Lans-en-Vercors, Pic Saint-Michel

Le cours supérieur du Furon, en bordure sud-orientale du Val de Lans.
(Page subdivisée en quatre parties : a) au nord , b) à l'est , c) au sud-est, d) au sud.)


La localité de Lans est installée à mi-latitude du val, très jurassien par son relief*, auquel elle donne son nom. Ce val, à fond plat large d'environ deux kilomètres, est orienté N-S et occupe la partie nord-orientale du Vercors (apercu d'ensemble à la page "Vercors NE"). Il est bordé du côté occidental par le chaînon de Sornin et du côté oriental par celui du Moucherotte, qui le sépare du sillon subalpin (voir la page "Comboire").

Le relief de ce val se calque sur celui du synclinal de Villard de Lans, qui est un pli que l'on peut qualifier de coffré* car il possède un fond plat, doucement penté vers l'est. Il est bordé par deux flexures synclinales déjetées en sens opposé, à l'ouest la flexure des Engenières, N.20, et à l'est celle du synclinal des Vouillants, N.40 (voir la page "Seyssins"). Aux abords de Lans ce dernier pli, qui est passagèrement masqué à la latitude de Saint-Nizier, trouve son homologue méridional dans le synclinal des Suifs qu'y dessinent les calcaires sénoniens.

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Le Val de Lans et le chaînon du Moucherotte vus du sud-ouest, d'avion (cliché Beaujard).
a.So = anticlinal de Sornin ; fl.E = flexure des Engenières (= charnière occidentale du fond du synclinal de Villard-de-Lans) ; a.Sa = anticlinal de Sassenage ; d.B = prolongement SW du décrochement des Bruziers ; s.mS = synclinal "méso-subalpin" (N45, oblique aux autres plis) ; s.Su = synclinal du Bois des Suifs (flexure orientale du synclinal de Villard-de-Lans) ; ØM = chevauchement du Moucherotte ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; a.M = charnière occidentale de l'anticlinal du Moucherotte.

La partie du val qui sépare les localités de Lans et de Villard-de-Lans a été l'objet d'un surcreusement par les anciens glaciers locaux, qui ont enlevé le Miocène du cœur de son synclinal et abandonné des dépôts morainiques sur ses flancs. Puis elle a été barrée du côté nord par le cône de déjections du Furon : ceci l'a temporairement transformée en lac, qui a vite été comblé par les alluvions fluviatiles et drainé du côté le sud par la Bourne, qui y prend sa source. Le cours du Furon s'est ré-entaillé dans ses anciennes alluvions, pour s'évacuer vers le nord par les gorges d'Engins.
Les affleurements de calcaires sénoniens du Peuil, à pendage horizontal, sont des témoins du fond du synclinal qui "émergent" de ces alluvions.


 C'est cependant une entité un peu plus complexe car les deux flexures à vergence opposée qui le délimitent ont leurs axes qui se rejoignent aux abords sud de Villard-de-Lans. Leur divergence en direction du nord s'accompagne, à l'approche de la vallée de l'Isère, par l'apparition intercalaire de l'anticlinal de Sassenage. Ce pli sépare alors un synclinal des Vouillants, oriental, qui se prolonge en Chartreuse par le synclinal de Proveysieux, et un synclinal de Sassenage, occidental, qui s'efface au contraire dans le vallon de Mont-Saint-Martin (voir la page "rapports avec la Chartreuse").

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L'ensemble du val de Lans vu d'avion, du nord, depuis l'aplomb des Engenières près de Sassenage.
- En premier plan : a.Sa = anticlinal de Sassenage (il plonge vers le sud, c'est-à-dire vers l'arrière) ; c.Sa = faille ("chevauchement") de Sassenage ; f.E = faille d'Engins (transverse aux accidents précédents) ; s.Sa = synclinal N-S de Sassenage ; flE = flexure des Engenières (affectant le flanc ouest du précédent).
- En arrière plan : ; d.B = décrochement des Bruziers ; ØM = chevauchement du Moucherotte (se raccorde au précédent) ; s.Su = synclinal des Suifs ; s.mS, le grand synclinal méso-subalpin, N45 ; a.Mw = charnière anticlinale occidentale du Moucherotte.
- Alluvions glaciaires wurmiennes (en bleu clair) : mW1 = moraine des Guillets (1° stade de retrait) ; mW2 = moraine des Charvets (2° stade de retrait). Le tracé de ces moraines, au flanc de la vallée du Furon, indique qu'une langue glaciaire s'engageait dans cette vallée ; tirets bleus fléchés = écoulements d'eaux de fonte.
Le "synclinal de Villard de Lans" est constitué par l'assemblage (convergent vers le sud) de la flexure des Engenières, (son flanc ouest) et du synclinal méso-subalpin (son flanc oriental). Le plancher du val de Lans est disséqué, en avant de Lans, par la vallée du Furon (Engins). Celle-ci perce la carapace du Sénonien supérieur et ouvre, jusque très en aval d'Engins, une combe monoclinale dans le Sénonien. Il est partagé en avant-plan par l'anticlinal de Sassenage dont la voûte s'élève vers le nord (à l'est duquel se trouve, hors champ, le synclinal de Proveysieux).

A / Du côté oriental, à la latitude de Lans, la limite des affleurement miocènes décrit un golfe qui se ferne du côté sud-oriental, entre La Chénevarie et le Peuil par les reliefs boisés sénoniens du Bois Sigu et de la Grande Côte. Le chef lieu de Lans est installé dans ce golfe sur les cailloutis du cône de déjections que le torrent du Furon (qui prend naissance dans les pentes occidentales du Pic Saint-Michel) a étalé au débouché de son cours amont dans le val. La signification structurale de ce dessin cartographique reste conjecturale (la carte géologique y voit les passage d'une cassure prolongeant vers le sud le chevauchement du Moucherotte, mais l'examen des lieux peine à justifier cette interprétation).

