Les Séolanes |
Le chaînon des Séolanes ferme la dépression de Barcelonnette en rive gauche de l'Ubaye et se poursuit vers le SE par la crête du col d'Allos. Il est jalonné par quatre grosses tours rocheuses qui se détachent sur son arête : du sud au nord la Grande Séolane, la Petite Séolane, l'Ailette et la Séolane des Besses. Au niveau des deux premières sa crête domine la rive droite de la vallée du Laverq, tandis que, plus au nord, elle en est séparée par la lourde échine du Pinet et par la courte vallée du Riou Bournin.
Du point de vue structural ces sommets appartiennent à la zone subbriançonnaise en tant qu'unité inférieure ; cette "unité des Séolanes" se prolonge en rive droite de l'Ubaye en y constituant le socle de la montagne de la Tête de Louis XVI.
La rive orientale du haut vallon du Laverq, vue du S-SW depuis crête orientale de la Tête de l'Estrop (cliché original obligeamment communiqué par M. A.Dufour). ØE = surface basale de charriage des nappes de l'Embrunais (base de l'écaille des Trois-Évéchés ; ØA = surface basale de la nappe de l'Autapie ; ØSa = surface basale du chevauchement de l'unité des Séolanes ; ØSb = surface de chevauchement de la Petite Séolane ; ØSc = surface de chevauchement de la Grande Séolane ; tirets blancs gras = imbrications secondaires (parautochtones). |
Ces sommets présentent le caractère spécifique commun d'avoir leurs abrupts sommitaux constitués d'une roche particulièrement massive et résistante, qui est un calcaire clair, récifal, d'âge jurassique supérieur. Le substratum stratigraphique de cette formation n'est présent nulle part dans le chaînon mais il est connu plus au nord dans le soubassement de la Tête de Louis XVI, où il forme le cœur du pli du Cap.
Sur cette dalle calcaire repose un niveau de grès à patine sombre, bien daté du Lutétien (Éocène moyen) par ses grandes Nummulites (parfois très abondantes), qui supporte enfin du flysch noir*.
La Grande Séolane a la même constitution que les autres sommets du chaînon, mais se distingue par contre très franchement par sa disposition tectonique, qui est plutôt paradoxale : en effet elle est constituée par une dalle presque plane, relativement peu pentée vers l'est, mais disposée à l'envers qui repose en chevauchement sur son socle (formé par le flysch de l'Autapie). Ce bloc rocheux étant isolé par l'érosion (c'est une typique klippe*) il est difficile de savoir pourquoi il est disposé de cette façon.
En fait cette situation se retrouve identiquement au Pain de Sucre, en rive opposée de la vallée du Bachelard, où l'on voit qu'elle résulte d'une torsion par un pli couché.
La grande Séolane, versant de Pra-Loup et de Barcelonnette, vu du nord-est d'avion |
Alors que la Grande Séolane est une klippe* bien caractérisée, posée en chapeau sur la nappe de l'Autapie, la disposition structurale des autres témoins de l'unité des Séolanes est plus complexe car elles sont plutôt pincées au cœur d'un repli synclinal affectant la nappe de l'Autapie (qui constitue toujours leur soubassement).
Coupe transversale à la crête de la Petite Séolane d'après Cl. Kerckhove, 1969. ØS = surface de chevauchement de l'unité des Séolanes ; f1 = faille orientale (prolongement méridional de l'accident de Méolans ?) ; f2 = faille NW-SE, longitudinale par rapport à au synclinal de l'Ailette. |
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Laverq |
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