La Plagne |
La station de la Plagne a été implantée dans les hauts vallons tributaires du torrent de l'Arc, lequel se jette dans l'Isère aux abords de Mâcot et se ramifie vers le haut en une patte d'oie dans les alpages en pente douce dominant les pentes boisées plus raides. Ce changement de paysage correspond à un changement de nature des roches par rapport à celles prédominant plus à l'est (voir la page "Montchavin").
d'après une image extraite de "google-earth" Les montagnes de rive gauche de l'Isère entre Peisey et La Plagne, vue d'ensemble, du nord (selon un point de vue plongeant, de type aéronautique). n.SL = nappe des schistes lustrés (klippe du Mont Jovet) ; n.G = "nappe des gypses" ; a.Vor = anticlinal bordier occidental de la Vanoise nord-orientale (= "anticlinal de la Pontille" à Champagny) ; tQ = quartzites triasiques de la base de la couverture mésozoïque de la zone houillère. En rouge la faille orientale de la cicatrice de Chavière - Champagny et le chevauchement de la Vanoise orientale. |
En effet aux alentours de l'agglomération principale (La Plagne, 1975 m) on voit de façon très claire que les terrains les plus élevés du soubassement siliceux de la zone houillère briançonnaise (quartzites werféniens) sont absents ici car sectionnés par une surface peu inclinée vers l'ouest. Au dessus affleurent ici des cargneules et des gypses, épais de plus de 500 m, que l'on rapporte à la nappe des gypses au même titre que ceux qui affleurent plus au sud, dans la même situation, à la Dent du Villard ou au Petit Mont Blanc.
Dans les pentes occidentales de la station (Roc du Bécoin) ces gypses s'engagent latéralement entre leur soubassement tectonique briançonnais et la klippe des schistes lustrés du Jovet, qui les recouvre plus à l'ouest dans tout le massif du Mont Jovet ; de ce fait ils semblent constituer un coussinet tectonique sur lequel se seraient avancés ces schistes lustrés, d'origine évidemment très exotique.
Le matériel gypseux se développe ici largement et forme même la crête de la grande Rochette et de la Grande Forcle, qui domine la station principale. Il confère à ces pentes un relief très accidenté dans le détail, fait de ravines et criblé d'entonnoirs de dissolution.
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Dans le versant sud de la crête de la Grande Rochette ces gypses hébergent en outre des cargneules qui ont la particularité de percer verticalement la masse gypseuse (dont elles ont été dégagées par l'érosion sous l'aspect de monolites dressés).
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. Le revers des crêtes dominant La Plagne (= extrémité orientale du chaînon du Mont Jovet), vu de l'est, depuis la Roche de la Tome (abords méridionaux de la Pointe de Mio). c.Ch = faille principale, orientale, de la cicatrice de Champagny (tracé masqué) ; a.Ar = anticlinal des Arpettes (l'échine 2349 en représente seulement le flanc oriental, sub-vertical) ; s.Bl = synclinal des Blanchets : la bande de cargneules de la Rossa (sur laquelle est installée la remontée mécanique) en occupe le cœur. Ces plis d'ampleur hectométrique, d'axe presque N-S, affectent la retombée occidentale du bloc de socle de la Vanoise nord-orientale. Bien que d'importance mineure, ils se suivent en marge orientale de la cicatrice de Champagny, parallèlement à cette dernière, sur une dizaine de kilomètres, jusqu'à l'extrémité septentrionale de la Montagne des Arpettes (voir la page "Montchavin") |
Du côté oriental la station de ski de La Plagne communique, dans le secteur des Arpettes, avec le haut des pistes de celle de Montchavin (secteur du Carroley : voir la page "Montchavin"). Les gypses, ici enlevés par l'érosion y cèdent la place à leur semelle de cargneules, particulièrement épaisse comme dans le revers sud de la Grande Rochette (voir cliché précédent).
Du point de vue tectonique ce secteur correspond au passage d'un important accident, la cicatrice de Champagny, qui représente la frontière entre la Vanoise nord-occidentale et la Vanoise nord-orientale. Au sud de la Belle Plagne, au col de la Grande Forcle, il fait se juxtaposer, de part et d'autre d'une cassure verticale, les gypses de la crête de la Grande Forcle, à l'ouest, et les quartzites du Roc du Diable, à l'est ; plus au nord il traverse les alpages de l'Arpette à flanc, en délimitant de la même manière les cargneules de La Plagne par rapport aux terrains permo-werféniens de la crête du Carroley, qui appartiennent à la Vanoise nord-orientale.
On trouvera des développement complémentaires sur la cicatrice de Champagny aux pages "Montchavin" et "Champagny".
Dans la partie supérieure (orientale) des alpages de l'Arpette ces terrains décrivent deux replis mineurs, connus également sur le versant de Champagny, le synclinal du lac des Blanchets et l'anticlinal des Arpettes. Leurs axes, N-S, sont parallèles au tracé de la cicatrice de Champagny ; ils traduisent apparemment un froncement, en bordure de cette cicatrice, du flanc ouest du vaste anticlinal bordier occidental de la Vanoise nord-orientale (voir la page "Champagny"). |
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074 |
(Villette) | ||