Les reliefs du bord oriental du Val correspondent à une extension vers l'ouest des pentes de la montagne du Moucherotte : elle se produit à la faveur d'un rebord abrupt orienté SW-NE qui domine le profond rentrant des sources du Bruyant (Bois des Mures). Leur partie sommitale, à faible déclivité vers l'ouest, forme le plateau des Ramées qui est limité d'autre part vers l'ouest par l'abrupt de la Croix des Ramées et du côté oriental par puissante falaise du rebord subalpin qui domine le Peuil de Claix (voir la page "Comboire").

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Le plateau des Ramées, vu du sud d'avion.
ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; fa.M = flexure anticlinale occidentale du Moucherotte ; f.Ti = faille de La Tinette ; f.Rr? = faille de Roche Rousse (?) ; f.R = faille du Plateau des Ramées ; ØV = petit chevauchement des Virets ; s.R = flexure synclinale NE-SW des Ramées (transverse à l'anticlinal du Moucherotte).
à l'arrière-plan : fs.A = flexure synclinale de l'Ane.

1) Le plateau des Ramées est limité du côté septentrional par le rebord abrupt orienté SW-NE qui domine le profond rentrant des sources du Bruyant (Bois des Mures). Il donne une coupe naturelle NE-SW, donc oblique au chaînon, mais son analyse est contrariée par l'abondance de la garniture ébouleuse qui masque très largement la disposition des couches en contrebas de son rebord supérieur. Elle permet cependant de voir que que la structure à cette latitude différe de celle du Moucherotte en ceci que la dalle de l'Urgonien supérieur (qui y supporte des lambeaux de Lumachelle paqués sur le plateau des Ramées) y dessine un synclinal très ouvert dont l'axe passe au Pas de l'Échelle : c'est ce pli qui est à l'origine de faible déclivité de la dalle structurale des Ramées.

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Le rebord septentrional du plateau des Ramées, vu du NW depuis les pentes d'Engins (Les Merciers).
a.M = anticlinal du Moucherotte (charnière dessinée par les couches hautes de l'Urgonien inférieur) : son axe (N20) n'est pas perpendiculaire au versant mais oblique à lui de seulement 30° ; ØM = tracé, en grande partie masqué Bois des Lures), du chevauchement du Moucherotte ; f.Rr = faille NE-SW de Roche Rousse.
"Séil" = lauzes du passage entre marno-calcaires du Sénonien inférieur ("Séim") et calcaires du Sénonien supérieur ("Sés").

Il est patent que le flanc ouest (presque horizontal) de ce pli se poursuit, sur 600 m vers l'ouest, jusqu'au promontoire rocheux coté 1612 où se coude l'abrupt de la Croix des Ramées. Par contre on voit plus bas dans le versant que les plus hautes couches de l'Urgonien inférieur dessinent la charnière en genou de la flexure occidentale de l'anticlinal du Moucherotte, ceci moins de 300 m à l'ouest du Pas de l'Échelle. Ce décalage semble a priori explicable par un glissement relatif vers l'ouest du niveau supérieur, à la faveur du niveau des couches à Orbitolines. Mais l'examen des abrupts de la Croix des Ramées (voir plus loin en partie B/1) montre que l'on y retrouve les mêmes couches hautes de l'Urgonien inférieur qui y constituent le cœur de ce même pli. On se trouve donc obligé d'invoquer un décalage dextre par une "faille de Roche Rousse" de tracé NE-SW passant juste au NE de la butte de ce nom.

On peut remarquer que la falaise supérieure dessine à son extrémité septentrionale, cotée 1612, une curieuse sinuosité, bien visible depuis le nord, qui est constituée par court rebroussement synclinal suivi d'une inflexion anticlinale : il est plausible de voir dans ce froissement l'amortissement d'une faille extensive N-S qui abaisse sa lèvre orientale un peu plus au sud, au Pas de la Tinette (voir plus loin).

2) D'autre part si l'on se porte un peu plus à l'ouest, dans le versant nord de la Roche Rousse on observe la très vraisemblable réapparition de la surface de chevauchement du Moucherotte. En effet vers l'altitude de 1300 m, c'est là dire à l'altitude prévue si l'on se base sur la quasi horizontalité qui est la sienne plus au nord (voir la page "Moucherotte") on observe, un peu au dessus des conglomérats miocènes qui affleurent en pied de versant, des couches du Sénonien, dans la même position donc que les couches de même âge du flanc ouest de l'anticlinal du Moucherotte. Il est clair en outre que cette altitude est trop basse pour que cette surface soit en rapport avec la structure de la Croix des Ramées. inférieur qui sont verticaux

Ces couches semblent plus précisément être dans le prolongement de celles qui forment plus au nord le Rocher de l'Âne. Elles sont d'abord formées, du côté est, de marno-calcaires du Sénonien inférieur ; puis elles dessinent un mouvement synclinal déjeté vers l'ouest tel que les affleurement les plus occidentaux, formés par les calcaires sénoniens supérieurs, forment le flanc inférieur du pli et ne pendent que de 40° vers le NW.


Coupe à la latitude des Ramées, passant peu au nord de Lans, à gauche, et de Claix, à droite (orientation N115).
s.S = synclinal des Suifs (flexure synclinale du bord oriental du synclinal de Villard-de-Lans) ; a.M = flexure anticlinale occidentale du Moucherotte ; ØM = chevauchement du Moucherotte ; f.Rr = faille de la Roche Rousse (oblique à la coupe) ; f.Ti = faille de La Tinette ; f.Si = faille de La Sierre ; ØSA = chevauchement de Saint-Ange ; Øtass = surface de glissement du tassement du Peuil : on a dessiné ses couches de façon schématique, comme si elles n'avaient pas subi de dislocation lors de leur glissement vers le bas.
N.B. : Le chevauchement de la Croix des Ramées est figuré mais non nommé.

