Tectonique de la Chartreuse :

Chartreuse orientale : les failles


Les décrochements sont particulièrement visibles en ce qui concerne la partie de leur tracé qui traverse les couches urgoniennes du grand synclinal chartreux oriental. Dans la partie ouest de la Chartreuse orientale, par contre, la prédominance des terrains marneux, souvent couverts, et l'absence de repères lithologiques suffisants empêchent souvent de les suivre avec précision. Leur orientation, N50 à N60°E, est plus méridienne qu'en Chartreuse médiane et occidentale.

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Le massif de la Chartreuse vu du SW, depuis un avion de ligne

Le chaînon de la Chartreuse orientale (Granier - Dent de Crolles) est traversé par les trois principaux décrochements, qui sont du nord au sud :
d.A = décrochement de l'Alpette ; d.cA = décrochement du col de l'Alpe ; d.B = décrochement de Bellefond.
Ces accidents semblent converger vers l'arrière-plan mais ce n'est qu'un effet de perspective, seul dcA est en effet vu à peu près dans son enfilade.
Vers l'avant (c'est-à-dire vers le sud-ouest) ces grands accidents s'amortissent progressivement. Cela se fait par un partage de leur rejet entre plusieurs failles secondaires, de plus en plus nombreuses et de plus en plus modestes. Seules ont donc pas été représentées les principales :
dpD = décrochement du Pas Dinay ; dBo = décrochement de Bovinant ; dO = décrochement de l'Oursière.


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Rapports des décrochements de la Chartreuse orientale avec les plis et le socle cristallin de Belledonne (schéma perspectif sur l'exemple du décrochement de Bellefond).
Le schéma en cartouche montre que le rejet vertical occasionné par les décrochements est variable selon l'endroit considéré du pli : il est notamment très faible dans le rebord subalpin, en raison de l'inclinaison vers l'ouest, parallèle aux couches, du vecteur déplacement.
Pour plus de commentaires (notamment concernant les flèches) voir la page "plis"


Le rejet horizontal se concentre ici sur trois fractures majeures, qui sont, du N au S (voir la carte structurale):

- Le décrochement de l'Alpette, qui se connecte, du côté ouest, par la Fracette, avec celui de la Ruchère (en Chartreuse médiane) ;

- Le décrochement du Col de l'Alpe, qui s'aligne, du côté ouest, dans le prolongement de celui de Roche May. Il se raccorde aussi, indirectement, à celui de l'Oursière, par l'intermédiaire de l'accident, plus méridien, de la Diat ;

- Le décrochement du col de Bellefond, qui se poursuit vers le SW, par le Roc d'Arguille, puis dans le versant ouest de Chamechaude et jusque sur l'arête sud de la Pinéa. Il s'amortit progressivement vers le SW et ne correspond à aucune cassure en Chartreuse médiane ni occidentale.


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Le Granier (sommet sud) et Le Pinet, séparés par le décrochement de l'Alpette (d.A).
vus du nord-ouest depuis les pentes de la Cochette (Désert d'Entremont)
s.O = synclinal oriental ; a.P = anticlinal de Perquelin ; Ø3 = chevauchement de la Chartreuse orientale.

(voir aussi la vue d'enfilade depuis La Ruchère et la vue depuis le Grésivaudan)


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Le décrochement du col de l'Alpe, à sa traversée du synclinal oriental, au nord-est du cirque de Saint-Même, vu d'enfilade, d'avion en direction du nord-est.
Le décrochement (d.CA) traverse en biais l'axe du synclinal chartreux oriental (s.O) : la charnière de ce pli est bien visible, dans le compartiment nord, alors que l'on ne voit que son flanc oriental dans le compartiment méridional (de droite), où la charnière du pli est décalée vers l'avant, en deçà de la limite inférieure du cliché.
(Le secteur de Tracarta correspond à un arrachement des couches de l'Urgonien supérieur qui ont glissé, en se disloquant, sur les niveaux marneux des couches à Orbitolines)

 

Le décrochement du col de l'Alpe, au sud-ouest du cirque de Saint-Même


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Le plateau de l'Aup du Seuil
montrant la traversée du synclinal chartreux oriental (s.O) par les décrochements de Bellefond (d.B) et du col de l'Alpe (d.CA).
Vue prise du sud, dans l'axe du synclinal oriental, depuis le col de Bellefond

Failles antérieures au plissement :

1) Un certain nombre de failles de chevauchement ("failles inverses"), relativement mineures, s'avèrent avoir des pendages très variés, en fonction de leur emplacement vis-à-vis des plis qu'elles affectent, tout en coupant toujours les couches avec le même angle aigu, proche de 30°, conforme à la théorie (dans l'hypothèse de couches disposées horizontalement lors de la fracturation). En fait leur pendage varie exactement comme celui des couches, d'un flanc à l'autre de chaque pli : ceci se voit particulièrement en ce qui concerne les diverses failles qui affectent le Tithonique du rebord subalpin, du Saint-Eynard à la Bastille en passant par l'Écoutoux.
Certaines se montrent même tordues par la charnière du pli : tel est le cas du chevauchement de la Scia, qui est enroulé par l'anticlinal de Perquelin.
Il s'agit donc de failles relativement anciennes, qui témoignent d'une compression, accompagné d'un cisaillement à vergence ouest, qui s'est produit avant le plissement principal du massif.


Coupes des chaînons les plus méridionaux de la Chartreuse (du Saint-Eynard à la Bastille).
Ces trois coupes en série, décalées du sud (en bas) vers le nord (en haut) traversent, de gauche à droite, l'anticlinal de l'Écoutoux et le synclinal du Sappey.
Le Tithonique s'y montre affecté de trois failles inverses, d'ouest en est celle du Jalla, celle de l'Écoutoux et celle du Pas Guiguet). On voit qu'elles ont la même attitude vis-à-vis des couches mais changent de pendage parce qu'elles sont "enroulées" par les plis.


2) Il faut enfin signaler qu'il existe des failles extensives, sans doute antérieures au plissement pour la plupart car certaines sont datées de l'Aptien. Orientées de façon longitudinale par rapport à l'axe des plis, elles ont également été basculées, voire tordues par le plissement.

 

Les deux étapes qui ont abouti à la disposition actuelle des failles longitudinales du chaînon de la Dent de Crolles

a) Débitage de la dalle urgonienne, par une extension est-ouest, à l'Aptien (époque de dépôt de la Lumachelle)
b) Plissement, à axe N-S, qui bascule les surfaces de failles (et éventuellement les tord, comme c'est le cas pour la faille de la Gorgette).



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