient boisé en dessous de 2400 m. Dans le secteur situé entre cette altitude et le fond de vallée il est difficile de déméler en détail l'organisation des ensembles rocheux, surtout en raison de son couvert forestier mais aussi du fait de sa complication tectonique.
Il est assez clair qu'il doit s'y prolonger la structure en nappes imbriquées, ployées et renversées par le rétrodéversement* de l'anticlinal oriental du Guil, visible au nord du Cristillan (cf pages "Cristillan aval" et "Ceillac"), selon le schéma ci-après.


Coupe schématique de la marge orientale du massif d'Escreins à la latitude de Ceillac
La faille subverticale qui abaisse la nappe d'Assan à l'est de la Mourière est sans doute le prolongement méridional de la faille de la Traverse de la rive septentrionale du Guil.

Toutefois les cassures transverses, notamment celle de La Mourière, doivent aussi y venir interférer et recouper les surfaces de charriage des unités tectoniques imbriquées (qu'elles doivent recouper et décaler), en même temps que ces dernières passent d'une attitude verticale à un renversement vers l'est (sous l'effet du rétrodéversement* de l'anticlinal oriental du Guil).

Mais, sauf sur quelques pointements rocheux émergeant du versant boisé (crête des Chanas, Le Poulain), les tracés de ces accidents sont difficilement localisables.
C'est pourquoi il subsiste des incertitudes de détail dans les tracés donnés sur la carte géologique comme sur les clichés ci-dessus (notamment en ce qui concerne le prolongement oriental de la faille de la Mourière, lequel peut éventuellement se poursuivre jusque dans les pentes orientales de la Croix du Signal, dans la vallée du Mélezet)

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aperçu d'ensemble sur le massif d'Escreins
approfondir les vues générales sur la zone briançonnaise méridionale 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Guillestre, Embrun et Aiguille de Chambeyron

Carte géologique simplifiée des montagnes de Vars et d'Escreins
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

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