B/ à l'est de Lans, les pentes de la Croix des Ramées montrent des faits complémentaires, car les affleurement de miocène qui constituent la base de la butte de Roche Rousse s'y prolongent jusqu'à proximité du talweg du Furon en amont du village des Bernards et y sont toujours coiffés par des calcaires sénoniens. Or ces derniers se révèlent constituer ici le flanc oriental d'un synclinal des Suifs dont les couches plus anciennes affleurent plus au sud (la crête 1298 du sommet de ce nom correspond elle aussi au flanc oriental redressé jusqu'à la verticale de ce grand pli).

Ce pli est très déjeté vers l'ouest puisque la partie inférieure de sa charnière, que traverse le cours supérieur du Furon en amont des Jailleux, pend encore à plus de 20° vers le NW tandis que sa partie supérieure, au nord du Bec du Cornillon, est pentée à 80° E. Cette disposition des couches présente des analogies avec celle du chapeau de la Roche Rousse, tout en s'en différenciant : en effet la flexion synclinale de la Roche Rousse ressemble plus à celle la partie basse du flanc de synclinal (niveau du talweg) qu'à sa partie haute, plus septentrionale, située à la latitude de la Croix des Ramées, ceci tout en plongeant vers le N.

Il est clair que cette structure n'est autre que la flexure orientale du synclinal coffré (à fond presque horizontal) de Villard-de-Lans ; d'autre part il est remarquable que son axe, orienté N-S au nord comme au sud, subit à la latitude où il est traversé par le thalweg (c'est-à-dire sur la transversale du hameau de Furon), une torsion en sens horaire qui le fait s'orienter N70 (voir plus loin son interprétation).

1) La rive droite de la gorge du Furon montre par une coupe dépourvue d'ambiguité ses rapports avec la structure des pentes plus orientales : on y voit les calcaires du Sénonien supérieur plonger vers le NW, apparemment pour s'enfoncer sous le miocène des Bernards et de La Chénevarie, et se rebrousser vers le SE au Bec Cornillon en dessinant cette charnière synclinale. Plus à l'est, au hameau des Jeux, les couches stratigraphiquement inférieures (du Sénonien inférieur à l'Urgonien supérieur) montrent un basculement progressif de leur pendage qui atteint 45° E au niveau de la Lumachelle avant de se faire couper en biseau plus au nord par une surface que l'on peut appeler le chevauchement de la Croix des Ramées. Au dessus de cette dernière les couches urgoniennes, à l'endroit mais basculant vers l'ouest dessinent un anticlinal également déjeté vers l'ouest dont la charnière passe en contrebas ouest de la falaise de la Croix des Ramées : elle possède en fait le dessin anguleux connu plus au nord pour caractériser la charnière occidentale de l'anticlinal du Moucherotte.

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La rive droite (nord) des gorges du cours amont du Furon, en amont du village des Bernards, vue du sud-ouest, depuis la crête de Bois Sigu.
ØM = chevauchement du Moucherotte ; f.Rr = faille de Roche Rousse a.M = anticlinal du Moucherotte ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; f.T = faille de La Tinette ; s.S = synclinal des Suifs.
(les petits schémas rectangulaires symbolisent la disposition dans l'espace des couches)
"Séil" = lauzes du passage entre marno-calcaires du Sénonien inférieur ("Séim") et calcaires du Sénonien supérieur ("Sés").
Le rétrécissement progressif, du bas vers le haut, des différents termes successifs est un fait réel qui ne peut pas être mis sur le compte de la seule perspective

On constate même, aux abords occidentaux du point culminant de ce petit sommet, que l'érosion a atteint un cœur dessiné par les couches à Orbitolines et les couches les plus hautes de l'Urgonien inférieur, tandis que les couches du flanc ouest sont coupées en biseau par ce contact chevauchant. Ce dernier (en fait masqué par une frange d'éboulis) coupe également en biais les couches de sa lèvre inférieure, que couronnent les calcaires sénoniens des Traverses, lesquelles montrent en outre un amincissement de bas en haut que l'on est tenté a priori d'attribuer à un effilement tectonique.

En fait ce contact de chevauchement n'est visible nulle part car il est masqué par une ligne d'éboulis. On constate seulement, à l'est des Jeux, la juxtaposition brutale à la Lumachelle (renversée et pentée à 45° vers l'est) par des bancs urgoniens, pentés eux à 50° vers l'ouest, qui y appartiennent au (bref) flanc ouest de l'anticlinal (voir le cliché ci-dessus).

Cette géométrie de rebroussement de la lèvre inférieure n'est pourtant pas explicable par la rupture en chevauchement du flanc ouest de l'anticlinal car elle ne s'accompagne d'aucun renversement de l'Urgonien de la lèvre supérieure.
Par contre elle peut s'interpréter comme un rapport sédimentaire, correspondant à un onlap de la Lumachelle sur l'Urgonien de la lèvre orientale, qui aurait été basculé vers l'ouest par le plissement. En faveur de cette interprétation on peut prendre en considération l'observation de plusieurs autres cas de discordance qui s'observent dans les prolongements nord et sud de ce flanc ouest de l'anticlinal du Moucherotte.
1 - au nord le Sénonien calcaire du Roc de Bataillon et du Rocher de l'Ane pend vers l'ouest à 40° en s'appuyant (d'ailleurs sans Lumachelle intercalaire) contre l'Urgonien inférieur vertical des Trois Pucelles (voir la page "Moucherotte");
2 - au sud la lumachelle verticale que traverse la route avant de déboucher sur le plateau de la Sierre s'appuie par un contact (également sans inflexion intermédiaire) contre l'Urgonien faiblement penté de 20° vers l'ouest qui supporte les installations du stade de neige (voir plus loin dans la présente page).
3 - encore plus au sud, dans les pentes occidentales de la crête des Rochers de l'Ours, la construction des coupes transversales à partir des données cartographiques met en évidence une importante discordance syn-sédimentaire progressive de la succession post-Barrémienne du flanc oriental du synclinal de La Fauge(voir la page "Cornafion").

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Le versant occidental de La Croix des Ramées, vu de l'ouest depuis les abords de La Croix Perrin. (cliché original obligeamment communiqué par Mr. M. Cognet) (cette vue est prise d'assez loin pour atténuer les effets de perpective en contre-plongée affectant la suivante).
Dans la partie située à droite de la faille de Roche Rousse la notation "ØM?" correspond à une interprétation de ce tracé qui est conforme à celle de la carte géologique et en accord avec un jeu dextre de la faille de Roche Rousse (f.Rr) ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées
Sé = Sénonien au sens large : "Séim" = inférieur (marnes) ; "SéiL" = intermédiaire ("lauzes") ; "Sés" = supérieur (calcaires).

Ce dispositif s'interrompt au niveau du vallonnement qui descend en direction du village de la Chénevarie à partir du collet oriental de Roche Rousse : c'est bien là, de fait où, du fait de sa direction doit passer la faille de Roche Rousse définie plus haut.

De fait les couches sénoniennes de cette butte ne s'y disposent pas comme celles des Traverses, en dépit de ce qu'elles affleurent dans leur prolongement : elles sont bien affectées d'un ploiement synclinal mais ce dernier correspond plutôt à celui de la partie inférieure du crochon du Bec Cornillon et des Traverses (voir plus haut). En outre le contact Sénonien sur Miocène de la lèvre méridionale de la faille de Roche Rousse s'y trouve abaissé et décalé dans le sens dextre.

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Le versant est du val de Lans vu du sud-ouest, depuis les abords méridionaux du village des Jailleux.
a.M = anticlinal du Moucherotte (sa charnière occidentale) ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; ØM = chevauchement du Moucherotte ; f.Rr = faille de la Roche Rousse ; s.S = synclinal des Suifs, (s.S) ; f.A = faille (décrochement dextre) de l'Avocat.

Le pendage des couches sénoniennes des pentes des Traverses est plus fort que la pente du versant en contrebas des bois (où affleure le Miocène), ce qui incite à penser que ces couches s'enfoncent sous ce Miocène du pied de ce versant. En dépit de ce fait le pendage vers l'est des bancs de conglomérats de ce dernier porte néanmoins à conclure que la limite bois - prairie y correspond à un contact tectonique qui y prolonge le chevauchement du Moucherotte (son tracé est en accord, à la localisation précise près, avec celui indiqué par la carte géologique).

Pourtant ce contact n'est plus observable au delà, notamment en rive gauche du Furon. Seul dans ce secteur un affleurement récemment mis à nu pour y emplacer l'arrivée supérieure d'un petit téléski a bien mis à nu un contact entre Miocène et Sénonien mais la géométrie qu'il révèle ne correspond pas à une superposition de l'un sur l'autre.


L'arrivée du téléski du pied du Bois Sigu, 300 m au sud du village des Jallieux, vue du NW (perpendiculairement au versant du Bois Sigu.
Les conglomérats miocènes en lits horizontaux et les calcaires sénoniens à faible pendage vers le NW sont en contact bout à bout, de part et d'autre d'une faille à fort pendage vers le sud.
La surface de cassure de cette faille de l'Avocat" (f.Av) est orientée vers le NE, à peu près en direction de la butte boisée du Rocher de l'Avocat. Son tracé est donc oblique par rapport au versant boisé sénonien dont le pied correspond à la limite cartographique avec le miocène des prairies : on voit que cette dernière est décalée dans le sens dextre.
Les ébauches de crochons de sa lèvre droite peuvent inciter toutefois à l'interpréter comme une faille inverse à vergence nord-ouest et à fort pendage. En tous cas sa présence et ses caractéristiques ne s'accordent pas avec le chevauchement supposé indiqué en tirets sur la carte géologique.


Au delà sur cette rive du torrent l'on n'observe plus aucune trace de conglomérats miocènes au pied des reliefs du Bois Sigu, lesquels restent formés par du Sénonien très doucement penté vers le NW. Ceci reste vrai jusqu'au village du Peuil, où le fond du val laisse des bancs sénoniens horizontaux émerger des alluvions : Il n'y a donc aucune raison de croire qu'il passe là, conformément au tracé de la carte, une cassure prolongeant le chevauchement (voir aussi plus loin, partie E.).

C / Au SE du hameau du Furon, en rive droite du cours amont du torrent du Furon s'étend le secteur des pentes occidentales du Pic Saint-Michel, dont l'extrémité septentrionale est constituée par le plateau de La Sierre qui est colonisé en "stade de neige" de Lans. Ce plateau correspond à un endroit où la dalle d'Urgonien supérieur qui forme l'essentiel de ce versant est garnie par une large flaque de Lumachelle qui y affleure avec un pendage d'environ 20°W. Il se termine vers le nord par un large vallonnement boisé (Les Vignes) qui masque ses rapports avec le rebord sud du Plateau des Ramées et avec la petite crête de La Croix des Ramées qui le borde du côté ouest (voir cliché ci-dessous).

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Le versant sud-occidental de la Croix des Ramées
, vu depuis le "Stade de Neige" de la Sierre.
f.Rr = faille de Roche Rousse ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; a.M = flexure anticlinale occidentale du Moucherotte (au sud de la Croix des Ramées son axe plonge vers le sud et se tord vers l'ouest pour aboutir au rebord du parking de La Sierre) ; f.Ti = faille de La Tinette ; ØV = chevauchement des Virets.
"Alb" = Albien-Cénomanien (grès verts)

En fait dès le niveau du sentier qui mène depuis Les Jeux au Pas de la Tinette on ne voit plus trace du chevauchement des Ramées. Mais aux approches de ce dernier endroit on voit encore le changement de sens des pendages qui indique la charnière anticlinale et l'orientation N25 de son axe. Quant au flanc oriental de ce pli il y est rompu par une cassure extensive, la faille de La Tinette, qui est orientée sensiblement N-S. Son rejet vertical s'amortit vers le nord, en haut des pentes des Ramées, ce qui la transforme en une ondulation synclinale bien observable dans l'abrupt septentrional de l'éperon coté 1612 (voir plus haut en partie A).

Au sud de La Tinette la voûte urgonienne de l'anticlinal semble presque s'effacer dans l'échine boisée des Vignes qui mène au bord septentrional du plateau de La Sierre. Quoi qu'il en soit son flanc oriental s'infléchit vers le SE selon une bande large d'environ 1 km, orientée NE-SW (c'est-à-dire fortement en biais par rapport au plis et à la faille), qui abaisse de plus de 200 m (entre Les Ramées et La Sierre) la surface basale des placages de Lumachelle qui garnissent la dalle urgonienne. On peut désigner cet accident très diffus comme la flexure transverse des Ramées (c'est là d'ailleurs l'unique déformation quelque peu notable que l'on distingue dans la falaise urgonienne de la crête de la montagne lorsqu'on la regarde depuis la plaine grenobloise (voir la page "Col de l'Arc").

Il apparaît néanmoins que cet accident doit tordre la faille de La Tinette (en infléchissant son azimut depuis N-S jusqu'à N50) et faire ainsi que son tracé contourne le rebord occidental de la dalle urgonienne du Plateau de la Sierre. En effet à l'extrémité occidentale de ce dernier on observe un accident, la faille de La Sierre, qui est le seul à présenter les caractéristiques similaires d'azimut N-S et de rejet d'abaissement de la lèvre orientale.

Cette faille de la Sierre est traversée par la route menant à la Sierre dans la montée boisée terminale avant son débouché sommital, c'est-à-dire environ 500 au nord de son tournant le plus méridional où elle quitte le fond de vallon du Furon (Combe Claire).
Elle s'y manifeste par un brutal changement de nature et de pendage des couches : les dalles verticales de Lumachelle qui affleurent sur le chemin menant aux Allières y passent, vers le nord et du côté est, à des couches urgoniennes faiblement pentées vers l'ouest et garnies de Lumachelle qui sont celles du parking.
Ce changement de pendage indique qu'il se produit là en même temps un basculement anticlinal de ces dernières. Cette cassure N-S, à pendage également proche de la verticale et lèvre orientale abaissée, rompt donc la charnière d'un pli qui représente à l'évidence le prolongement amenuisé de la flexure anticlinale occidentale du Moucherotte.

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Le versant occidental du chaînon du Moucherotte,
à l'est de Lans (son chef-lieu est hors du camp, à gauche), vu d'ouest en est. vue pseudo aérienne d'après une image extraite de "google-earth".
s.S = charnière synclinale des Suifs (bord oriental du synclinal de Villard-de-Lans) ; ; ØM = chevauchement du Moucherotte ; a.M = anticlinal du Moucherotte ; ØR = chevauchement de la Croix des Ramées ; f.Si = faille de La Sierre (et de la Tinette) ; s.R = flexure transverse synforme des Ramées, (tordant a.M) ; a.bS = flexure transverse antiforme du Bois Sigu (tordant s.S) ; f.A = faille de L'Avocat.
"Sé.i" = Sénonien inférieur à Albien inclus.

Entre la Tinette et la Sierre le tracé de cette faille décrit donc une sinuosité cartographiquement sigmoïde (en S inversé, si l'on regarde du sud) qui est l'effet de cette flexure transverse des Ramées. On peut souligner en outre que cette dernière affecte toutes les surfaces stratigraphiques des deux flancs de l'anticlinal (voir la carte schématique ci-dessus). Elle s'avère avoir un jeu dextre et correspondre ainsi à un décrochement (mais celui-ci, au lieu de s'exprimer par une cassure franche et continue, le fait par une torsion azimutale qui affecte le chaînon du Moucherotte sur toute sa largeur (anticlinal du Moucherotte et synclinal des Suifs compris).

Cette incurvation de ce tracé de la faille se moule, en quelque sorte, sur celles des couches ; ce qui s'exprime comme suit :
- Dans sa portion septentrionale le tracé de la faille Tinette - Sierre se moule presque parfaitement sur celui décrit par la limite Urgonien / Sénonien du flanc oriental du synclinal des Suifs aux environs du hameau du Furon (où les couches s'orientent aux alentours de N 50 (voire N70).
- De même sa portion méridionale, où la flexure anticlinale de Bois Sigu que subit la barre des calcaires sénoniens supérieurs de Serre Sigu et l'axe même du synclinal des Suifs s'écarte en sens horaire de l'azimut N-S qu'ils gardent ensuite tout du long de la Crête des Suifs.

On peut remarquer que l'orientation NE-SW et le rejet dextre de ce décrochement s'additionnent pour rattacher cet accident à la famille des décrochements du massif de la Chartreuse. Mais l'abaissement de sa lèvre sud-orientale peut paraître surprenante car, avec un tel rejet et des couches dans l'ensemble pentées toutes vers le sud-ouest, un coulissement horizontal devrait produire un surhaussement de cette lèvre. Toutefois le rejet observé se comprend sans difficulté si le coulissement se fait avec une inclinaison suffisante vers l'ouest. Cette remarque a pour conséquence de mettre en évidence le fait que ce mouvement décrochant est antérieur au basculement vers l'ouest de la surface du socle de Belledonne.

Enfin, concernant la localisation de ce décrochement, on constate :
1 - que la prolongation de son tracé du côté oriental le conduit à passer à l'extrémité septentrionale des Rochers de Comboire (ce qui le fait d'ailleurs converger avec celui de Bruziers à l'emplacement de l'ancienne cité de Grenoble).
2 - que l'on peut éliminer par contre toute relation avec l'accident de Malivers qui coupe tectoniquement ces rochers à leur extrémité méridionale et ne se manifeste d'aucune façon au niveau de la dalle urgonienne sommitale.
3 - que du côté occidental du chaînon c'est le jeu de ce décrochement qui est, à l'évidence, responsable de l'avancée vers le SW, au delà de Lans, des reliefs bordiers orientaux du Val de Lans (précédemment interprétés comme le front avancé du chevauchement du Moucherotte).

D / Au sud de Lans et de La Sierre, dans le secteur où le Furon prend sa source (entre le Pic Saint-Michel et le Val de Lans) les complications du secteur plus septentrional laissent place à une organisation mieux réglée, où toutes les lignes structurales sont orientées pratiquement N-S.

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L'enfilade des crêtes de la "Grande Roche Saint-Michel" vue du nord vers le sud, depuis les abords sud du Moucherotte (Les Ramées).
Bel exemple de "crèt", à "regard" vers la gauche et à "revers" vers la droite.
Le sommet du Grand Cheval est un point culminant intermédiaire, moins individualisé, dont le nom (racine "caval") correspond certainement à un grand ravin : il s'agit peut-être du sillon des couches à Orbitolines ("c.O") qui souligne le pendage, conforme à la pente topographique du versant ouest.
Le sillon subalpin, creusé dans les terrains sous-jacents à l'Urgonien est masqué sous la mer de nuages (qui atteignait ce jour là une altitude comparable à celle du sommet du glacier du Drac à l'époque würmienne).

Ce dispositif structural débute, côté est, par la dalle structurale urgonienne du Grand Cheval qui correspond la voûte plate de l'anticlinal coffré du Moucherotte, toujours basculée d'environ 30° vers l'ouest mais se développant là sur une plus grande largeur qu'au Moucherotte avant d'être tranchée par le Rebord Subalpin. Elle se termine coté ouest par un escarpement boisé qui la sépare de la Combe Claire, vallon simplement ouvert dans les couches du Sénonien inférieur marneux, à fort pendage ouest, du flanc oriental de la flexure synclinale des Suifs (voir la coupe ci-après).

Coupe au sud de Claix, selon le cours aval (gorges) du Torrent de la Pissarde.
Le tassement du Peuil masque, à mi-pente du versant, la structuration éventuelle du Crétacé inférieur (que rien toutefois ne suggère). On a indiqué l'interprétation (non privilégiée) selon laquelle le chevauchement de de Saint-Ange reviendrait au jour du côté ouest, à la faille des Blancs (à la faveur d'un prolongement hypothètique de la faille de l'Arc).
a.M = anticlinal du Moucherotte ; s.S = synclinal du Bois des Suifs (bordure orientale du synclinal de Villard-de-Lans).
f.B = faille des Blancs ; f.Si = faille de la Sierre ; ØSA = chevauchement de Saint-Ange.


Au rebord supérieur de cet escarpement on observe (comme plus au nord à la latitude de La Sierre) le passage de la faille de La Sierre. Le tracé exact de cet accident (ignoré par la carte géologique) est suivi en grande partie par le sentier de Combe Oursière, qui conduit au Pic Saint-Michel.

Il y détermine un étroit sillon correspondant à un alignement d'affleurements de Lumachelle qui sont plaqués à l'est sur le pied de la pente qui descend de la crête du Grand Cheval et dominés à l'ouest par une petite échine urgonienne correspondant à la lèvre surélevée de la cassure. Le contact avec la lèvre occidentale (surélevée de quelques dizaines mètres seulement) plonge vers l'intérieur de la montagne de façon sensiblement orthogonale aux couches abaissées de la lèvre orientale.
Ces couches hébergent en outre (notamment aux abords du point 1646 de la Baume des Allières) des passées conglomératiques à galets décimétriques et s'y montrent en repos discordant sur le niveau des couches à Orbitolines. (moins pentées) qui s'èlève là vers la crête du Pic Saint-Michel).

image sensible au survol et au clic

Détail du versant sud-ouest du Pic Saint-Michel
vu du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb du village de la Conversaria.
f.S = faille de la Sierre ; f.aC = faille de l'antécime (sans doute synsédimentaire : voirà la page "col de l'Arc" la photo des abrupts sud-orientaux) ; f.nA = faille nord du Col de l'Arc ; f.A = faille du Col de l'Arc (voir la page "Col de l'Arc") ; ØCr = chevauchement des Crocs ; f.Fn = faille nord de Font Froide : à droite de la limite du cliché son tracé est interrompu par celui du chevauchement des Crocs (sous lequel passe cette faille : voir la page "Col de l'Arc").
L = calcaires spathiques plaquetés de la Lumachelle ; Us = masse urgonienne supérieure" ; c.O = niveau des "couches à Orbitolines" ici avec lits de conglomérats calcaires à huîtres, pectens et gastéropodes ; Ui = masse urgonienne inférieure ; Ub = Urgonien basal.

Ces caractéristiques amènent à considérer cet accident comme une paléocassure extensive d'âge aptien qui a évidemment été affectée ultérieurement par le basculement général vers l'ouest. Son tracé méridional ultime, sur le versant du col de l'Arc, permet de la voir en coupe et confirme son âge relativement ancien en montrant clairement qu'elle est coupée par les autres surfaces tectoniques, plus proches de l'horizontale, qui traversent ce versant.

On ne peut pas exclure qu'elle ait été reprise en jouant le rôle de "racine" pour le chevauchement de la Croix des Ramées. Mais plus au nord, à La Tinette, elle ne semble donc pas y être tordue par un rebroussement vers l'ouest qui l'y raccorderait à ce dernier. Au contraire son tracé se termine vers le haut, apparemment par amortissement, après avoir recoupé ce chevauchement de la Croix des Ramées. De plus son sens de rejet connu plus au sud (lèvre orientale abaissée) va aussi plutot à l'encontre de cette hypothèse.

L'escarpement urgonien des pentes orientales de la Combe Claire doit sa raideur à ce que les couches y sont tordues jusqu'à la verticale par la flexure anticlinale en genou occidentale de l'anticlinal du Moucherotte : c'est ce que montre, à flanc de cet escarpement, l'entaille de la nouvelle route qui va du stade de neige de Lans au Chalet des Allières (elle y coupe les couches de Lumachelle plaquées verticalement contre l'Urgonien).

image sensible au survol et au clic

Vue globale de la bordure orientale du val de Lans, à l'est et au sud-est de cette localité.
ØM = chevauchement du Moucherotte ; ØR = chevauchement des Ramées ; s.R = synclinal (transverse) des Ramées ; f.Si = faille de La Sierre ; a.M = anticlinal du Moucherotte ; s.S = synclinal des Suifs (= flexure synclinale orientale du synclinal de Villard-de-Lans) ; f.A = faille de l'Arc (sa surface plonge vers l'arrière gauche) ; f.Cl = faille des Clots ; f.B = faille des Blancs.
"Mio" = conglomérats miocènes (un seul affleurement, au bord inférieur central du cliché).


E / Au sud du talweg du Furon, au SE du village des Jailleux, le contour séparant le Sénonien supérieur du Miocène est masqué par les alluvions. Mais il est interprété sur la carte comme représentant le chevauchement du Moucherotte (ayant implicitement subi la même torsion que les couches sénoniennes du synclinal des Suifs). Or le Sénonien du flanc inférieur du synclinal des Suifs, qui forme le relief du Bois Sigu, affleure avec un pendage conforme à la pente occidentale de cette échine et semble bien s'enfoncer là sous le dernier affleurements de conglomérats miocènes visible de cette latitude. Cette observation reste un peu ambiguë car au seul endroit où on puisse l'observer le contact entre les deux est affecté par une faille de l'Avocat. Or il n'est guère possible de voir dans cet accident un chevauchement dont la géométrie est assez clairement celle d'un petit décrochement dextre (voir plus haut le cliché du début de la partie B/) : il s'agit bien plutôt d'une cassure secondaire appartenant à la bande de décrochement des Ramées.

Au delà de Lans, jusqu'aux abords du village du Peuil, on n'observe plus aucune trace de conglomérats miocènes émergeant des alluvions, ce qui exprime sans doute le simple fait que leur base stratigraphique, subhorizontale, y a été dénudée par l'érosion.

image sensible au survol et au clic

La marge orientale du val de Lans, au sud de Lans, vue des environs de Bouilly (2 km au SW de Lans).
Le regard est orienté perpendiculairement aux lignes structurales, et notamment au tracé du vallon de Machiret qui est caché par la partie méridionale de l'échine des Rochers des Blancs.
f.B = faille des Blancs ; ØCr = chevauchement des Crocs : f.Cl = faille des Clots (cachée, dans le vallon de Machiret) ; d.C = surface de discordance stratigraphique (renversée) du Cornafion.


Plus au sud, à partir du village du Peuil le fond plat du Val de Lans est limité les reliefs boisés de La Grande Côte, que bordent des escarpements rocheux N-S à l'est des Françons et des Girards. Ils sont formés de calcaires sénoniens dont les pendages sont presque horizontaux et appartiennent encore au fond plat de ce synclinal, simplement rehaussé par une cassure, la faille des Blancs, qui atteint un rejet vertical de près de 400 m à la latitude de ce dernier village.

Cette dénivellation est interprétée par l'auteur de la carte géologique comme le passage d'un chevauchement qui suivrait la rupture de pente du pied de ce versant et y serait le prolongement ultime de celui du Moucherotte.
Mais cette interprétation n'est étayée par aucune observation et se heurte en particulier à l'absence de tout affleurement miocène susceptible de prolonger en direction du village du Peuil le soubassement observable plus au NE (et même au manque d'espace pour qu'il en existe sous la couverture quaternaire).
On n'y observe également aucune ébauche de crochon sur l'une ni sur l'autre de ses lèvres, ce qui paraît étonnant pour le bord d'attaque frontal d'un chevauchement.
Enfin elle paraît contredite par le tracé tout-à-fait rectiligne (sans V topographique), de cet accident, ce qui indique plutot une cassure à pendage très redressé. A cet égard il est plus aisé et plus satisfaisant d'y voir une branche du prolongement septentrional de la faille des Clots qui ferme le Val de Lans vers sud (voir les pages "Villard-de-Lans"et "La Fauge").

En outre il n'existe aucune coupe naturelle transversale qui permette de déterminer la nature de l'accident qui cause ces escarpements. Leur pied est d'ailleurs largement caché sous un garnissage d'alluvions glaciaires, depuis Le Peuil en passant par Les Blancs et Les Girards jusqu'au village des Nobles. C'est d'ailleurs le premier point où réapparaissent brièvement des conglomérats miocènes avant de rejoindre le tracé de la faille des Clots qui rehausse de nouveau les calcaires sénoniens du bord oriental du val de Lans.

Au total l'analyse de la transversale de Lans du chaînon du Moucherotte jette un fort doute sur l'existence d'un front de charriage dessinant un lobe s'avançant dans le Val de Lans, tel qu'il a été imaginé par J.DEBELMAS et représenté sur la carte géologique en 1965.

En fait ce dessin cartographique apparaît comme le résultat d'un décrochement des Ramées, dextre et orienté NE-SW, qui a affecté tout ce chaînon de part en part. Bien que doté d'un rejet kilométrique, il ne s'exprime touterfois que par la torsion des couches, sans aller jusqu'à les rompre par une grande faille (voir les remarques complémentaires ci-après).

Enfin ces accidents coexistent (mais d'une façon mal déterminée) avec une paléofaille de la Sierre, orientée N-S, qui a fonctionné en distension à l'Aptien, par abaissement de sa lèvre orientale. Mais elle ne semble aucunement avoir été reprise dans les déformation plus récentes.

> Remarques complémentaires, explicitant mieux certains aspects structuraux qui peuvent préter à controverse du fait de leur caractère plus ou moins conjectural :

A/ Le chevauchement du Moucherotte, reconnu et nommé ainsi plus au nord, se partage ici en deux accidents divergents : à l’est, le chevauchement de la Croix des Ramées et à l’ouest, la branche "princpale", qui rejoint le talweg du Furon aux abords sud des Jallieux :

- Le chevauchement des Ramées s’amortit vers le sud, avant d’atteindre La Sierre, au niveau de la bande de décrochement dextre des Ramées, qui coupe tout le chaînon en abaissant sa lèvre sud. On n'en trouve plus trace au delà où l'on peut se demander s'il ne prolonge pas la faille sub-verticale de La Sierre apparemment plus ancienne qui aurait été reprise par cisaillement tangentiel.
- Le chevauchement occidental sectionne le rebord oriental du synclinal de Villard de Lans en s'abaissant vers le sud. Il coupe ainsi la charnière affectant les bancs sénoniens de la flexure synclinale des Suifs (dont l'axe se tord là pour s'orienter vers le nord-est en plongeant dans cette direction). Ceci le fait aboutir aux abords sud du hameau des Jailleux où se trouve le dernier affleurement connu des conglomérats miocènes.

Au delà de ce point il n'y a pas d'argument (et au contraire des objections) pour admettre qu'il se prolonge vers l’ouest, comme l'indique la carte géologique et il semble donc que son rejet horizontal doit s'y amortir. Or ceci se produit aussi là ou il aborde la bande de décrochement dextre des Ramées : on peut sans doute comprendre cet amortissement en prenant en considération le fait que le jeu coulissant de ce décrochement est l'équivalent, en sens et sans doute en amplitude, des jeux chevauchants des Ramées et du Moucherotte qui affectent la partie plus septentrionale du chaînon.

La conclusion principale en est que le jeu de cette branche occidentale du chevauchement n’a pas de rapport avec la formation des plis (puisqu'il les recoupe en biais). Autrement dit l'enchainement anticlinal du Moucherotte - synclinal des Suifs est antérieur à son sectionnement par le chevauchement (ceci est d'ailleurs cohérent avec l'interprétation des ces rapports donnée à la latitude du Moucherotte et de Saint-Nizier).

D'autre part le pendage vers l'ouest de la surface de chevauchement (et non vers l'est comme le voudrait l'hypothèse d'un raccord en rampe sous la crête du chaînon) n'incite pas à voir en elle la réapparition du chevauchement de Saint-Ange.

B/ La flexure bordière orientale du synclinal coffré de Villard-de-Lans est un accident dont l'observation ne se réalise que de manière fragmentaire. La cause en est attribuée ici au fait qu'elle a subi des torsions et des sectionnements occasionnés par une tectonique de couverture cisaillante qui semble s'être superposée à un premier plissement, générateur quant à lui de plis coffrés de style jurassien.

1) Le dispositif observable à l'est de Lans se caractérise par le fait que le chevauchement du Moucherotte y tranche presque horizontalement les couches du Sénonien de cette flexure bordière à un niveau inférieur à sa charnière. Or c'est par une géométrie très similaire que, au nord de Saint-Nizier, son équivalent constitué la flexure synclinale des Vouillants est tranché par la faille sud de Pariset (qui se détache vers le nord du décrochement des Bruziers), sauf que le niveau relatif auquel cela se passe est plus élevé.

Cela signifie d'abord que ce pli existait avant que se produise ce chevauchement et que ce dernier n'a donc aucun rapport avec la formation de ce pli : cela permet de mieux comprendre le paradoxe apparent qui fait que ce chevauchement n'ait pas plutôt créé un crochon anticlinal à son front.

2) La zone séparant leurs deux secteurs d'affleurement correspond à un passage "en tunnel" de 6 km de long sous la surface du chevauchement entre Saint-Nizier et La Croix des Ramées. Or si l'on considère leurs caractéristiques de dessin et leurs azimuts axiaux on constate que ces deux importantes flexures synclinales, qui affectent l'une comme l'autre le Sénonien supérieur à des latitudes différentes, se placent cartographiquement, à l'heure actuelle, presque dans leur prolongement mutuel, à ceci près que leurs axes y sont décalés dans le sens dextre de 2 à 3 km.
Ce rejet paraît déjà partiellement attribuable au jeu du décrochement des Bruziers. A cela il faut ajouter que ce déplacement dextre s'accompagne à la latitude de Lans d'une torsion transitoire, en sens horaire (donc dextre également) qui est de l'ordre de 50°.
Le décalage, qui affecte cette structure du soubassement du chevauchement doit donc être distingué de celui du chevauchement par rapport à ce soubassement. Cela explique sans doute pourquoi cette flèche du chevauchement du Moucherotte s'avère être finalement assez faible : moins de 1000 m si l'on en croit ce que montrent les escarpements inférieurs des Trois Pucelles (voir la page "Moucherotte").

 

  On trouvera, en page "Vercors NE", un exposé d'ensemble sur le chaînon du Moucherotte.



Carte géologique très simplifiée du Vercors à la latitude de Grenoble
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif


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